Les fans chinois de séries policières ou d’espionnage devront prendre leur mal en patience : jusqu’au 90e anniversaire du PCC, le premier juillet, ils ne verront plus leurs personnages préférés à la télévision.

Qu’on se le dise : le premier juillet, c’est le 90e anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois, et les autorités comptent bien en faire un événement national.
Preuve de l’importance que le Parti unique accorde à cette auto-célébration, à trois mois du jour J, il commence déjà à réquisitionner de l’espace médiatique.
Les autorités viennent ainsi d’interdire aux chaînes de télévisions de diffuser les séries policières ou d’espionnage.
La directive aurait été diffusée avant les vacances du premier mai par l’Administration d’Etat de la Radio, des Films, et de la Télévision (AERFT), selon le Southern Metropolis Daily.
L’ordre s’accompagnait également d’une liste de 40 séries recommandées en remplacement, se voulant « proches de la vie réelle » et devant refléter « une vie positive« .
Ainsi, la chaîne Tianjin Satellite TV a reporté la diffusion de « Qingmang », une série très attendue, présentée comme le « Prison Break » chinois.
Cette décision s’inscrit dans la volonté des autorités de créer un « état d’esprit positif » dans les grands médias en prévision du 90e anniversaire du Parti, qui sera célébré comme un événement national.
Moins de divertissement, plus de propagande
Lors d’une conférence sur les industries culturelles la semaine dernière, Cai Fuchao, le nouveau directeur de l’AERFT, a confirmé la volonté des autorités de restreindre le nombre de programmes de divertissement à la télévision, afin de produire plus de programmes correspondant aux « thèmes de propagande majeurs« .
C’est pourquoi, bien que cela n’ai pas été explicitement demandé, beaucoup de chaînes devraient bientôt se mettre à diffuser des séries « rouges » à la gloire du PCC et de ses héros.
Selon le Southern Metropolis Daily, plusieurs d’entre elles devraient diffuser « Dong Fang » (l’Oriental), une série qui raconte l’histoire de la République Populaire de Chine dans ses premières années, entre 1949 et 1957, dans une version de l’Histoire évidemment revue et corrigée par le PCC. (Voir la vidéo)
Autre exemple, une série de 30 épisodes racontant la création du Parti par Mao Zedong et ses compères devrait être diffusée dès le 1er juillet. Intitulée « 1921 », elle a bénéficié d’un budget de 20 millions de yuans (près de 2 millions d’euros).
Par ailleurs, après « la fondation d’une république », film à gros budget qui était sorti en 2009 pour célébrer les 60 ans de la République Populaire de Chine, un autre, sobrement intitulé « la fondation du Parti » devrait bientôt débarquer sur les écrans chinois.
Les séries de propagande, un échec commercial
Cependant, malgré les sommes colossales investies, les films et les séries de propagande reçoivent la plupart du temps un accueil pour le moins modéré du public, au contraire des séries de fiction moderne, notamment d’espionnage, qui rencontrent un grand succès.
La Chongqing Satellite TV a ainsi dû réduire sensiblement ses effectifs et la paye de ses salariés restants après qu’elle ait été transformée en mars dernier en une chaîne de propagande diffusant principalement des « classiques rouges ».
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Selon le South China Morning Post, cette transformation va entraîner des pertes considérables pour la chaîne. Mais la propagande chinoise ne s’embarrasse pas de ce genre de considérations; pas plus, semble-t-il, que du ridicule dont elle se couvre parfois.
En avril, les censeurs avaient déjà fait parler d’eux en décidant d’interdire aux producteurs des séries télé de faire voyager leurs personnages dans le temps, en invoquant le fait que les voyages dans le temps « manquaient de pensées positives et de sens » et « faisaient la promotion du féodalisme, de la superstition, et du fatalisme« .
A lire aussi : Pour son anniversaire, le PCC s’offre une série télé
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« Proche de la vie réelle » et devant refléter « une vie positive » ? C’est le moment de leur vendre « Hélène et les garçons » !
Yunnan impérial, bien vu !
Ah, Orwell a la vie dure… pauvres chinois.