A l’occasion de la journée mondiale du SIDA, le gouvernement chinois publie les chiffres alarmants de la maladie, et promet de prendre une série de mesures pour enrayer son expansion. Mais pour Pékin, c’est clair : la lutte contre le SIDA se fera sans la société civile.

Le chiffre est alarmant : 68 000 personnes seraient mortes du SIDA en Chine cette année.
C’est en tout cas l’estimation faite par le ministère de la Santé fin octobre, et elle dénote d’une forte augmentation : c’est 20 000 de plus que le chiffre publié à la même période l’année dernière.
En Chine, le SIDA est désormais un problème de santé publique majeur. Depuis le premier cas déclaré en 1985, le virus n’a cessé de se répandre, au point de devenir en 2009 la maladie infectieuse la plus mortelle du pays, devant la tuberculose et la rage.
Selon le communiqué du ministère, que s’est procuré le China Daily, un programme de recherche mené conjointement par le ministère de la santé, l’OMS et l’Onusida, a déterminé que près de 740 000 personnes ont été contaminées par le virus depuis les années 80.
C’est pourquoi le gouvernement a annoncé hier sa volonté de mettre en place une série de mesures pour lutter plus efficacement contre le virus.
Des tests gratuits pour les futures mamans, et une meilleure gestion des transferts sanguins font partie des promesses faites lundi par le Conseil d’Etat.
Selon Xinhua, ses membres ont estimé que la prévention et le contrôle du SIDA étaient vitaux pour la santé publique, le développement de l’économie et de la société, pour la prospérité chinoise et le futur du pays.
Lutter contre le SIDA, sans le peuple
Pourtant, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que pour le gouvernement, si la lutte contre le SIDA doit être menée, elle ne doit pas être prise en main par a société civile.

Le cas de Tianxi, ce jeune homme de 23 ans emprisonné en juillet dernier pour avoir porté atteinte à la « stabilité sociale », en est un exemple.
Originaire de la province du Henan, il avait été contaminé par une transfusion sanguine à l’age de neuf ans, et s’était ensuite joint à la lutte des victimes de la contamination de masse qui avait eu lieu dans la province dans les années 90.
Actuellement sous les barreaux depuis plusieurs mois, il pourrait y rester trois ans si la justice se conforme à la demande du procureur, rapporte le South China Morning Post.
Comme lui, d’autres militants avaient dû faire face aux autorités dans le cadre de leur combat. C’est la cas de Gao Yaojie, la « pasionaria du Sida », qui avait fini par s’exiler aux Etats-Unis à l’âge de 82 ans par crainte des représailles.
A première vue, pourtant, la situation semble globalement s’améliorer. 80 000 adultes chinois bénéficieraient actuellement d’un traitement, et en dépit du scandale du Henan, que les autorités continuent de tenter de couvrir, de plus en plus d’ONG ont vu le jour, qui participent à la prévention, la détection, la lutte contre les préjugés etc.
Mais sur le terrain, leur quotidien n’est pas toujours facile. Malgré des coopérations occasionnelles avec les autorités, ces associations restent pour l’instant officieuses, puisque le gouvernement, qui les tolère, ne leur donne pas les moyens de se constituer officiellement.
« Nous n’avons pas d’existence légale, et la conséquence la plus néfaste est que nous ne pouvons pas obtenir de fonds en provenance de Chine, explique Tang Wensi, de l’association Aids Care China, au site 163.com. Autre conséquence : les coopérations avec des hôpitaux ou des autorités locales sont difficiles et instables« .
« Ils sélectionnent les ONG qui défendent le gouvernement, pas celles qui défendent la vie des gens« , résumait en 2009 le militant Wan Yanhai, fondateur du Projet d’action du sida de Pékin, avant de choisir, en 2010, de fuir son pays devant les pressions de plus en plus fortes des autorités.
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« 68 000 personnes seraient mortes du SIDA en Chine cette année. »
« a déterminé que près de 74 000 personnes ont été contaminées par le virus depuis les années 80 »
N’y aurait-il pas un petit problème de chiffre là ?