Les acheteurs se font plus rares dans les boutiques d’ordinateurs de la capitale chinoise. Crise oblige, les ventes ont fortement ralenti ces derniers mois. Lenovo, le géant chinois né du rachat d’une branche d’IBM, vient d’annoncer 2500 licenciements.
Dans un centre commercial de Pékin dédié à l’univers de la technologie et de l’informatique, les affaires tournaient au ralenti jeudi, le jour où le grand fabricant chinois Lenovo annonçait 2.500 suppressions de poste. Un vendeur joue avec une tortue miniature, d’autres visionnent des films, envoient des SMS. « Regardez le nombre de clients à cet étage: moitié moins que par le passé! Parfois je n’en ai pas un de la journée », dit Jia Weicai tout en nourrissant sa tortue et ses poissons rouges.
Le magasin pour lequel Jia travaille vend plusieurs grandes marques comme Sony ou Lenovo. Mais les ventes sont en berne depuis juin et le ralentissement s’est encore accéléré au cours des récents mois, avec la crise financière. « Nos clients ? Souvent des parents qui achètent des ordinateurs bon marché pour leur enfant. Aujourd’hui, on gagne moins de la vente de quatre ordinateurs qu’autrefois avec un seul », soupire Jia.
Parmi ses produits, Jia propose notamment des Thinkpad de Lenovo, le géant chinois qui a annoncé la réduction au premier trimestre 2009 de 11% de ses effectifs, après des pertes importantes, en déplorant le ralentissement général des ventes dû à la crise mondiale. Le groupe informatique, né du rachat en 2005 de la division PC d’IBM, a souligné notamment que « le ralentissement de l’économie chinoise (…) avait affecté un marché traditionnellement très important pour le groupe ».
Lisa Chen, directrice d’un point de vente de la marque dans le centre commercial, n’en est guère étonnée après avoir elle-même constaté une baisse des ventes de 10-20% récemment comparé à un an plus tôt. « Cela pourrait s’aggraver encore. L’impact de la crise financière est ressenti partout et Lenovo ne peut certainement pas y échapper », estime-t-elle. Bien avant de se faire véritablement sentir en Chine, la crise mondiale avait rendu le consommateur prudent. La crainte du chômage ou de réductions de salaires accuse le phénomène.
« Finalement, mon ordinateur portable actuel me suffit. J’ai remis le projet de m’en acheter un nouveau », dit ainsi Meng Xiangshun, un technicien de 28 ans, propriétaire d’un Lenovo depuis quatre ans. « Je ne suis pas un fanatique de la dernière technologie ou mode », ajoute le jeune homme venu acheter quelques cartes mémoire.
Bien sûr, il reste des acheteurs, mais pour ceux-là l’élément prix joue un rôle fondamental, plus en tous cas que le détail à la mode. Les budgets importants, de plus de 10.000 yuans (1.080 euros) sont rares désormais, aux dires des vendeurs. Wang Ying, 27 ans, cadre pour une boutique en ligne, a acquis un Thinkpad (Lenovo) pour 3.850 yuans. Mais même à ce prix, elle aurait évité la dépense si son vieil ordinateur ne l’avait pas lâchée. « C’est, quoi qu’il en soit, beaucoup d’argent. Et moi je n’en ai pas beaucoup: je n’ai eu aucune prime l’an dernier », explique-t-elle.
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