En alliant la musique classique et les arts martiaux au hip hop, la troupe de danse Kafig a gagné par K.O. le cœur du public hongkongais avec Boxe Boxe.

« Venant du Hip Hop je suis plutôt habitué à des musiques aux rythmes un peu binaires, créer de la danse, du mouvement, une chorégraphie sur de la musique classique, c’était complètement nouveau, complexe et compliqué ! C’était un véritable défi pour moi » explique le fondateur de la compagnie Kafig, Mourad Merzouki.
Lorsqu’il commence à écrire « Boxe Boxe » en 2009 (le titre est un hommage à la chanson de Claude Nougaro « quatre boules de cuir »), le chorégraphe lyonnais souhaite monter un spectacle réunissant les arts martiaux et le cirque (qu’il a découvert dès l’âge de sept ans) avec le Hip Hop qu’il danse depuis plus de quinze ans.
« J’avais envie d’imaginer une gestuelle qui réunisse le Hip Hop qui est mon histoire et la boxe. Le directeur de la Maison de la Danse de Lyon m’a proposé de rencontrer un quatuor à cordes et je me suis dit qu’effectivement le lien avec le classique pourrait être intéressant, apporter un certain décalage, une certaine poésie au spectacle ».
Sur la scène hongkongaise, les neuf danseurs de la troupe et le quatuor à cordes Phildias ont relevé le défi avec brio, entraînant un public subjugué dans leur incroyable « combat » artistique.
Sur des airs de Schubert, Verdi, Glenn Miller, Mendelssohn, les chorégraphies s’enchaînent avec précision dans un univers où la violence originelle du ring, des gants de boxe, des punching balls et autre sac de sable est adoucie par la poésie et la beauté dégagées dans chacun des tableaux.
Des tableaux qui se succèdent avec des touches de couleurs et des clins d’œil, au cinéma muet de Charlie Chaplin, à la délicatesse des gestes du Mime Marceau et des Frères Jacques, à la douce folie de Jerry Lewis…
« Si certains peuvent penser que la danse contemporaine est difficile d’accès, le succès de ce soir prouve le contraire. Les artistes ont une énergie incroyable, la musique est extraordinaire, les décors et les lumières sont de très grande qualité et ce n’est pas étonnant que le public se soit laissé emporter par le spectacle » soulignait le consul général de France Arnaud Barthélémy à l’issue de la dernière représentation.
Les artistes aussi ne cachaient pas leur joie devant l’accueil du public hongkongais « j’ai eu un véritable coup de cœur pour cette ville, pour son atmosphère, c’est une expérience très positive, j’espère que nous reviendrons très vite » témoigne le danseur Steven Valade qui, dans un costume atypique révélant un embonpoint proche de celui du « Père Lustucru » des publicités, joue le rôle de l’arbitre et fait le lien entre les différents tableaux du spectacle.
« Je suis ravi que le public hongkongais ait été séduit, comme le public parisien par Boxe Boxe. C’est une forme de danse éminemment populaire et ce mixage entre cette culture urbaine issue du Hip Hop et la musique classique est tout à fait pertinent. C’est un grand bonheur ! » se réjouissait en coulisses le conseiller de coopération et d’action culturelle Gilles Bonneviale, se faisant ainsi le porte parole de toute l’équipe organisatrice du French May.
Le public est resté chaque soir debout pendant de longues minutes, applaudissant à tout rompre la troupe qui, dans le dernier tableau, lui offrait un bouquet final digne de la scène du Moulin Rouge… Un French Cancan version vingt et unième siècle, joyeux, avant-gardiste, populaire et typiquement français, imaginé par Mourad Merzouki qui n’aurait certainement pas déplu à Jacques Offenbach…
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