L’opéra français le plus joué au monde revient pour la deuxième année consécutive le temps de huit représentations. Nous avons assisté à une répétition.

En arrivant dans la salle de répétition, les danseurs et choristes sont en train de clamer « Toréador », et on ne peut s’empêcher d’humer l’air et hocher la tête en rythme.
On ne présente plus Carmen, un des opéras les plus connus au monde.
Le succès de Carmen est non seulement dû à son héroïne, la femme fatale au sang chaud – quelle femme ne s’est pas dit « Carmen, c’est moi ! » – mais à toute la mystique qui l’entoure.
Créée en 1875 par Georges Bizet, l’œuvre fait définitivement partie des grands classiques, mais s’adapte pourtant avec une certaine aisance au monde contemporain. L’opéra comique a été joué pour la première fois en Chine il y a trente ans, en chinois. Et on y revient toujours.

La troupe, attachée au Grand Théâtre de Pékin, est essentiellement composée de Chinois. Les rôles principaux sont interprétés par différentes nationalités : belge, hongroise, américaine, portoricaine et chinoise…
Ils chantent cependant tous en français – le premier challenge. Renaud de Spens, le répétiteur de français et l’assistant du metteur en scène, explique qu’il y a eu dès le départ la volonté de faire une production réaliste, non seulement par l’utilisation de la langue d’origine, mais également en gardant le contexte en Espagne.
« C’est une troupe jeune, ce qui diffère des troupes occidentales. Et Carmen connaît un tel renom, c’est une pierre d’angle en Chine. Sans parler de la musique que tout le monde connaît » nous explique-t-il.
Cette année, c’est Duncan Macfarland qui est aux commandes. Le metteur en scène avait déjà assisté l’année précédente la directrice du projet, Francesca Zambello. Aidé par une assistante chinoise qui traduit au fur et à mesure, il pousse la troupe jusqu’à la perfection.
« Par rapport à l’année dernière, le travail de fond a déjà été effectué. Il n’y a pas la phase d’exploration, mais l’on doit se réinventer comme si c’était la première fois. Maintenant, il faut aller au plus profond de chacun, c’est un investissement personnel dans la performance » explique-t-il.
Le metteur en scène explique que la scène est un terrain de jeu. Même si des difficultés peuvent se trouver sur le chemin, « il y a une Bible commune, l’œuvre de Bizet. Ils savent tous où aller et quoi faire ».
« Le plus gros travail pour les Chinois, c’était de jouer la sensualité, et les faire bouger comme des espagnols. A l’époque, Carmen avait tout de même fait un gros scandale » explique Renaud de Spens.
Duncan Macfarland le confirme mais précise que « nous sommes tous des adultes ici. La pudeur est laissée en coulisse. Nous devons donner une performance et les danseurs doivent se transporter et devenir de bons acteurs ».
Quoi qu’il en soit, si sur scène se dégage autant d’énergie que dans la salle de répèt’, courrez-y. On ne se lassera probablement jamais de l’air de «L’amour est un oiseau rebelle ».
Carmen se joue du 9 au 14 avril au Grand Théatre de Pékin
Pour acheter les billets, consultez le site piao.com.cn
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Il y a deux équipes d’acteurs. Les deux Carmen sont toutes deux exceptionnelles, mais le Don José interprété par Brandon Jovanovich est le plus émouvant, pour l’avoir déjà vu… C’est aussi le plus fameux, il risque d’être le plus demandé, attention donc à l’achat de ticket !