Une nouvelle fois, des centaines de comptes Gmail ont été piratés, et Google accuse la Chine d’être à l’origine de cette opération. Il va falloir s’y habituer, la cyberguerre est parmi nous, et fait actuellement l’objet d’une dangereuse surenchère.

L’annonce de Google précise que ses serveurs ont été victimes d’une attaque de « phishing », ou « hameçonnage », visant à copier des mots de passe de comptes Gmail et à récupérer leurs contenus. Les cibles, selon Google, sont des hauts fonctionnaires américains, des dissidents chinois, des responsables de plusieurs pays asiatiques, ou encore des militaires et des journalistes.
Toujours selon Google, l’origine de cette cyberattaque a pu être identifiée à Jinan, la capitale de la province du Shandong (est), où se trouve un commandement militaire chinois, et où, surtout, se trouve une école formée avec le soutien de l’armée, et qui avait déjà été accusée d’avoir pénétré les serveurs de Google l’an dernier. La Chine a fermement démenti ce jeudi ces accusations.
Les relations entre Google et la Chine sont conflictuelles depuis la découverte l’an dernier de la tentative d’espionnage de comptes Gmail de dissidents chinois, et la décision de la société américaine de fermer son moteur de recherche en Chine continentale qui avait accepté les règles de la censure chinoise, au profit du site basé à Hong Kong, région autonome non soumise aux mêmes règles de censure.
« Acte de guerre »
Cette nouvelle crise intervient alors que, selon le Wall Street Journal, les Etats-Unis s’apprêtent à décréter que toute cyberattaque sera désormais considérée comme un « acte de guerre » susceptible d’entraîner des représailles pouvant aller de sanctions économiques à une riposte graduée de tous ordres, électronique ou militaire classique.
Cette réévaluation stratégique, qui devrait être annoncée prochainement, fait suite à une cyberattaque visant Lockheed Martin, l’une des principales entreprises du secteur de l’armement aux Etats-Unis, qui fabrique notamment les avions de combat F-16. Lockheed Martin a été victime le 21 mai d’une attaque massive qui a paralysé ses systèmes informatiques et copié ses codes de sécurité.
La nouvelle doctrine américaine risque de provoquer une sérieuse escalade dans ce qui reste largement une guerre de l’ombre que se livrent quelques services spécialisés dans moins d’une dizaine de pays.
Au centre de cette révision se trouve la question-clé de la définition d’une cyberattaque, car entre l’intrusion de hackers libertaires comme les « Anonymous », et un « cheval de Troie », le virus Stuxnet, introduit dans le système nucléaire iranien, il y a un univers de différence de moyens, d’intentions, d’impact.
Et il y a une grande difficulté à identifier l’origine d’une attaque, car le point de départ affiché peut être un leurre ou utilisé à son insu…
Capacités « offensives » et « défensives »
Deux autres annonces, ces derniers jours, montrent que le sujet de la cyberguerre est pris au sérieux par les puissances du monde entier :
selon le Guardian, la Grande-Bretagne a décidé de se doter de capacités « offensives » en matière de cyberguerre, et plus seulement « défensives ». Le ministre de la Défense, Nick Harvey, estime que « le cybermonde fera désormais partie du champs de bataille de l’avenir » ;
Selon le quotidien nationaliste chinois Global Times, la Chine a décidé de créer « une équipe spéciale dédiée à la protection contre les éventuelles cyberattaques ».
Une annonce qui est d’avantage une confirmation publique de ce que les experts savent déjà, car la Chine est l’un des pays les plus actifs sur ce nouveau terrain d’affrontement planétaire.
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