Après avoir courtisé la Chine au cours de sa première année de mandat, le président Barack Obama a montré qu’il était prêt à défier Pékin à propos de Taïwan ou du dalaï lama, tout en espérant que cette querelle récente sera passagère.

L’administration Obama a scellé la semaine dernière un contrat d’armement de plus de 6,4 milliards de dollars avec Taïwan. Après l’annonce de cette vente, la Chine, qui considère Taïwan comme une province rebelle appelée à réintégrer son giron, a suspendu ses échanges militaires avec les Etats-Unis et annoncé des « sanctions appropriées envers les sociétés américaines impliquées ». Barack Obama pourrait à nouveau croiser le fer avec la Chine dans les semaines qui viennent s’il rencontre le dalaï lama. Les deux nations ont aussi un certain nombre de querelles commerciales à régler comme la menace de Google de quitter la Chine.
« Il devenait clair que Pékin n’allait pas coopérer sur l’Iran et donc qu’il n’y avait plus de raison de ne pas vendre d’armes » à Taïwan, a déclaré Douglas H. Paal, un ancien responsable des affaires chinoises à Washington. La Chine fait partie du groupe des Six chargé de négocier avec le régime de Téhéran, que les grandes puissances soupçonnent de vouloir se doter de l’arme nucléaire. Après le refus de l’Iran d’accepter l’enrichissement à l’étranger de son uranium, la Chine continue de privilégier la voie du dialogue, alors que les Etats-Unis penchent pour de nouvelles sanctions.
Barack Obama avait commencé son mandat avec la promesse d’accentuer la coopération entre les deux pays sur des dossiers allant du changement climatique jusqu’à la relance de la croissance mondiale. Mais il est revenu à une posture défensive après un voyage en Chine en novembre au cours duquel aucun geste de bonne volonté ne lui a été réservé: son discours n’a même pas été diffusé à la télévision dans tout le pays.
Un mois avant, Barack Obama avait pourtant pris soin de ne pas rencontrer le dalaï lama lors de sa venue à Washington pour ne pas hypothéquer son déplacement en Chine. La Maison Blanche avait alors indiqué que le président rencontrerait le leader tibétain à une date ultérieure. Le dalaï lama est attendu aux Etats-Unis en février. Il doit donner une lecture publique à Los Angeles le 21 février. Mardi, la Chine a mis en garde Washington contre une éventuelle rencontre avec le dalaï lama, estimant qu’elle « minerait sérieusement » les relations Chine-USA.
Pour Walter Lohman, du centre d’études asiatiques d’un groupe de réflexion conservateur, la fondation Heritage, Barack Obama ne pourra éviter à nouveau une rencontre avec le chef spirituel des Tibétains en exil, qualifié par Pékin de séparatiste. « Là, ce sont les Chinois qui en demandent trop. Ce sont les seuls au monde à avoir une mauvaise image du dalaï lama », explique Walter Lohman. « Le vrai problème c’est d’avoir donné l’impression aux Chinois que les Etats-Unis suivraient leur avis à propos du dalaï lama », dit-il.
Nina Hachigian, une ancienne universitaire du Center for American Progress balaye d’un revers de la main les accusations selon lesquelles Barack Obama aurait été trop faible sur le dossier chinois. « Même si ce n’était pas le but, je pense que la livraison d’armes devrait mettre fin aux jugements ridicules selon lesquels Barack Obama a été trop déférent avec la Chine », dit-elle. « Il n’est dans l’intérêt de personne que la relation (entre les deux géants) déraille, donc après un certain temps, elle reviendra sur des rails », assure néanmoins l’experte.
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