Le meurtre d’une prostituée à Hong Kong, le troisième en trois semaines, relance le débat sur leur statut juridique dans la Région Administrative Spéciale. A Hong Kong, la prostitution est tolérée, mais les travailleuses du sexe n’ont pas le droit d’employer d’agents de sécurité.

Une femme, âgée de 38 ans et d’origine thaïlandaise, a été retrouvée samedi 31 janvier dans un immeuble de Kowloon, aux environs de 21 heures, avant que son décès soit constaté à l’hôpital, selon la presse hong-kongaise.
L’année 2008 avait déjà été un mauvais cru pour la sécurité des prostituées de l’ancienne colonie britannique. Au cours du mois de mars, quatre d’entre elles avaient été assassinées par strangulation. Deux hommes avaient alors été arrêtés. Le 23 novembre, une cinquième femme avait été assassinée. 2009 commence encore plus mal. Avant cette affaire, deux prostituées avaient déjà été tuées par étouffement dans les quartiers de Sau Mau Ping et Tsuen Wan, les 10 et 11 janvier derniers.
La multiplication des meurtres relance un débat sur le statut juridique des prostituées à Hong Kong. Dans la Région administrative spéciale, la prostitution elle-même est légalement tolérée. En revanche, il est interdit à quiconque, sauf aux prostituées elles-mêmes, de tirer profit de cette activité. Un cadre juridique hérité d’un sentiment a priori louable, visant à ce que ces femmes ne soient pas mises sur le trottoir de force par des trafiquants d’êtres humains qui en tireraient ouvertement un revenu.
Mais paradoxalement, cette situation a des conséquences directes sur la sécurité des prostituées. Il leur est impossible d’employer des gardes, ni de partager leur lieu de travail avec d’autres femmes.
Il existe certes une coopération informelle entre prostituées, mais elle est inefficace lorsque l’une d’elles fait face à un client violent dans un appartement fermé. La multiplication récente des meurtres montre que la mainmise des triades – les mafias locales – sur l’activité est, elle aussi, inefficace pour freiner les violences contre les prostituées.
Dans ce contexte juridique, la forme de prostitution la plus commune dans l’ancienne colonie britannique est devenue le « bordel à une seule femme ». Une situation que dénoncent certaines Organisations Non-Gouvernementales, dont Ziteng, qui appelle à une réforme juridique pour permettre aux prostituées de partager le même appartement au minimum.