Alors que le nombre de tués dans la catastrophe est monté à 700 et celui des disparus à plus de 1.000, les sauveteurs continuent à chercher des survivants. Selon certains experts, les nombreux barrages et la déforestation massive dans la région ont aggravé le désastre.

L’été chinois aura été rythmé par des catastrophes naturelles. Après les grandes chaleurs et les inondations meurtrières, voici que le district de Zhouqu, dans la province du Gansu, est touché par une importante coulée de boue.
Le désastre est arrivé dimanche 8, à la suite de pluies torrentielles qui ont fait déborder la rivière Bailong et provoqué d’importants glissements de terrain.
1,8 million de mètres carrés de boue a déferlé sur cette province pauvre habitée en partie par des Tibétains, qui avait déjà été durement touchée par le séisme de 2008.
La boue a enterré au moins un village entier et englouti près de 300 maisons basses, selon les médias officiels.
Par ailleurs, la coulée de boue, en rejoignant la rivière qui était sortie de son lit, a créé un lac instable qui menace de se déverser sur une ville de 50000 habitants située en contrebas.
Dès dimanche, les secours se sont rapidement organisés et ont réussi à sauver quelques 1242 personnes malgré les mauvaises infrastructures routières de la région qui ont rendu leur travail difficile, selon l’agence Xinhua. Mais le chiffre des morts ne cesse d’augmenter.
S’étant immédiatement rendu sur place comme à son habitude dans ce genre de situations, le premier ministre Wen Jiabao a appelé à un effort massif d’aide et de recherche des personnes disparues.
« Actuellement les tâches prioritaires sont : élargir l’étendue des recherches et des secours; s’occuper du lac qui a été créé par les coulées de boue de façon rapide et scientifique, nettoyer la boue et restaurer l’approvisionnement en eau potable« , a-t-il déclaré hier à l’agence de presse en inspectant une scène de sauvetage.
De nombreux dons
Depuis deux jours, les dons individuels et collectifs se sont multipliés pour venir en aide au sinistrés.
Après avoir donné 3,5 millions de yuans de biens et de fonds au district de Zhouqu, la Croix-Rouge chinoise a déclaré lundi qu’elle allait ajouter un million de yuans pour l’achat de fournitures d’urgence, rapporte le Quotidien du Peuple.
Le ministère des affaires civiles a envoyé 5000 sacs de couchages, 5200 tentes, des manteaux et des lits sur les lieux du drame.
Plusieurs sociétés privés ont fait oeuvre de charité, ainsi que le Comité Central de la Ligue des jeunes Communistes, qui a donné 5 millions de yuans.
La mauvaise gestion humaine en cause
Lors de sa visite, le premier ministre Wen a également déclaré que la recherche dans la détection des zones potentiellement dangereuses devait être renforcée.
Mais selon des experts interrogés par le South China Morning Post, cette région était connue depuis longtemps comme étant potentiellement exposée à ce genre de catastrophes.
Les villages touchés étaient construits entièrement sur des zones sujettes aux coulées de boues. Depuis 1623, la région a répertorié au moins 11 événements similaires à celui de dimanche. Le dernier, en 1992, avait tué ou blessé 87 personnes et englouti 344 maisons.
Pour le professeur Fan Xiao, géologue interrogé par le quotidien hongkongais, c’est en partie la frénésie de construction de barrages sur presque toutes les rivières de la région depuis dix ans, combinée à des années de déforestation, qui aurait provoqué le drame.
Selon le China Business Daily, près de 126 000 hectares de forêt auraient été rasés entre 1950 et 1990 et remplacés par des cultures.
41 stations hydrauliques ont vu le jour entre 2003 et 2007, et douze sont encore en prévision, selon le gouvernement du district de Zhouqu, qui espère ainsi attirer l’investissement.
« Mais la plupart des constructeurs des barrages manquaient de sensibilité environnementale, et n’ont pas bien évalué l’importance de la préservation des sols et de l’eau« , a déclaré un officiel de Zhouqu au South China Morning Post.
Ce n’est pas la première fois que les barrages hydrauliques chinois font l’objet de critiques.
Outre le barrage des Trois-Gorges, très controversé pour ses coûts écologiques et humains, les nombreux barrages construits par la Chine en amont du Mékong nourissent largement les craintes des habitants des pays situés en aval.
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