La saisie la semaine dernière de près de 10 000 bouteilles d’alcool frelaté destinées aux bars et aux discothèque de la capitale relance le débat sur ce phénomène très répandu… et dangereux pour la santé!

Buveurs, fêtards, et autres piliers de comptoirs, attention : en Chine, il vaut mieux y regarder à deux fois avant de s’envoyer cul-sec un verre au fond du gosier.
Car la Chine est le pays des contrefaçons, falsifications et autres bidouillages en tout genre. L’alimentation n’y échappe pas et, malheureusement pour les couche-tard, l’alcool non plus.
A Pékin comme dans d’autres grandes villes chinoises, le fait que certains bars servent de l’alcool frelaté est un secret de polichinelle. La rumeur circule, et il arrive régulièrement que certains lendemains soient un peu plus difficiles qu’ils ne devraient l’être.
» Je n’ai toujours pas compris ce qui m’est arrivé, je n’ai jamais été aussi malade de ma vie et je n’avais bu que deux gin tonic » raconte Sophie. » Depuis je me méfie, je choisis mieux les bars et je surveille la personne qui me sert!«
La semaine dernière, un coin du voile a été été levé sur ces pratiques. La police de la capitale a arrêté 11 personnes après avoir saisi près de 10 000 bouteilles de ces breuvages, destinées en grande partie aux bars et aux boîtes de nuit de la capitale.
Les bouteilles, qui étaient des imitations de boissons étrangères (parmi lesquelles les whisky Chivas, Johnnie Walker et Jack Daniel’s), ont été saisies dans six entrepôts situés dans les environs de Pékin.
De l’alcool à boire mélangé à des alcools industriels, comme du méthanol, dans des bouteilles de marque. Ou encore, du Erguotou (l’alcool de riz bas-de gamme) mélangé à du thé vert dans des bouteilles de whisky.
« Dans certains bars, je ne bois que de la bière »
Nicolas Pélissié, patron du Salud à Pékin, connait bien le problème. Plusieurs fois, des fournisseurs lui ont vendu au prix fort des bouteilles d’alcool frelaté cachées dans des lots de bouteilles normales. Depuis, il a trouvé un fournisseur sûr, et ne fait plus appel qu’à lui.
« Il y a un moment, cela représentait environ une bouteille sur 20. Mais on ne peut pas tout goûter, se rappelle-t-il. Le pire, c’est quand un client nous le signalait alors qu’on avait déjà passé les 3/4 de la bouteille« .
M.Pélissié confirme : les producteurs d’alcool frelaté vendent en grande partie de faux whiskies, et de la fausse vodka, souvent tout simplement remplacée par de l’alcool de riz de mauvaise qualité.
Plusieurs grandes marques ont d’ailleurs des politiques de lutte contre ce phénomène, à l’instar de Pernod-Ricard, qui distribue en Chine la vodka Absolut. Ainsi, La marque récupère systématiquement auprès des bars les bouteilles vides, afin d’éviter que celles-ci ne servent aux faux producteurs.
« Quand on a une clientèle a majorité occidentale, on s’en aperçoit vite, assure Christophe Rovan, patron à Pékin du « Café de la poste« . Mais dans les bars où il n’y a que des Chinois qui n’y connaissent rien à l’alcool, ça peut durer longtemps« !
En bon connaisseur, Nicolas Pélissié est donc méfiant quand il sort. « Il y a des endroits, notamment les boites de Gongti et certains bars de Sanlitun comme par exemple le Kai ou le Pure Girl, où je ne prend que de la bière. Je ne veux pas goûter leurs spiritueux« .
Des risques pour la santé
Problème: ces endroits sont très appréciés par les jeunes, plus sensibles aux faibles prix qu’à la qualité de la boisson.
« On le sait tous qu’on peut mal tomber et que ça peut vraiment mal se passer, parce qu’il y a eu déjà des accidents avec en bout de course des rapatriements en catastrophe car l’alcool était vraiment ‘pourri’. Mais cela met un peu de danger dans nos soirées et cela nous amuse« , explique un (très) jeune Français.
Officiellement les mineurs ne sont pas autorisés à boire de l’alcool dans les lieux publics mais beaucoup d’établissements ferment les yeux.
Alors, où aller pour trinquer en toute sérénité? Les 10 000 bouteilles saisies la semaine dernière étaient destinées à toutes sortes d’endroits, y compris des karaokés. De l’aveu même des enquêteurs interrogés par le Global Times, « il est difficile de localiser spécifiquement des bars ou des zones qui les ont achetées dans la ville« .
Et si des bars et des restaurants se sont parfois retrouvés sans le vouloir avec de l’alcool frelaté dans leurs stocks, il semble bien que certains patrons peu scrupuleux choisissent carrément d’être de mèche avec les fabricants, et de se partager avec eux les juteux profits de l’escroquerie.
Selon l’employé d’un club pékinois interrogé par le Global Times, des bouteilles qui coûteraient environ 10 yuans à produire (1,08 euros), peuvent être revendues jusqu’à près de 600 yuans (64,5 euros) dans les bars!
Mais ces pratiques mettent la santé des consommateurs en danger : le méthanol, qui est très souvent utilisé dans la production d’alcool frelaté, peut provoquer, entre autres, des lésions nerveuses ou respiratoires pouvant entraîner le coma.
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hummm enfin c est pas nouveau…. 10 yuans le whisky cola ou autre, faut pas trop s’étonner aussi…