La Ministre déléguée aux PME, à l’innovation et à l’économie numérique était à Hong Kong pour promouvoir l’attractivité de la France et expliquer les mesures du « Pacte pour la croissance, la compétitivité et l’emploi ». Mission quasi impossible dans l’ancienne colonie britannique, où libéralisme et faible pression fiscale règnent en maîtres.

« Je suis déçu ! J’étais venu ce matin en pensant entendre un discours nouveau de la part d’une personnalité très différente du reste du monde politique français, un peu en dehors du système traditionnel, diplômée d’une école de commerce très proche du secteur privé et dont les origines coréennes me laissaient penser qu’elle appliquerait le « dynamisme coréen », que nous constatons en Asie, pour réformer la France ! Malheureusement, j’ai entendu des propos dignes d’un homme politique français moyen d’une personne qui est passée par l’E.N.A., qui a été formatée autour de la pensée unique. Ce n’est pas vraiment du sang neuf… » constate David, investisseur français installé à Hong Kong, à l’issue du petit déjeuner organisé par la Chambre de Commerce Française le 7 mars.
Des propos reflétant les avis plus ou moins nuancés d’un auditoire, composé en grande majorité de chefs d’entreprises et cadres français, incrédule face à un discours ministériel destiné davantage à séduire un public d’investisseurs étrangers. « Lorsque vous décidez d’investir en Europe, la France devrait être le premier lieu auquel vous pensez. Mon objectif est de vous convaincre de notre détermination à accroître la compétitivité en France mais aussi de dissiper certaines idées reçues sur mon pays. La France n’est pas uniquement une belle destination touristique, c’est aussi l’un des meilleurs pays au monde pour développer des affaires » soutient Fleur Péllerin en préambule de son exposé.
« On m’a conseillé de ne pas embaucher trop de salariés »
Un exposé au cours duquel la Ministre déléguée détaille certaines des trente cinq mesures du « Pacte pour la croissance, la compétitivité et l’emploi » ainsi que les deux grands projets propres à son ministère (la création d’un quartier numérique à Paris et le lancement en janvier dernier de la Consultation Nationale de l’Entreprenariat) avant d’être confrontée aux questions des participants. Des questions le plus souvent sous la forme de comparaisons entre la facilité d’entreprendre à Hong Kong et les difficultés « françaises » ; fiscalité, charges sociales, contraintes administratives, 35 heures… ou de témoignages concrets.
Ainsi, Monsieur Wong, chef d’entreprise hongkongais fait part de ses difficultés en tant qu’investisseur et créateur d’entreprise en France : « J’ai eu une opportunité pour investir dans un vignoble en région Bordelaise. Il m’a fallu plus d’un mois en France pour créer ma société en raison notamment des procédures administratives. J’ai constaté que je devrais payer beaucoup de charges sociales et l’on m’a conseillé de ne pas embaucher trop de salariés… Existe –t-il des avantages pour les investisseurs étranger en termes de charges sociales ? ». Fleur Péllerin écoute, répond « il n’y a aucune différence entre les investisseurs français et étrangers en termes de charges sociales » et explique : « La fiscalité n’est pas la seule question que l’on se pose lorsque l’on choisit de créer sa société dans un pays. C’est un peu simpliste de penser que c’est le seul facteur de décision. Combien coûte la location d’un appartement, le système de santé, l’école des enfants ? Je suis complètement convaincue que le niveau d’imposition est très important et c’est pour cela que nous essayons de stabiliser les choses. La situation économique est difficile, nous n’en sommes pas responsables. Nous essayons de gérer au mieux les finances publiques tout en créant le meilleur environnement économique possible et en valorisant l’esprit d’entreprise ».
Les ambassadeurs de la France qui gagne
L’esprit d’entreprise, un thème qu’elle reprendra à la fin d’une journée marathon, lors de sa rencontre avec la communauté française à la Résidence de France. « J’ai à cœur de mettre en avant davantage les entrepreneurs dans la société. Il faut créer un esprit d’entreprise dans l’éducation, changer la culture, communiquer sur le succès des entrepreneurs en France. Nous sommes loin de considérer que les motivations qui vous font projeter à l’international son uniquement fiscales, ce n’est pas du tout mon opinion. Je pense au contraire que vous pouvez être les meilleurs ambassadeurs de cette France qui gagne, qui va de l’avant, qui n’est pas grincheuse et je sais aussi pouvoir compter sur vous pour relayer les messages positifs, faire en sorte que notre pays soit « the place to be in Europe » déclare –t-elle devant un public visiblement séduit par le discours et l’accessibilité de « l’atout cœur » du gouvernement Ayrault. Séduit mais loin d’être convaincu.
« Elle est fort sympathique, très instruite mais il lui manque l’expérience de terrain. Avant d’attirer les investisseurs internationaux, il serait nécessaire de régler les problèmes des PME françaises qui croulent sous les contraintes administratives et sont prises en otage par les banques » indique Pierre, qui a quitté la France il y a deux ans pour créer avec son épouse une entreprise de services à Hong Kong.
« Son discours est bien passé mais lorsqu’on le rapproche des propos de certains de ses collègues du gouvernement qui sont ouvertement anti-entrepreneurs ou de celui de son grand patron qui avait déclaré ne pas aimer les riches avant de se faire élire c’est vraiment contradictoire ! Elle a dénoncé le dénigrement systématique de la France par les anglais mais la mauvaise publicité pour la France c’est d’abord son collègue Montebourg qui la fait lorsqu’il tape sur les patrons ! Ici le succès est reconnu, admiré et encouragé. On ne peut pas encourager les entrepreneurs d’un côté avec une certaine dialectique et de l’autre faire tout pour qu’ils n’aient pas envie d’entreprendre en France et partent massivement à l’étranger. Que ce soit au Canada, aux États Unis ou à Hong Kong, nous assistons à un véritable exode de talents français. Nous aimons tous notre pays, nous y sommes enracinés et sommes tous attristés par le gâchis de ces énergies et talents » ajoute Hugues.
Loin d’être en terrain conquis, la ministre déléguée reste sereine et déterminée. « Ce n’est pas grave, j’ai l’habitude. Il y a eu des critiques, je suis ouverte à la critique, je l’entends, j’y réponds lorsqu’elle n’est pas justifiée ou lorsqu’elle est un peu outrancière. Si l’on part du principe que convaincre c’est mission impossible, on reste chez soi dans son lit ! » confie- elle en souriant .
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Un article à charge contre le PS, ce qui n’est pas étonnant de la part de Philippe Dova, qui est le compagnon de Catya Martin, elle-même suppléante de Thierry Mariani, député UMP de la 11e circonscription des Français de l’étranger. (cf http://www.thierrymariani.com/?cat=29). Un bel exemple d’objectivité…
L’article est à charge contre les politiques en vigueur en France dans le domaine de l’emploi et de l’entrepreunariat, et pas simplement contre ce qui est fait actuellement par le nouveau gouvernement. Les (patrons) expats d’aujourd’hui, ce sont après tout ceux qui ont quitté la France hier, quand le PS n’était pas encore au pouvoir, mais bien l’UMP.
tant mieux pour le PS d’avoir un ministre comme fleur de pellerin car si ça peut faire avancer le smilblick dans les relations commercial avec hong kong et c’est sur que ça sera pas encouragé par l’ump!