Jusqu’à 50 millions de Chinois risquent de contracter le sida et le gouvernement doit travailler davantage avec la société civile pour enrayer la progression du virus, qui touche de plus en plus les homosexuels, a averti le patron de l’Onusida. La Chine compterait 740.000 personnes contaminées, a déclaré Michel Sidibé à l’AFP lors d’un entretien tard mardi, compilant des estimations de l’Onusida, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du ministère chinois de la Santé. « Ils ont aujourd’hui 30 à 50 millions de personnes à risque en Chine », prostituées, travailleurs migrants et homosexuels, a dit le directeur exécutif après la présentation du rapport annuel de l’agence spécialisée de l’ONU à Shanghai.
M. Sidibé a expliqué avoir en partie choisi la Chine pour le lancement du rapport 2009 afin de pousser Pékin à travailler davantage avec les ONG, qui opèrent souvent de manière totalement officieuse. « Je les pousse vers la société civile (..), ils n’ont pas les mécanismes pour enregistrer (les associations) et suivre ce qu’elles font », a-t-il déploré.
La transmission homosexuelle a fortement augmenté en Chine, représentant désormais 32% des nouveaux cas l’an dernier et, pour M. Sidibé, Pékin devrait faire des gestes vers la communauté homosexuelle, encore très ostracisée. « Quand on parle sida, on parle sexe, et on parle droits de l’homme », dit-il. « Comme la plupart des anciens pays communistes, vous avez une société civile » naissante, a souligné le responsable à propos de la Chine, qui a embrassé le capitalisme il y a 30 ans, tout en restant officiellement communiste.
Evoquant des « progrès majeurs », il a estimé que Pékin avait une approche plus ouverte vis-à-vis des victimes du sida. Les nouvelles contaminations sont de plus en plus dues à des rapports sexuels non protégés (72% l’an dernier), plus qu’à la consommation de drogue par intraveineuse.
Wan Yanhai, fondateur du Projet d’action du sida installé à Pékin, fervent défenseurs des victimes du sida, s’est félicité des appels de M. Sidibé au gouvernement chinois, estimant toutefois qu’il restait encore beaucoup à faire. « Ils sélectionnent les ONG qui défendent le gouvernement, pas celles qui défendent la vie des gens », a-t-il accusé.