La Chine profite cette année des vacances du Nouvel an chinois, période où 70 millions de personnes voyagent sur les rails, pour exhiber ses premiers trains à grande vitesse, en prenant soin cependant de ne pas mettre en avant leurs origines étrangères.
Le ministère des Chemins de fer a annoncé avec fierté l’entrée en service commerciale des 15 premières locomotives des trains à grande vitesse chinois, siglées CRH (d’après l’acronyme en anglais, China Railway High-speed) pour cette période du Nouvel An généralement critique pour un réseau ferroviaire saturé à la fois par la masse des voyageurs et des marchandises.
« Le principal objectif de la mise en service commerciale de ces trains est d’accroître la capacité de transport des voyageurs pendant la période des congés de la nouvelle année et en même temps d’accumuler de l’expérience pour la mise en service officielle », explique un porte-parole du ministère, Liang Chenggu.
Si l’année du cochon démarre dimanche, il faudra en effet attendre le 18 avril pour voir ces trains atteindre leur vitesse de croisière, entre 200 et 250 km/h, date prévue par le ministère pour « la sixième augmentation de vitesse » depuis 1997.
Pour l’instant, ces trains utilisés à partir de Shanghai et de Canton ne roulent qu’à 160 km/h, mais les autorités chinoises ne se privent pas de vanter ce qu’elles présentent comme un succès technologique de la Chine.
Selon M. Liang, « la Chine maîtrise désormais la technologie de base des trains allant à plus de 200 km/h ».
« Le CRH montre que le ferroviaire chinois (…) est entré dans l’ère nouvelle de la grande vitesse », poursuit-il, soulignant que « le ministère possède des droits de propriété intellectuelle propres ».
La Chine, quatrième puissance économique mondiale, affiche clairement l’ambition de développer sa propre technologie dans des secteurs clefs comme le ferroviaire ou le nucléaire pour ne plus être simplement l’atelier du monde.
Pourtant, ces premiers exemplaires ont été principalement fabriquées à l’étranger dans le cadre de contrats avec transferts de technologie signés avec les grands du secteur, le japonais Mitsubishi-Kawasaki, le canadien Bombardier, le français Alstom et l’allemand Siemens.
Le premier train du modèle réalisé en Italie par le Français Alstom doit être lancée à partir du 18 avril.
« Notre premier train arrivé à Changchun (nord-est) le 31 janvier, on lui mettra probablement des couleurs chinoises et on dira que c’est un train fait en Chine. Ce n’est pas tout à fait vrai, les suivants, oui, car ils seront fabriqués progressivement en Chine », indique le président du groupe Alstom en Chine, Alain Berger.
« Tout le monde sait, autant la presse que les spécialistes, que les trains en question ont été faits avec de la technologie étrangère. Mettre sur le train China Railway High-speed, c’est un problème d’ego, ce n’est pas très important », ajoute-t-il.
Au total, 60 trains seront livrées par Alstom.
Cependant, explique une source industrielle occidentale qui travaille dans le ferroviaire, « on n’a jamais eu des transferts de technologie de cette ampleur, on ne sait pas comment cela va évoluer et comment les étrangers continueront à tirer leur épingle du jeu ».
Pékin a prévu de construire 11 lignes à grande vitesse uniquement pour le transport de passagers, la première devant être ouverte avant les jeux Olympiques en 2008 entre Pékin et Tianjin.