La police a confisqué ce week-end une célèbre statue, réplique de celle érigée pendant les évènements de Tiananmen et arrêté plusieurs personnes alors que des manifestations étaient organisées pour commémorer le 21ème anniversaire de la répression.

Vingt et un an après, la répression du mouvement étudiant pro-démocratique, qui a fait plusieurs centaines de morts, sur la place Tiananmen, est toujours tabou en Chine continentale. Le gouvernement considère encore les protestations de 1989 comme des « émeutes contre-révolutionnaires » et interdit toute discussion publique à ce sujet.
A Hong Kong cependant, la commémoration de ce sanglant événement fait office de rituel. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes se rassemblent la veille du 4 juin pour une veillée à la bougie afin de réclamer l’amnistie pour les leaders du mouvement toujours emprisonnés. L’ancienne colonie britannique jouit en effet de certaines libertés totalement déniées aux habitants de Chine continentale, comme la liberté d’expression ou de protestation.
Les premières commémorations ont pourtant tourné cours cette année. Les échauffourées ont commencé samedi lorsque la police de Hong Kong a confisqué une statue baptisée « La déesse de la démocratie », réplique de celle érigée sur la place en 1989, ainsi qu’une sculpture illustrant la répression.
Les deux pièces devaient être érigées sur la place Piazza, quartier commercial de la ville, mais les autorités ont objecté que les participants ne disposaient pas des autorisations requises.
13 manifestants ont été arrêtés dans la foulée pour s’être opposés aux forces de l’ordre, avant d’être relâchés sur caution un peu plus tard.
Même chose dimanche. Après une marche de plus de 1000 personnes organisée l’après-midi par l’Alliance de Hong Kong pour le soutien des mouvements démocratiques patriotiques de Chine, la police a fini par interrompre la manifestation le soir et confisquer la dernière réplique de l’emblématique statue.
Pékin et Hong Kong à couteaux tirés
« C’est une grande douleur pour Hong Kong, qui est réduit à un lieu qui n’a même pas la place d’accueillir une statue. Je veux m’adresser au chef du gouvernement Tsang Yam-kuen : de quelle liberté les Hongkongais disposent-ils encore? », s’est insurgé l’avocat Lee Cheu-yan dans les colonnes du quotidien South China Morning Post.
L’homme, arrêté à deux reprises par la police au cours du week-end, a promis de mobiliser des gens autour du bureau de police si les statues n’étaient pas rendues avant 18 heures jeudi, la veille de l’anniversaire.
« C’est la répression la plus sévère que l’Alliance ait connu depuis 21 ans », a souligné son président Szeto Wah.
Ces derniers évènements surviennent alors que le continent et l’île traversent une phase de relations tumultueuses.
En janvier dernier, 5 représentants au Conseil législatif de Hong-Kong ont démissionné afin de provoquer des élections partielles, qu’ils voulaient transformer en « référendum sur la démocratie ».
Les pan-démocrates continuent de faire pression pour l’accélération des réformes démocratiques, et notamment en faveur de l’élection au suffrage direct de la totalité du parlement.
Jusqu’à présent seuls 50% des 60 députés sont élus directement, le reste étant désigné par l’élite pro-chinoise. Pékin maintient que le gouverneur du territoire pourra éventuellement être élu au suffrage direct en 2017 au plus tôt et le parlement en 2020.
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