Au pays de l’enfant unique, avoir le bébé que l’on veut n’a, pour certains, pas de prix.

Sur Renren, le facebook chinois, les groupes de discussions sur les emplois pour étudiants sont légion. Le 3 août dernier, un certain « Momo » a fait son apparition dans l’un d’entre eux, avec une proposition singulière adressée aux jeunes pékinoises : faire don d’ovules contre rémunération.
Une journaliste du Beijing News, se faisant passer pour une étudiante, a répondu à cette annonce. Après avoir rempli un formulaire et fourni des photocopies de papiers d’identité, elle est ainsi entrée dans la nébuleuse du Sunshine Surrogacy Network.
« Nous venons en aide aux couples stériles »
Cette agence, basée à Pékin, propose une gamme de services allant du recrutement d’une mère-porteuse à l’obtention de certificats de naissance, en passant par l’achat d’ovules. Ce n’est pas une nouveauté, depuis quelques années des sites internet proposant les services de mères-porteuses, comme Daiyunzj.com, fleurissent sur le web.
Donneuses et mères-porteuses sont pour la majorité des étudiantes cherchant à payer leurs études, que les agences recrutent sur la toile voire au sein des universités. « Nous venons en aide aux couples souffrant de stérilité dans tout le pays. Dans le même temps, nous aidons de nombreuses jeunes étudiantes rencontrant des difficultés financières » proclame une publicité de Sunshine Surrogacy Network. Où est le problème ?
Un commerce illégal
Le problème c’est que le recours aux mères porteuses et le commerce d’ovules sont interdits par la loi chinoise. Les responsables de ces réseaux le savent bien, et par conséquent, aucun contrat n’est établi entre les étudiantes recrutées et les agences.
Un responsable de Sunshine Surrogacy Network explique ainsi à la journaliste du Beijing News, qu’il préfère considérer les donneuses comme des « volontaires » et leur rétribution comme une « indemnité ». Pas de trace écrite donc, et cela peut donner lieu à quelques dérives. Une mère-porteuse, interrogée par le Shanghai Daily, a ainsi dû payer seule les frais d’avortement après la disparition du client et le désengagement de son employeur.
Choisir son héritier
Pour des prix avoisinant les 100 000 yuans (environ 12 000€), ces agences garantissent un service de qualité. Un bébé, certes, mais pas n’importe lequel. Sunshine Surrogacy Network s’efforce de répondre aux exigences de ses clients, parfois très pointilleux dans le choix des gènes de leur futur héritier. Pour certains l’enfant doit posséder un physique similaire au leur afin que leurs liens familiaux ne soient pas questionnés. Pour d’autres, il se doit avant tout d’être aussi beau et brillant que possible.
Tout se joue donc dans les caractéristiques de la mère naturelle, que les clients choisissent sur catalogue selon les critères de leur choix. Si nécessaire, l’agence peut également organiser des réunions durant lesquelles les futurs parents peuvent observer à loisir toute une gamme de donneuses potentielles.
Il va sans dire que certaines qualités recherchées, comme une scolarité dans une université prestigieuse ou une haute taille, assurent à l’étudiante recrutée une rémunération plus importante.
Un fils ou des triplés ?
Les services rendus par ces agences peuvent être plus spécifiques. Daiyunzj offre ainsi la garantie d’un fils à ceux qui sont prêts à en payer le prix (1 million de yuans soit près de 115 000€). La technique utilisée est simple : avoir recours à plusieurs mères-porteuses afin de s’assurer qu’au moins l’une d’entre elles offrira un fils au client. Quant aux fœtus féminins portés par les autres, ils seront avortés.
Certaines agences proposent même de passer outre la loi de limitation des naissances en exploitant l’une de ses seules exceptions et garantissent la naissance de jumeaux voire de triplés.
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
Envoyez cette page à un ami
C’est vraiment gerbant. Et je n’imagine même pas les conditions d’hygiène dans lesquelles sont inséminées les mères porteuses… Après l’affaire yueyue, voila un nouvel exemple de la perte de valeurs morales de la société chinoise…
Intéressant. Trois questions pourtant : combien ces mères porteuses sont-elles payées? Combien s’achète et se vend l’ovule « entrée de gamme »? Peut-on avoir une estimation de l’ampleur de ce phénomène en Chine?
Quelques chiffres :
Une mère porteuse engagée par Daiyunzj recevrait un salaire annuel de 40 000 à 120 000 yuans (4 700 à 14 000 €) selon le Shanghai Daily. Le montant dépend bien sûr de la « qualité » de ses gènes.
Le Sunshine Surrogacy Network accepterait de payer 30 000 yuans (3 500 €) les ovules d’une étudiante de la Peking University ou la Tsinghua University. Mais la plupart des donneuses reçoivent 5 000 yuans (environ 600€), à en croire les source du Beijing News.
Pour ce qui est de l’ampleur du phénomène, difficile de trouver des chiffres, ce trafic étant parfaitement illégal. Simple remarque, le commerce de ce genre d’agences est manifestement rentable et ils sont toujours à la recherche de nouveaux ovules ou de nouvelles mères porteuses. Il y a donc une demande réelle. Autre constat, les salles d’attente des cliniques légales de traitement de la stérilité ne désemplissent pas. Les médecins témoignent d’une peur de la stérilité chez des couples mariés depuis moins de 2 ans, et d’un nombre toujours plus important de couples non stériles qui cherchent à « choisir » leur descendance.
merci!