C’est désormais jusqu’à Pékin qu’il faut se rendre pour dégoter des perles musicales françaises. Une enfance en Afrique, un bout de chemin à Paris et une expatriation en Asie… Byga bourlingue et roule sa bosse, mais quel que soit le continent, il garde les pieds sur terre.


Sur la table, des partitions griffonnées et dans un tiroir, des piles de disques rangés par ordre alphabétique. Il se met à fredonner Pickpocket de Mathieu Chedid avant de glisser un CD de Biolay dans le lecteur.
Journaliste économique et chanteur guitariste « Byga » cultive une curieuse ambivalence. Ni tout à fait Jekyll, ni tout à fait Hyde. Journaliste le jour et musicien la nuit, il fait un poétique pied de nez aux conventions des médias : ce que le journalisme ne lui permet pas d’exprimer, il le fait en musique : « le journal est un média puissant, la musique un média infime. J’avais le choix entre parler d’un sujet imposé à pleins de gens ou d’un sujet choisi à un public restreint. J’ai choisi de faire les deux » confie-t-il.
Le voilà qui pose alors mots et notes sur la complexité de la vie, du coup de blues de la trentaine aux opinions politiques bien tranchées.
De nombreuses cordes à son arc
« Depuis que je suis tout petit, je chante tout le temps, je rêvais de devenir chanteur. J’ai un rapport primitif, intuitif à la musique ». Après dix ans de piano au conservatoire, l’artiste quitte le domicile familial pour HEC Paris et embarque une guitare, à défaut de pouvoir faire voyager son piano. Entre ses cours d’éco, il gratte et compose. D’abord en Anglais. Puis décide de jouer franc jeu en écrivant ses textes en Français quelques années plus tard, laissant tomber les masques : « écrire en français me permet d’exprimer précisément ce que je ressens. La langue française est une langue abstraite, pleine de concepts très fins » explique-t-il.
Perfectionniste, il prend autant de plaisir à choisir le bon mot pour ses articles éco que pour ses chansons, avec cette différence que la musique lui permet une véritable liberté de rédaction : « je choisis le thème, le registre de langue, le point de vu… Il y a une véritable dimension ludique dans la chanson ».
Légèreté sur fond d’amertume
Ses influences sont un melting-pot d’inspirations diverses ; si Gainsbourg ou Brassens nourrissent son goût pour les mots, il colore allègrement la langue française par des rythmes de musique noire aux accents reggae, à deux pas de la Mano Negra ou de Keziah Jones, selon l’humeur.
Lorsque l’on écoute Byga d’une oreille, on ne retient que l’énergie positive et les rythmes entrainants. Mais Byga s’apprécie vraiment lorsque l’on prend le temps de l’écouter des deux oreilles. C’est alors que l’on comprend la complexité de sa musique et l’on réalise que le musicien préfère siffloter que de cracher sur ce qui le révolte. L’alchimie opère et rien ne va mieux ensemble que l’humour et les idées lorsque les deux sont noirs. Car c’est avec légèreté que Byga maquille nostalgie, trouilles, ivresses et rêves de gamin derrière ironie et second degré.
Nous voici embarqués dans sa bulle, claquant du pouce et de l’index sur ses amertumes et coups de gueule, amusés de son autodérision, séduits par ses mots et sa guitare grattée avec énergie.
Sa double facette fait son talent. Car Byga est un tout, un condensé de contradictions et de tiraillements, entre journaliste et chanteur, classique et musique noire, pensées sombres et légèreté, nostalgie et humour, on plonge tête baissée dans ce dilemme cornélien qui fait du bien.
Prochains rendez-vous, à Pékin :
– le 7 septembre au Blue Stream, 183 Jiugulou Dajie , Xicheng district
– le 14 septembre au VA Bar, 13 Wudaoying Hutong
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