Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a effectué, du 8 au 14 septembre, une visite officielle en Asie-Pacifique durant laquelle a fait escale à Hong-Kong pour s’entretenir avec le chef de l’administration hongkongaise Henry Tang. A cette occasion Alain Juppé a accepté de répondre aux questions de notre partenaire Trait d’Union.

Trait d’Union: Où en sommes-nous du financement de la scolarité des enfants français installés à l’étranger, inscrits au lycée français ?
Alain Juppé: Ainsi que vous le savez, le président de la République s’est engagé à améliorer substantiellement l’aide à la scolarité versée au bénéfice des élèves français fréquentant les établissements du réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE).
Cet engagement s’est concrétisé par la prise en charge des frais de scolarité des élèves de terminale à la rentrée scolaire 2007, de première à la rentrée 2008 et de seconde à la rentrée 2009. Concrètement, cela signifie qu’aujourd’hui 165 élèves français en Chine bénéficient de la prise en charge des frais de scolarité, dont 70 élèves du lycée français de Hong-Kong.
Je sais que des inquiétudes ont pu être exprimées par les familles françaises installées à l’étranger en raison de l’augmentation des frais de scolarité décidée par certains établissements scolaires, et du plafonnement de la prise en charge des frais de scolarité dès 2010, les obligeant à s’acquitter d’un surplus.
Je tiens à souligner à cet égard que la grande majorité des augmentations de tarifs prononcées ces dernières années traduisent la nécessité, pour les établissements, de trouver de nouvelles ressources pour financer leurs projets d’investissement ou augmenter leur capacité d’autofinancement.
On ne peut donc pas parler, pour ces établissements, d’ « effet d’aubaine ». Les familles qui rencontrent des difficultés pour honorer la part des frais de scolarité restant à leur charge ne seront pas oubliées : elles pourront déposer un dossier de demande de bourse scolaire lors des secondes commissions locales qui se réuniront cet automne.
Le président de la République s’est déplacé à plusieurs reprises dont une le mois dernier, ces visites sont-elles fructueuses pour la France ?
Depuis 2007, le Président de la République a en effet effectué deux visites d’Etat en Chine, ainsi que quatre visites de travail. Il s’y est rendu pour la dernière fois il y a à peine quelques semaines, le 25 août, pour s’entretenir avec son homologue chinois au sujet de la préparation du sommet du G20 de Cannes.
Ces nombreux échanges, auxquels il faut ajouter la visite d’Etat en France du président Hu Jintao en novembre 2010, nous ont permis d’intensifier le dialogue avec la Chine, partenaire indispensable sur toutes les grandes questions internationales et les enjeux globaux.
Dans le cadre du G20, ces visites ont permis d’impliquer pleinement la Chine sur nos principales priorités, qui ont recueilli son soutien. Le déplacement du président de la République à Nankin pour l’inauguration du séminaire sur la réforme du système monétaire international en témoigne.
Sur le plan bilatéral, ces déplacements ont permis de poursuivre l’approfondissement du partenariat global stratégique franco-chinois. Nous avons avancé dans toute une série de domaines, notamment sur les grands partenariats structurants, tels que le nucléaire et l’aéronautique, essentiels pour notre industrie. Le dialogue avec la Chine étant un dialogue ouvert et de confiance mutuelle, les sujets les plus sensibles, comme les droits de l’homme, ont également été abordés.
Comment définissez-vous les relations sino-françaises ?
Les relations bilatérales entre la France et la Chine sont excellentes.
Les nombreuses visites présidentielles réciproques témoignent de l’importance que la France accorde à la Chine dans sa politique étrangère. La Chine est devenue aujourd’hui incontournable, tant sur le plan de la résolution des grandes crises internationales que sur celui des enjeux globaux. C’est pourquoi nous avons souhaité associer spécifiquement la Chine aux travaux du G20.
Nous entretenons une relation de confiance et d’amitié, qui concrètement, se traduit par un renforcement des échanges entre nos deux sociétés : échanges universitaires, le nombre d’étudiants chinois en France ne cessant de progresser, et réciproquement, le nombre d’étudiants français en Chine ; échanges culturels, auxquels l’année linguistique croisée que j’aurai le plaisir d’inaugurer à Pékin pour le volet français contribuera à renforcer ; échanges économiques bien sûr. Nos deux sociétés sont aujourd’hui engagées dans un dialogue continu qui ne cesse de se développer.
Les résidents français se sont vu imposer une nouvelle procédure plus contraignante pour l’obtention de visas pour la Chine, pouvez-vous nous en parler ?
En effet, depuis le mois de mai 2010, la Chine a imposé des mesures restrictives sur les demandes de visa par des ressortissants français, en raison de l’application par la France d’une directive européenne qui prévoit l’utilisation progressive de la biométrie par les consulats européens.
Ces mesures ont rendu l’obtention de visa pour les Français désirant se rendre en Chine continentale plus difficile, notamment depuis Hong-Kong où la procédure rapide et la délivrance de visas à la frontière avec Shenzhen ne sont plus possibles.
Nous avons protesté à maintes reprises auprès des autorités chinoises du traitement injuste et discriminatoire dont nos ressortissants étaient ainsi l’objet, tout en dialoguant avec elles afin de trouver une solution. Une issue est sur le point d’aboutir. La situation devrait donc prochainement revenir à la normale.
Autre inquiétude pour les ressortissants français, la nouvelle loi sur l’assurance sociale chinoise, entrée en vigueur le 1er juillet. Un accord bilatéral peut-il éviter les conséquences négatives pour les salariés français ?
Effectivement, l’entrée en vigueur de la loi chinoise sur les assurances sociales du 28 octobre 2010 oblige désormais les salariés étrangers exerçant en Chine à s’acquitter de charges sociales. Cela signifie une double imposition pour nos ressortissants expatriés et nos entreprises implantées en Chine.
Nous avons donc pleinement conscience que la conclusion d’un accord de sécurité sociale avec la Chine prévoyant une coordination des risques longs (vieillesse, invalidité par exemple) ainsi qu’un statut conventionnel de travailleur détaché pour une durée déterminée, constitue une priorité.
Mais il ne faut pas oublier que cette législation est aussi une avancée sociale considérable pour la Chine qui est en train de mettre en place un système de sécurité sociale complet et universel.
Dès l’année prochaine, les Français de l’étranger vont élire des députés de l’étranger. Quel sera exactement leur rôle ?
La révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 qui introduit la représentation à l’Assemblée nationale des Français établis hors de France, est un vrai progrès qui permet une représentation plus égalitaire. Etait-il normal que nos 2,5 millions de compatriotes résidant à l’étranger ne soient pas représentés à l’Assemblée nationale ?
En 2012, pour la première fois, onze députés seront ainsi élus par les Français de l’étranger. Ceux-ci auront le même rôle que les députés élus dans les circonscriptions en métropole : ils siégeront en effet en tant que représentants de la nation.
Ils seront, qui plus est, membres ès qualité de l’Assemblée des Français de l’étranger qui est l’interlocuteur privilégié du gouvernement et des postes diplomatiques et consulaires sur toutes les questions relatives à l’expatriation, la sécurité des communautés françaises à l’étranger, l’évolution de l’enseignement français hors des frontières nationales, les questions de fiscalité, etc.
Quel message souhaitez-vous adresser aux Français de Chine ?
Je voudrais tout d’abord leur dire qu’ils ne sont pas seuls dans l’aventure de l’expatriation et que notre dispositif diplomatique et consulaire en Chine est là pour les soutenir.
J’aimerais également féliciter mes compatriotes pour tous les efforts qu’ils déploient, dans le cadre de leurs activités associatives ou professionnelles, pour favoriser les échanges avec la Chine et l’approfondissement de notre connaissance mutuelle.
Dans un grand pays qui a retrouvé sa place dans l’économie mondiale et sur la scène internationale, les Français de Chine représentent pour la France un atout exceptionnel. Ils constituent une force qui porte haut les couleurs de notre pays en Chine et je les en remercie.
Lire le deuxième article du dossier de Trait d’Union, L’épopée Dassault
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