Quelle est la qualité de vie dans la capitale chinoise? Les études divergent sur la ville que l’artiste Ai Weiwei qualifie de « cauchemar permanent ».

Pékin est-elle la ville la plus vivable de Chine continentale? C’est en tout cas ce qu’affirme un classement mondial publié cette semaine par l’Economist Intelligence Unit, dans laquelle la capitale chinoise se retrouve en 72e position, devant toutes les autres villes de Chine à l’exception de Hong Kong (31e)
Pékin se place ainsi devant Shanghai (79e position), Dalian (82e) ou Shenzhen (85e), alors que Hangzhou, connue pour être une retraite appréciée des riches chinois, n’est pas mentionnée.
La très touristique Suzhou, dans le Jiangsu, se place quant à elle en 73e position, suivie de Tianjin.
Mais ce genre de classement est hautement subjectif, et les résultats peuvent varier selon les critères pris en compte. Pour celui-ci, les auteurs se sont intéressés au taux de criminalité, à l’éducation, à l’environnement et aux transports publics entre autres choses.
Mais dans d’autres évaluations, Pékin ne s’en tire pas aussi bien.
Pékin, moins vivable que Hothot?
Dans un rapport publié en juin par l’Institut d’économie de l’Académie des sciences sociales de Chine et l’Université d’économie et du commerce de la capitale, la ville n’arrivait qu’en huitième position nationale, derrière des villes comme Nanjing, Yinchuan, Hohhot, Hefei, Shijiazhuang et Shanghai, avec Guangzhou en tête de classement.
Cette fois, les auteurs du rapport avaient pris en compte 60% de critères objectifs (revenu par habitant, taux d’inflation, environnement etc), et 40% de critères subjectifs basés sur le ressenti des habitants, et évalués au moyen de sondages.
Le résultat de ce classement avait été un coup dur pour Pékin, ce qui avait vallu au Quotidien du Peuple de se fendre d’un éditorial sobrement intitulé « Beijing ne devrait pas être classée au huitième rang des villes chinoises« .
« Beijing a ceci d’unique parmi les plus grandes villes de Chine, c’est qu’elle montre à la fois les caractéristiques de la vieille Chine et de la Chine nouvelle. On voit la première non seulement dans les très nombreux monuments historiques de la ville, mais aussi dans ses quartiers de hutong, encore très étendus. Et pour ce qui est de la nouvelle Chine, allez faire un tour du côté de Guomao. Se balader le long de la Rue Dongdaqiao jusqu’à l’Avenue Jianguo me donne l’impression de me sentir un peu comme à Manhattan« , expliquait l’auteur, pour qui « tout cela fait aisément de Beijing la métropole No1 de Chine* ».

Un « cauchemar permanent »
« La vie à Pékin est loin d’être facile, assure pour sa part le Global Times, rappelant pour appuyer ses dires un sondage montrant que 33% des travailleurs Pékinois n’ont jamais eu de congés payés.
« Nous avons des embouteillages, un air de mauvaise qualité et des relations interpersonnelles froides« , résume Zhou Xiaozheng, professeur de sciences sociales à l’université Renmin.
Un constat que semble partager l’artiste et dissident Ai Weiwei, qui l’a dit sans détour dans une tribune publiée par le site du magazine Newsweek et consacrée à sa ville de résidence.
« Beijing, c’est deux villes, écrit-il. La première est faite de pouvoir et d’argent. Les gens se fichent de qui sont leurs voisins; ils ne vous croient pas. L’autre est une ville de désespoir. Je vois les gens dans les transports publics; je vois leurs yeux, et je ne vois pas d’espoir« .
« Il ne s’agit pas de gens ou d’immeubles, ou de rues, mais de votre structure mentale, conclut-il à la fin de ce texte noir. Si vous vous souvenez de ce que Kafka a écrit à propos de son Chateau, vous voyez à peu près de quoi il s’agit. Les villes sont de véritables conditions mentales. Pékin est un cauchemar. Un cauchemar permanent« .
*Les fautes de français contenues dans la citation sont d’origine
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Perso je penche plus pour l’analyse/ressenti d’Ai Weiwei, même si éveidemment, en tant qu’expat on est assez préservés…
Ce genre de classement n’a en fait pas beaucoup de sens. D’un individu à un autre, les critères déterminants n’ont rien à voir. Prenons le cas de l’éducation : Chinois ayant le hukou de Beijing ou non, étranger ayant un généreux statut d’expatrié ou un contrat local ? Et si vous n’avez pas d’enfant, actuellement ou à court terme, vous n’êtes pas concerné.
Autre exemple : le climat. Un climat tempéré sera un plus significatif pour qui n’a pas un logement et un lieu de travail climatisés, voire même correctement chauffés.
Cet article d’ALC, qui évoque quatre perceptions radicalement différentes de Pékin, montre bien combien il est illusoire de chercher à établir un classement général.
Il faut comprendre cet article en deux phases : 1 c’est la ville la plus vivable de Chine. 2 c’est un cauchemar permanent.
(résumé pour ceux qui ne saisiraient pas la finesse de l’article)