La diplomatie américaine, qui avait recueilli le dissident chinois, l’a finalement remis aux autorités chinoises, dans ce qui ressemble à une débâcle sans précédent.

Chen Guangcheng, joint par des journalistes depuis son lit d’hôpital, s’est enfin exprimé. Après 6 jours calfeutré à l’ambassade américaine, il a pu communiquer avec ses proches, écouté le récit de leur calvaire après sa fuite. Et il a compris qu’il ne pouvait pas rester en Chine : » Je suis en danger, explique-t-il à CNN, si vous pouvez joindre Hillary, j’espère qu’elle peut m’aider à quitter la Chine avec ma famille ». Des propos en contradiction totale avec les déclarations des officiels américains, qui affirmaient que Chen avait quitté l’ambassade de son plein gré.
En fait, l’avocat autodidacte affirme que les diplomates n’ont cessé de l’inciter à quitter la mission diplomatique. En lui promettant un avenir protégé en Chine, grâce à un accord avec Pékin. Mais là aussi, Chen crie à l’injustice : »on ne m’a pas donné toutes les informations pour prendre la bonne décision. On m’avait promis que des officiels américains resteraient avec moi à l’hôpital. Or dès que je suis arrivé ici, je me suis retrouvé tout seul. Je suis très déçu par les Américains, j’ai un peu l’impression qu’on m’a menti ».
Le défenseur des femmes stérilisées de force dans le Shandong vivait un abominable enfermement à domicile depuis 2010. Des miliciens entouraient sa maison, le battaient fréquemment, empêchaient sa femme et sa petite fille de quitter leur domicile, devenue une prison. Chen craint aujourd’hui d’y être renvoyé : « Tout peut m’arriver. J’espère que le gouvernement américain va nous protéger et nous aider à quitter la Chine, selon ses valeurs qui sont de protéger les droits de l’homme ».
Du côté américain, on est plus qu’embarrassé. Le Département d’Etat affirme que M. Chen a pris librement sa décision de quitter l’ambassade, qu’il a répété son consentement devant les officiels. Mais il est clair que la diplomatie US était pressée de trouver une issue à la crise, alors qu’Hillary Clinton débarquait à Pékin pour des discussions prévues de longue date. Commerce, monnaie, conflits maritimes en Asie, Corée du Nord, l’agenda entre les deux grandes puissances est surchargé. Il fallait permettre à ce rendez-vous d’être débarrassé de l’affaire Chen Guangcheng.
Une affaire qui va rebondir désormais à Washington, où l’équipe de Mitt Romney, le probable candidat républicain contre Barack Obama à la fin de l’année, a commencé à critiquer la débâcle diplomatique.
A Pékin, au contraire, on a quelques raisons de se réjouir. Quelques semaines après le scandale Bo Xilai, cette nouvelle affaire mettait à nouveau en lumière les ratés de la sécurité d’Etat. Le régime a retourné la situation à son avantage, blâmant les officiels du Shandong pour la situation de Chen, que la presse officielle décrit comme un militant local sans aucun intérêt… D’ailleurs, on le laisse parler aux journalistes étrangers, preuve d’une certaine confiance de Pékin. Ca tombe bien, désormais Chen ne critique plus la Chine, mais s’en prend aux Etats-Unis. On peut y voir un effet du traitement qu’il a reçu à l’hôpital.
Personne ne connait le sort de Chen Guangcheng. Si la sécurité d’Etat le reprend en main, il disparaitra à nouveau des radars, dans une nouvelle résidence surveillée, comme désormais ceux qui l’ont aidé dans sa fuite. Si les « réformistes » pékinois imposent leur vue, il pourrait bénéficier d’un régime nouveau pour un dissident, une semi-liberté contre probablement une promesse de silence. On peut toujours rêver, comme Hillary Clinton, à ce qu’il puisse « étudier le droit dans une université chinoise »… Mais on n’a jamais vu Pékin jouer les assistantes sociales auprès des dissidents.
Les Etats-Unis, d’ailleurs, le reconnaissent. Ils ont fait preuve de pragmatisme dans une situation diplomatique compliquée. Kurt Campbell, le sous-secrétaire d’Etat à l’Asie, dépêché dès dimanche sur place pour gérer la crise, diplomate expérimenté aux négociations avec les chinois, l’a avoué dans la nuit : » Nous n’avons aucune garantie pour l’avenir de Chen Guangcheng. Mais c’est la vie qu’il a choisie ».
L’affaire marque probablement un tournant dans la relation entre l’Amérique et la Chine. Il y a quelques semaines, Wang Lijun se réfugiait au consulat américain de Chengdu pour se protéger de Bo Xilai, déclenchant le pire scandale de la Chine moderne. Après 24h, il fut remis aux autorités chinoises, on n’a plus entendu parlé du policier de Chongqing depuis…
Aujourd’hui, c’est à Chen Guangcheng que la protection américaine semble faire défaut. Washington, considéré par les militants chinois comme un refuge, voit son étoile sérieusement pâlir auprès des dissidents. Peut-être le pire fiasco de la diplomatie américaine sous Obama.
A voir également en vidéo, la folle journée de Chen Guangcheng
A lire sur le même sujet : l’incroyable échappée de Chen Guangcheng
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
-
Envoyez cette page à un ami
Je ne comprend pas l’insistance de cet article à charger Pékin dans cette affaire alors que Mr. Chen lui-même s’adresse à Wen Jiabao comme à quelqu’un qui peut l’aider.
L’auteur de l’article saurait mieux que le dissident où sont ses ennemis ?
Je n’y comprend rien.
Excellent ! Quelle imagination !
Fallait y penser quand même !
Je pense que Jean, tu n’as pas beaucoup lu la presse depuis hier… Regarde les déclarations de Chen…
Je n’ai vu que là où il dit que sa priorité est la réunion et la sécurité de sa famille.
Avant, j’avais vu quand il dénonçait ce qu’il avait subit, mais ça, c’est précisément dans sa viédo adressée à Wen Jiabao pour lui demander de protéger sa famille.
Je suis effectivement perdu.
Chen a visiblement été abusé…
Ha, j’ai aussi trouvé qu’il prie Obama de l’aider à aller aux USA avec sa famille…
Mais pour le moment, c’est bien contre le gouvernement LOCAL qu’il réclame protection… non ?
Enfin c’est ce que j’avais compris de l’article concernant la vidéo. Je m’étais d’ailleurs dit à ce moment que cette vidéo était une démarche nouvelle et intéressante : interpeler Wen Jiabao comme un soutient. Et j’étais impatient de voir la suite…
Mais la suite a été plus que surprenante.
J’espère que les prochaines surprises seront bonnes.
Que je sache, il ne s’est pas réfugié au Grand Hall du Peuple… Mais à l’ambassade américaine…
Oui. Et c’est vrais aussi que ce n’est pas de derrière un écran qu’on peut comprendre et expliquer les agissements d’un homme dans une situation aussi critique et extra-ordinaire que la sienne.
Il a clairement fait ce qu’il y avait de mieux à faire. Mais ses intentions et sa position vis-à-vis de Pékin perd en lisibilité. Mais après tout, il est très clair. Sa priorité est la sécurité de sa famille. Il suffit sans doute de conserver cet angle de vue pour comprendre.
Jean, tu penses que le gouvernement CENTRAL ne savait rien des agissements du gouvernement LOCAL ?
Entre ne rien savoir et tout savoir, ça fait une différence. Il y a clairement des choses cachées, à chaque niveau hiérarchique on le voit. Il y aurait exception en haut de la pyramide ?
En fait, je n’ai aucune idée du degré de connaissance des top leaders de la situation locale. Je ne vois pas comment ils pourraient tout savoir, il y a forcément un niveau de « détail », thème par thème, en dessous duquel un haut responsable est dans l’ignorance.
Je ne sais pas pour quel thème ils sont mieux renseignés et pour quel autre ils s’en fichent complètement, mais sans ce genre de filtre, ils ne pourraient rien faire d’autre que s’informer.
Je ne présume rien dans ce cas précis. C’est juste qu’à lecture d’ALC, il semblait que Chen Guangchen lui-même avait jugé utile d’informer Wenjiabao de son cas.
Mais il est vrais qu’il a pu faire cette démarche même en pensant qu’elle avait peu de chance d’aboutir.
En fait, le pouvoir en Chine, contrairement a ce qu’on pourrait penser, est tres decentralise, bien plus qu’en France. Pour les affaires comme celle de Chen, consideree comme une affaire purement locale, les autorites locales font ce qu’elles veulent, Pekin n’ayant pas son mot a dire.
Je crois que pour comprendre la Chine, il faut eviter de la regarder avec nos yeux d’occidentaux, ou un Etat central fort comme en France se chargerait de tout. Non ca ne marche pas comme ca en Chine.
Mon Dieu, ce qu’il ne faut pas lire…
Le cas de Chen est suivi par la presse et les chancelleries occidentales depuis des années. Ils en ont fait un symbole. Même Christian Bayle a tenté de lui rendre visite (pour sa propre image sans doute…)
Dans ces conditions, il est bien évident que Pékin ne s’intéresse pas du tout à l’affaire, pas vrai Endirectdechine ?
Votre mauvaise foi est grotesque.
Le terme « grotesque » me semble beaucoup trop fort pour qualifier la remarque de EnDirectDeChine. Ayant pratiqué la Chine à différents niveaux de la hiérarchie, j’ai été aussi frappé par la décentralisation et la relative indépendance des autorités provinciales. Les autorités centrales ne sont bien sûr pas dupes; elles savent parfaitement que les bavures abondent dans tout le pays mais elles naviguent cyniquement entre des intérets contradictoires. Elles sont à la fois critiques et complices de ces pratiques (et d’ailleurs au sein des autorités centrales, il doit y avoir des divergences quant à la façon de traiter ces problèmes). Tout se passe par des réseaux d’intérets, d’influences et de corruptions mutuelles; le fait que les chancelleries étrangères s’occupent du problème va augmenter la méfiance maladive des gouvernants chinois à l’encontre des « ingérences » car ils savent bien que rien n’est innocent dans toutes ces manipulations, ce qui n’est bien sûr pas une excuse pour justifier le traitement honteux dont sont victimes des citoyens chinois comme M.Chen..
Quand M.Chen s’adresse à Wen Jiabao, il s’adresse à un des hauts cadres qui semble le plus vouloir instaurer un état de droit. Cela peut donner des arguments aux partisans d’une réforme des pratiques répressives chinoises.
Evidemment, Christian Bayle… Les autorites chinoises de Pekin, contrairement aux autorites francaises, ne calque pas sa politique sur l’emotion ou l’emballement mediatique (cf. les mille articles d’aujourd’hui la chine sur Chen). Elles ne regardent que sur le long terme, tres rarement sur des sujets mediatiques de l’instant.
Nous francais, nous avons beaucoup de mal a comprendre cela, car nous aimons reagir a l’emotion et a l’emballement mediatique, ce qui explique l’incomprehension devant la non intervention des autorites centrales sur le cas particulier Chen. Seules les personnes connaissant le fonctionnement des gouvernements chinois et son niveau de decentralisation, comme helun, peuvent comprendre.
Pekin n`ayant pas son mot a dire aux autorites locales ? Tu mesures bien ce que tu dis ?
Le gouvernement Central sait tout, et les actes du gouvernement local du Shandong ont été approuvées certainement par le gouvernement central. ça c’est sûr.
enphance
L’affaire de Chen est consideree comme ayant trop peu d’importance pour etre traite directement par Pekin. Elle releve par consequent uniquement des affaires des autorites locales.
La Chine ce n’est pas comme la France ou le president de la Republique peut intervenir directement dans des affaires assez minimes genre la liberation d’une Francaise condamnee pour trafic de drogue au Mexique.
Le gouvernement central en Chine n’intervient seulement que sur les questions d’Etat (orientation economique generale, alliance avec la Russie, affaires militaires, construction du plus grand barrage au monde etc.). Avant l’implication de l’ambassade des Etats-Unis, l’affaire Chen etait consideree comme quelque chose de mineure.
C’est en realite une maladie completement francaise ou des affaires de chien ecrase attire tant l’attention. Il faut savoir que ce n’est pas le cas en Chine.
Par contre, la carrière des dirigeants locaux dépend principalement du parti.
Mais ceci à (au moins) deux effets contradictoires par rapport à cette question de la vision que le gouvernement central pourrait avoir de la situation locale.
L’un est de suivre le plus rigoureusement possible les volontés de Pékin, l’autre est de dissimuler tout ce qui pourrait déranger. « pas de vague ».
Il faut donner l’image d’un gestionnaire fidèle et obéissant mais aussi faire croire qu’on a su gérer tous les problèmes conformément à la propagande, ce qui impliquerait qu’un Chen Guangchen n’existe tout simplement pas ou au pire ait été traité selon les règles en vigueur qui pour la plupart sont vertueuses ou veulent l’être.
Je ne saurais donc pas autrement étonné que Wen Jiabao ignorait ce qui se passait dans cette affaire au niveau local. Il est possible qu’il n’ait même pas vu la vidéo qui lui était adressée.
Donc Jean tu dirais que la Chine n`a pas de service de renseignement assez efficace, pour savoir ce que les medias etrangers savent ?
Manubj, penses-tu que les gouvernants savent tout ce que savent les services de renseignements ?
Je doute aussi que les services de renseignements chinois passent beaucoup de temps à enquêter sur les mauvais traitements faits aux dissidents.
A tord sans doute, la Chine aurait beaucoup à y gagner.
A contrario, c’est la préoccupation principale des médias occidentaux.
A tord aussi, car ça n’aide pas leurs lecteurs à savoir ce qui se passe en Chine.
Jean, je pense qu`en general tu as raison, mais que dans ce cas particulier (CHEN Guangcheng) tu as tort.
En effet, les medias etrangers nous bassinent depuis des annees avec CHEN Guangcheng, comment imaginer que les autorites centrales (sans que ca ne remonte forcement aux oreilles des 2 premiers) ne soient pas au courant ?
Mon avis aussi est que prendre en compte les opinions occidentales, est un souci permanent ici, ne serait-ce que pour le facteur economique.
il y a trop d’informations ces derniers jours, dont certaines sont contradictoires. Aujourd’hui, Chen a demandé à Guo Shanyu, un autre dissident chinois, de publier une déclaration, dans laquelle il a indiqué qu’il se rendrait aux Etat-Unis pour faire un voyage au lieu de demander un refuge politique et qu’il reviendra en Chine dans quelques mois. Il a également déclaré qu’il est reconnaissant pour ceux que l’ambassade a fait pour lui, et l’ambassade américaine à Beijing ne l’a pas incité à sortir de façon directe ou indirecte. .
enphance
Je pense qu’En direct de Chine est de bonne foi. Pékin réussit à faire porter le poids des fautes aux « autorités locales », et parvient à faire croire que les bons dirigeants centraux n’y sont pour rien. L’hyprocrisie de Wen Jiabao est à ce titre exemplaire.
Si il y a une chose que le Gouvernement Central ne pardonnera pas aux cadres du Shandong, c’est que les étrangers sont maintenant au courant suite à la gestion maladroite de cette affaire. Le malheureux Chen serait disparu à la trappe sans que personne n’en sache rien, les autorités centrales s’en moqueraient comme de l’an quarante!
Un cadre chinois m’avait confié qu’en cas de catastrophe naturelle humaine, politique etc…, la première chose qui préoccupe les autorités, c’est « Est-ce que les étrangers sont au courant? » Curieux mélange de fierté nationale (tout incident porte atteinte à la « face » du super-clan que constitue la Chine) et de réaction de fermeture xénophobe. Sur un plan plus pratique, toute vilaine affaire peut être gênante sur un plan international (influence politique, gros contrats…).
Je voudrais rajouter un point sur la décentralisation. Elle peut aussi fonctionner de façon positive. Durant le règne honni de « la Bande des Quatre » (1966-1976), les autorités locales atténuaient parfois la rigueur des exigences centrales, n’appliquaient pas à la lettres les directives trop contraignantes mais envoyaient au centre les rapports qui allaient bien dans la langue de bois officielle et tout le monde était content!
C’est un peu court de qualifier de fermeture xénophobe le souci de conserver le secret sur les drames (et aussi sur les faiblesses). Il s’agit simplement de protection des intérêts du pays. Sur une planète libérale, un gouvernement qui n’aurait pas ce soucis commettrait une faute professionnelle envers son pays.
Nous avons du mal à comprendre cet aspect des choses parce que nous venons d’un pays solide, puissant et où presque tout est sous contrôle. La transparence à l’échelle internationale ne peu pas nous nuire.
La Chine sort à peine de la misère et elle est classée communiste, camp qui a aussi été et est encore haï des plus grands prédateurs de cette planète. Il me semble malvenu de railler ses mécanismes de défense même s’ils nous apparaissent puérils ou dérisoires.
Le secret est effectivement la règle, à tous niveaux, lorsque quelque chose de non voulu se produit. Et ça conduit effectivement parfois à des comportements dangereusement contre-productifs. Chen Guangchen aura au moins réussit à mettre ses persécuteurs dans la mouise.
Centralisation bonne ou mauvaise ? Effectivement, ça dépendra toujours.
Si tout le monde était droit, honnête, la décentralisation aurait systématiquement l’avantage. Mais dans la vraie vie, ça dépendra de quand, qui, où, à quel sujet…
Mais enfin depuis 2006 le gouvernement central a reçu des centaines de communications diplomatiques sur Chen Guangcheng… Plus les milliers de reportages des médias… Même Batman ! Helun vous croyez vraiment qu’ils découvrent le problème aujourd’hui . Le gouvernement central est directement responsable, pas les cadres du Shandong, qui servent de lampiste à Wen Jiabao…
Dans tous les cas le gouvernement central en Chine est responsable, ce point n’est pas discutable. Il l’est a minima parce qu’il pourrait faire sauter un gouvernement local et qu’il devrait savoir s’il faut le faire ou non.
Mais de là à connaître les conditions de vie de Chen Guangcheng et les exactions qu’il a subit, ça ne me semble pas du tout acquis.
Il est possible par exemple que ceux qui étaient en charge de la surveillance facturaient 10 fois le prix au gouvernement central.
Ça me semblerait tout à fait couleur locale que Pékin ait eu une vision complètement fausse de la situation.
Mais comment est-ce possible ? Il y a eu des milliers de reportages là dessus ? J’ai un ami journaliste ne Chine, il est convoqué à chaque fois qu’un article déplait par le ministère des affaires étrangères. Ils lisent la presse étrangère, c’est même pour le régime l’un des meilleurs moyens de s’informer.
Et par ailleurs, le sort des dissidents chinois à Pékin n’est pas meilleur. Hu Jia par exemple, ou la femme de Liu Xiaobo. Eux aussi sont assignés à résidence par des gros bras. A Pékin ! Encore une fois, cette histoire de Shandong est un écran de fumée.
Qu’il sachent ce qui est relaté dans la presse étrangère est certain. Après, comment c’est pris… Je crois que Mao disait un truc qui ressemblait à « plus nous serons critiqués, plus ça voudra dire que nous sommes dans la vérité ». Alors…
Je crois que les services de renseignements, lors de tels articles, travaillent surtout à traquer les connections autour des dissidents pour les isoler. Ils doivent être à fond là-dessus. Ils ne vont pas chercher à vérifier le contenu de l’article. L’intox par presse étant un classique hérité du siècle dernier, ils s’intéresseront je crois aux conséquences possibles et aux solutions pour les éviter. Vérifier la vérité ? Pour quoi faire ?
C’est pas vraiment la démarche, ici, d’analyser les causes avant de réagir…
Bonsoir a tous,
Les medias chinois (controles par le ministere de la propagande), devant tant d`injustices et d`inhumanites, ont fait du gouvernement local un bouc emissaire ideal (les mechants), alors que le gouvernement central, lui, ne serait au courant de rien (les gentils).
Alors dans cette simplification intellectuelle, facile a assimiler, et a repeter, par tous, les gentils tapent sur les mechants parfois quand des abus sont rendus trop publics. Et on dit : `vive les gentils` (ou au moins on ne les remet pas en cause).
Notez que ce sont les gentils qui, in fine, ont le monopole du pouvoir (malgre la decentralisation), regardez l`exemple de la destitution de Bo Xilai qui n`en qu`un parmi d`autres.
Et comme ces grands pontes on n`a pas le droit – en theorie – de les critiquer, la vindicte populaire peut s`exercer, quand la soupape est a bloc, sur les mechants cadres locaux corrompus.
Un mechant d`elimine, mais il n`est que pion et poussiere.
Par contre le systeme lui, reste en place.
Manu, Yann, je veux ajouter que je peu très bien avoir tord sur ce coup.
Même sur ce que je vois tous les jours, je peux me tromper quand à qui sait quoi et qui vraiment décide quoi.
Ce sont des impressions, des possibilités qui me semblent compatibles avec mes observations sur le fonctionnement de gouvernements locaux mais à petit niveau et sur des situations politiquement non sensibles…
Alors la fiabilité de mon avis là-dessus est objectivement très faible pour comprendre un cas top-critique…
Non mais c’est sur que les autorites centrales etaient au courant de l affaire Chen. Seul hic, elles pensent que cette affaire n’est pas assez importante pour relever de leur ressort.
Une affaire qui fait la une de toute la presse depuis 2 ans, pas assez importante ? Moi ce que je crois, c’est qu’il s’agit surtout d’une démonstration de la faiblesse du système de gouvernement. Visiblement, personne n’a osée en débattre au comité central. Non pas que ce n’est pas important. Mais celui qui amène en débat le sort des dissidents est immédiatement en position de faiblesse, parmi les dirigeants chinois. Donc pour conserver leur siège, ils passent leur chemin.