Les temps sont durs pour les organisateurs d’événements en Chine. Tout à leur volonté d’éviter les remous, les autorités chinoises annulent un à un les rassemblements culturels. Dernière victime en date, le Midi Festival à Pékin.

La centaine de groupes chinois et étrangers ainsi que les milliers de personnes attendus au Midi Festival vont devoir patienter. C’est désormais officiel : le plus gros événement musical en plein air de Chine prévu du 1er au 4 mai à Pékin a été reporté à octobre prochain.
Cette annonce est survenue alors que les 30 groupes étrangers, déjà tous munis d’un visa, venaient de recevoir la précieuse autorisation de jouer délivrée par le bureau de la culture de Pékin.
Mais ces derniers n’ont pas été les seuls pris de court. « Cette annulation ne vient pas de moi. Je ne peux pas vous dire qui mais ça vient d’en haut », explique au téléphone l’organisateur du festival et directeur de l’école du même nom, Zhang Fan.
Désagréable, cette décision ne surprend pas vraiment. A quelques mois des JO, les autorités chinoises veulent à tout prix supprimer toutes les sources potentielles de débordement. Résultat, le Midi Festival ne fait que rejoindre la liste déjà longue des manifestations culturelles annulées ou reportées ces derniers mois, notamment celles impliquant des étrangers.
Des autorisations délivrées au compte goutte
En avril, le festival de rue de Nanluoguxiang, un quartier prisé par les expatriés, a été reporté à une date ultérieure aux JO, après que les autorités soient revenues à la dernière minute sur leur autorisation.
Autre exemple récent, l’annulation faute de permis d’un carnaval de l’Union Européenne destiné à célébrer les liens entre l’Europe et la Chine. Raison invoquée? Sécurité. « Dans un sens, je comprend, c’est peut-être raisonnable dans le contexte d’aujourd’hui. Mais c’est vraiment dommage. Le festival aurait été une bonne chose pour l’esprit olympique », philosophe Zhang Fan.
Une politique qui n’épargne pas les grandes stars puisque la chanteuse Céline Dion a dû elle aussi annuler son concert à Pékin le 13 avril dernier, son manager n’ayant pas obtenu l’autorisation de jouer dans un espace fermé, comme l’exigeait la chanteuse. Il faut dire qu’avec le concert de Björk le mois précédent qui s’était achevé sur les notes « Indépendance » et « Tibet », les autorités avaient en tête un fameux précédent.
Pas de visa, pas de fête
Les événements du Tibet venus s’y ajouter, on comprend que les temps ne soient pas très propices à l’événementiel en Chine. « A cette époque d’habitude, il y a plein d’événements, raconte une Française investie depuis longtemps dans la programmation musicale à Pékin. Mais cette année, c’est mort. »
Car au-delà du fait que beaucoup aient anticipé les problèmes d’autorisation en renonçant à organiser des choses cette année, se greffe la question des visas. Faute de papiers pour faire venir leurs artistes, certains en viennent à reconsidérer leur projet. « Pour la fête de la musique en juin, j’ai des artistes français mais je ne sais pas si je vais pouvoir les faire venir donc je ne sais pas si je vais le faire », raconte celle-ci.
En attendant, les festivaliers pourront se consoler en assistant au Midi School Festival dans la cour de l’école du même nom. « Ce sera beaucoup moins grand que le vrai, ce sera plutôt comme une grosse fête », raconte Zhang Fan. A priori trop petit pour inquiéter les autorités.