1 100 euros le mètre carré… Pour une majorité de citadins chinois, l’accession à la propriété reste un rêve impossible, malgré le ralentissement de la hausse des prix de l’immobilier.

A Shanghai, le prix du mètre carré n’a progressé que de 0,4% sur un an en octobre contre 9,9% en janvier. Mais après plusieurs années de bulle immobilière, il reste inaccessible, d’autant que le marché offre davantage de vastes surfaces que de modestes trois-pièces.
Pourtant, avec une bourse en chute libre depuis 13 mois et une épargne rémunérée en-deçà du rythme de l’inflation, la pierre serait un placement refuge. « Je rêverais d’acheter, mais les appartements sont trop chers, trop grands », résume Zheng Peiyuan, 29 ans.
Le jeune homme se contenterait d’un 80 mètres carrés. Mais le seul appartement qu’il ait récemment trouvé à visiter en faisait 200, bien au-dessus de ses moyens.
Employé à la direction marketing d’un groupe chinois, ce cadre pourtant gagne 5.000 yuans (572 euros) par mois, seuil de revenus retenu par le cabinet de conseil McKinsey pour définir la classe moyenne supérieure.
A Shanghai, il représente deux fois le double du salaire moyen. Zhang Dawei, un responsable logistique à 6.000 yuans (684 euros) mensuels, est également pessimiste: « J’espère pouvoir acheter un appartement à Shanghai un jour, mais à mon avis ce ne sera pas avant 20 ans… ».
Privatisé en 1998, le marché immobilier a aiguisé les appétits des promoteurs qui se sont concentrés sur les projets luxueux et lucratifs. Les surfaces moyennes, prisées par ces jeunes cadres sont rares.
« Dans un quartier résidentiel moderne, comme la ville nouvelle de Pudong, les petits appartements ne représentent que 10% » du parc immobilier, explique Mlle Yu de l’agence Zhangyuan. Or les besoins sont réels.
Entre 2005 et 2020, les villes chinoises devraient loger 350 millions de personnes supplémentaires venues des campagnes. Devant l’ampleur annoncée du phénomène, le gouvernement a d’ailleurs imposé aux promoteurs, en 2006, un quota de petites surfaces (inférieures à 90 m2).
« Au centre de Shanghai, notamment dans les vieux immeubles, on trouve davantage de petites unités », précise Mlle Yu. Mais les prix en centre-ville s’envolent.
« Comme partout en Chine, ce sont les centre-villes qui attirent les promoteurs haut-standing », souligne David Chen, du cabinet américain CB Richard Ellis.
Dans la métropole économique de la Chine, le prix moyen du mètre carré s’élevait à 9.700 yuans (1.100 euros) en octobre, selon CB Richard Ellis.
Avec un salaire annuel moyen d’environ 27.000 yuan (3.000 euros), les Shanghaiens pourraient donc théoriquement s’acheter deux mètres carrés et demi par an, à condition d’y placer la totalité de leurs revenus.
Conscient de ces difficultés et pour relancer un marché en perte de vitesse, le gouvernement chinois a pris des mesures pour encourager l’accession à la propriété, baissant la part de l’apport initial pour un premier bien (de 30 à 20%) et les taxes sur l’achat des appartements de moins de 90 mètres carrés.
« Les mesures du gouvernement n’y changeront rien. Les prix baisseront peut-être un jour mais quand ? », s’interroge Zheng Peiyuan. Tant que de très riches investisseurs continuent d’acheter de grands appartements, les cadres n’espèrent pas de miracle.
« Si le prix est accepté par le marché, il n’y a pas de raisons de le fixer en fonction des moyens des gens ordinaires », assène Fu Qi, analyste pour l’institut Yiju, à Shanghai.
Les promoteurs restent d’ailleurs confiants. « Nous sommes en train de terminer quatre tours, comprenant principalement des appartements de 250 mètres carrés.
C’est parti comme des petits pains », explique en souriant Lai Wen du groupe singapourien Yanlord, promoteur de plusieurs résidences de luxe à Shanghai, dont la plus récente affiche des prix de 30.000 yuans le mètre carrés.
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