Après le sauvetage de 115 personnes plus d’une semaine après une inondation dans une mine, la presse chinoise évoque le « miracle » de Wangjialing, une exception dans la région des mines mangeuses de main d’oeuvre.

A la télévision, les images de sauveteurs évacuant des mineurs, yeux bandés, allongés sur des civières, applaudissant malgré tout, passent en boucle sur fond de musique héroïque. Le « miracle » de Wangjialing fait également la une des quotidiens chinois. 115 mineurs ont été extirpés de cette mine plus d’une semaine après une inondation.
L’eau s’était propagée dans les tunnels de Wangjialing dimanche 28 mars, alors que 261 travaillaient en sous-sol dont 153 n’ont pu s’échapper à temps. Pendant une semaine, environ 3000 sauveteurs se sont relayés pour effectuer les recherches et pomper. Vendredi 2 avril en début d’après-midi, 120 heures après l’inondation, des sauveteurs ont entendu des bruits sur les tuyaux utilisés pour drainer l’eau hors des tunnels, signe qu’il y avait des survivants. Ils ont sauvé leurs vies en se nourrissant de ce qu’ils trouvaient, dont du papier, et en buvant l’eau boueuse. Certains avaient accroché leurs ceintures aux parois pour ne pas se noyer durant leur sommeil.
« C’est probablement l’un des plus incroyables sauvetages de l’histoire des mines où que ce soit », a déclaré à la presse chinoise David Feickert, consultant auprès du gouvernement chinois sur la sécurité des mines.
38 personnes resteraient encore sous terre selon les autorités. Certains médias estiment que le nombre pourrait en réalité être supérieur.
Les avertissements des mineurs ignorés
Le sous-sol de la province du Shanxi contient un tiers des réserves connues de charbon de la Chine, un combustible qui nourrit encore plus de 65% de ses besoins en énergie. Les accidents de mines sont fréquents, la plupart à l’issue plus dramatique que celui-ci, et sont souvent moins médiatisés. Malgré les efforts pour améliorer les conditions de sécurité, le sous-sol chinois est le plus meurtrier du monde et emporterait en moyenne la vie de 7 personnes chaque jour, la plupart du temps suite à une inondation ou à un coup de grisou. Les chiffres réels restent toutefois un mystère, notamment dans les mines dites « illégales » mais qui restent ouvertes sous la bienveillance d’officiels locaux.
Wangjialing pourtant appartient à une entreprise étatique et, étant l’un des projets phare de la ville de Linfen, a reçu l’approbation des autorités provinciales. Selon l’administration en charge de la sûreté au travail, ses gérants ont ignoré les avertissements de mineurs faisant état d’entrées d’eau avant que ne se produise l’inondation et leur ont ordonné de continuer le travail.
A Linfen, un temps détentrice du titre symbolique de ville la plus polluée de la planète, ces accidents sont courants. En septembre 2008, une coulée de boue y avait fait plus de 250 victimes. Au point que la commune a du mal à conserver son maire et à se trouver des officiels, fuyant à l’idée qu’ils pourraient servir de fusible politique au prochain drame.
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