Pendant des années, Bleu de Chine et sa fondatrice Geneviève Imbot-Bichet. ont permis au public français de découvrir l’étendue et la diversité de la littérature chinoise. Cette petite maison d’édition vient d’être reprise par Gallimard : une nouvelle aventure commence pour Geneviève Imbot-Bichet.
Trois livres viennent de sortir sous l’étiquette Bleu de Chine-Gallimard : Mon petit coin du monastère de Bei Bei, Lèvres pêche de Cui Zi’en et Un vol de Yu Jian.
« Mes choix reçoivent l’aval d’Antoine Gallimard et nous avons tenu à garder le logo et le nom de Bleu de Chine » explique Geneviève Imbot-Bichet, qui par ailleurs est également chargée des missions culturelles à la Maison de la Chine.
« Deux autres livres vont être publiés cette année encore. Je veux me limiter à cinq titres par an, car je souhaite pouvoir donner du temps aux traducteurs et assurer la qualité des publications » poursuit la fondatrice de Bleu de Chine, qui reste directrice de la nouvelle collection.
Les traducteurs – Françoise Naour pour le livre de Bei Bei, Sylvie Gentil pour celui de Cui Zi’en et Li Jinjia et Sebastian Veg pour celui de Yu Jian – ont effectivement fait un travail remarquable.
« Il y a une véritable « fulgurance » dans ces traductions, il n’y a pas de trahison du texte mais la traduction n’est pas littérale, elle n’est pas terne tout en restant fidèle à l’esprit de l’original » .
Geneviève Imbot-Bichet, parfaitement sinophone, se rend régulièrement en Chine et observe avec attention la production littéraire du pays: « il y a une grande partie qui est médiocre, qui a été écrite trop vite, dans l’urgence et qui se base sur des phénomènes de mode. Même si certains rencontrent des succès phénoménaux, je pense que le public français aurait du mal à s’y intéresser. Je suis parfois aussi déçue par des auteurs confirmés qui s’adaptent trop au goût étranger…Mais il y a encore plein de belles choses à découvrir ! ».
Bleu de Chine Gallimard s’y emploie donc avec ces trois premiers livres qui offrent une diversité non seulement géographique par l’origine des auteurs mais aussi et surtout littéraire en passant du polar avec Bei Bei au roman avec Cui Zi’en et au poème avec Yu Jian.
« Bei Bei, qui vient du Fujian, parle de la Chine d’aujourd’hui, résultat entre autres de la Révolution culturelle; Cui Zi’en qui lui vient Harbin, écrit sur l’homosexualité en Chine, c’est d’ailleurs le premier roman sur ce sujet encore tabou publié dans le pays ; Yu Jian qui est né à Kunming et qui le revendique, a écrit un long poème narratif évoquant un voyage à la fois réel et symbolique. Cela montre qu’on ne peut pas voir la littérature chinoise uniquement sous un angle politique, il n’y a pas que les romans interdits dignes d’être publiés à l’étranger mais je ne me fais pas d’illusions, la censure et l’autocensure font que des trésors doivent être enfouis dans des tiroirs et qui ils seront peut être découverts un jour », estime Geneviève Imbot-Bichet.
D’ici à ce que tous les auteurs chinois puissent travailler, nous aurons le temps de découvrir avec bonheur ceux qui ont eu la chance d’être édités par Bleu de Chine-Gallimard…
Un Vol de Yu Jian, traduction de Sebastian Veg
Mon petit coin du monastère de Bei Bei, traduction de Françoise Naour
Lèvres pêche de Cui Zi’en, traduction de Sylvie Gentil
Le site de Bleu de Chine Gallimard: http://www.gallimard.fr/catalog/html/actu/index/index_bleudechine.html