Le 23 janvier, deux super productions, chacune dans des registres très différents, devaient s’affronter sur les écrans chinois. Duel avorté. La Chine a préféré retirer la version en 2D d’Avatar, jugée trop « risquée » pour son image.

Avatar ou Confucius. A partir du samedi 23 janvier, le choix devait être simple pour les spectateurs chinois. D’un côté, une grosse production hollywoodienne futuriste qui fait un tabac en Chine depuis sa sortie; de l’autre, un film patriotique sur la vie de Confucius, du réalisateur chinois Hu Mei, annoncé depuis des semaines dans les médias chinois comme le plus grand film de tous les temps.
Coup de théâtre de dernière minute : le choc des titans n’aura finalement pas lieu. Selon le quotidien hongkonguais Apple Daily, le puissant distributeur d’Etat China Film a fait parvenir une notice à toutes les salles de cinéma du pays, exigeant que la version en 2D du film de James Cameron soit retirée des écrans à partir du 23 janvier.
Le quotidien a obtenu confirmation de cette information auprès d’une source proche de la China Film, avant que Paul Hanneman, co-président de la Century Fox, le distributeur d’Avatar, ne confirme de son côté l’information depuis Los Angeles.
Sorti le 4 janvier en Chine, Avatar qui a réussi à totaliser 56 millions de yuans de recettes en un seul jour dans le pays était censé rester jusqu’au 28 février sur les écrans, soit bien après les traditionnelles vacances du Nouvel An.
Une fiction trop proche de la réalité
Apple Daily avance deux raisons pour expliquer cette interruption prématurée. Non seulement Avatar empiète trop sur les parts de marché domestique, mais le film pousse aussi les spectateurs à s’interroger sur le sujet ô combien sensible en Chine des expropriations.
Depuis plusieurs semaines, des internautes se sont en effet amusés à faire le rapprochement entre le sort dans le film des Na’vi people arrachés à leur terre et les fréquentes évictions de résidents chinois acculés à la volonté de promoteurs immobiliers peu scrupuleux.
Han Han, l’un des blogueurs les plus réputés en Chine, a été un des premiers à noter la similarité entre la fiction et la réalité sur son blog : « Pour les spectateurs dans d’autres pays, ce genre d’éxpulsion brutale st quelque chose qui dépasse l’imagination. Cela pourrait seulement se passer sur une autre planète – ou en Chine ».
A Wuxi, ville au Sud, un complexe a annoncé sur son site qu’Avatar sera retiré des écrans samedi sur instructions de la China Film et que ceux qui ont acheté des billets à l’avance à partir de cette date seront donc remboursés. Le message a depuis été retiré du site. Interrogé par l’agence China News, le cinéma a parlé d’une erreur à propos du message. En revanche, il a confirmé que la version en 2D serait retirée de l’affiche.
La version en 3D d’Avatar sera de son côté maintenue. Un risque calculé puisque qu’avec près de 900 écrans 3D dans toute la Chine, souligne le Times, les spectateurs chinois n’auront pas d’autre choix que de se ruer sur Confucius pendant les vacances.
Tiré à 2500 copies en Chine – un record historique -, le film sur la vie du grand sage, figure bannie sous la révolution culturelle avant d’être réabilitée pour servir aujourd’hui de ciment national, sera visible dans tous les cinémas du pays, se sont vantés ses producteurs.
A voir aussi :
Le blockbuster patriotique chinois en route vers un record au box-office
