En Chine, la fête de la mi-automne est l’occasion de déguster des gâteaux de lune, souvent offerts dans de luxueuses boîtes aux prix exorbitants, qui permettent d’entretenir ses relations sociales.

Si vous résidez en Chine, vous aurez sans doute bientôt à faire aux gâteaux de lune, ces pâtisseries quelque peu bourratives principalement consommées à l’occasion de la fête de la mi-automne.
Lors de cette fête, déguster et offrir ces gâteaux de lune est la principale forme de cérémonie.
Généralement d’une forme ronde représentant une lune pleine, ces yùebǐng peuvent être fourrés aux jaunes d’œuf salés, aux fruits, à la viande, aux haricots rouge, et à bien d’autres choses encore.
Mais la joie procurée par la célébration et par le fait que les Chinois aient pour l’occasion un jour férié n’empêche pas une polémique de gonfler d’années en années.
A l’heure du développement durable et du réchauffement climatique, de plus en plus de Chinois se posent la question de la pertinence des encombrants emballages qui entourent le plus souvent les pâtisseries.
Jusqu’à cinq couches d’emballages
Car dans les magasins, on peut souvent trouver une dizaine de gâteaux de lune disposée dans une jolie boîte solide d’une cinquantaine de centimètres de large, contenant des petites boites en métal décorées dans lesquelles se trouvent les gâteaux, disposés dans de petites barquettes en plastiques elles-mêmes entourées d’un emballage plastique.
Un suremballage flagrant qui pose question, compte tenu des problèmes de pollution auxquels doit faire face la Chine.
D’autant que les gâteaux de lune ne sont qu’un exemple un peu extrême, et que beaucoup de produits du quotidien sont également suremballés.
Selon le Quotidien du peuple, alors qu’un tiers des déchets émis par les habitants des grandes villes chinoises sont des emballages, le prix de cette folie du packaging coûterait près de 400 milliards de yuans par an.
Face à ce problème, les autorités ont bien essayé de trouver des solutions, en fixant des limites (trois couches d’emballage maximum pour un coût ne devant pas dépasser 60% du prix du produit), mais aucun organe de contrôle n’a été mis en place, et la situation reste largement inchangée.
« Ce qu’on vend, ce sont des boîtes »
« En réalité, la qualité et le gout des gâteaux qui sont dans ces superbes boites n’est pas supérieure de beaucoup à celle des gâteaux de lune normaux. Ce qu’on vend, ce sont les boites », estime un vendeur de supermarché interrogé par un journaliste du site beiweiwang.
Ces boîtes, d’une qualité variable et qui peuvent également contenir en plus contenir d’autres produits, ont bien souvent un exorbitant. Dans ce supermarché, explique le vendeur, on trouve par exemple une boîte contenant une dizaine de pâtisseries d’une valeur de 388 yuans, quelques aliments « bons pour la santé » et une bouteille d’un vin quelconque, le tout pour… 4388 yuans!
Une somme coquette, quand on sait qu’à l’unité ou dans un emballage simple, le prix d’un gâteau de lune ne dépasse pas 10 yuans…
Un paradoxe qui n’empêche pas le commerce d’être des plus florissants en ce mois de septembre. Car plus qu’un aliment, les gâteaux de lune (et leurs boîtes!) sont peu à peu devenus dans la Chine moderne un outil indispensable pour cultiver ses « guanxi« , ces fameuses relations sociales qui ouvrent tant de portes en Chine.
Dans une société où le concept de « face » a une importance prépondérante, offrir une belle boîte est une façon de montrer son respect envers quelqu’un, ou tout simplement de ne pas l’offenser en offrant une boîte premier prix, ou en n’offrant rien du tout.
Un véritable « fardeau »
C’est pourquoi Mme Zhang n’a pas hésité à mettre plus de 900 yuans, soit lprès de la moitié de son salaire mensuel, dans l’achat de deux de ces boîtes: l’une pour son patron, l’autre pour le professeur de son fils. « Je ne peux pas me permettre d’offrir des boîtes premier prix« , assure-t-elle.
« Auparavant, la fête de la mi-automne était un festival traditionnel qui offrait l’occasion de se rassembler, et offrir les gâteaux de lune se faisait dans les relations intimes. Maintenant, cela est devenu quelque chose de négatif car c’est mauvais pour l’environnement et que ce n’est pas bien moralement, estime M.Lu, professeur de gestion publique interrogé par beifangwang.
C’est pourquoi certains tentent comme ils peuvent de s’extraire de cette onéreuse pratique sociale, qui vire parfois à l’absurde.
« Cette année, pour la fête de la mi-automne, je ne veux pas recevoir ce genre de cadeaux« , écrit sur son compte Weibo un dénommé Wanglei.
Expliquant avoir prévenu toutes ses connaissances par texto et par les différents réseaux sociaux, il explique ce qui lui est arrivé l’année dernière. Un jour, une connaissance lui a offert une boîte de gâteaux de lune… Qu’il avait lui même offert quelques jours avant à un ami!
« C’était la même, assure-t-il. Je l’ai reconnue car il y avait un endroit où elle était un peu abîmée… »
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
-
Envoyez cette page à un ami
Excellent article ! Tout ceci est totalement vrai…
Je suis encore une fois rentré en Chine cet été et ait pu remarquer l’ampleur des dégats. Ces Yuebing sont une véritable fumisterie, et le pire c’est que les chinois continuent à se faire avoir par ce « piège à con ».
Les traditions je veux bien, mais vendre des coffrets comme ça à un tel prix c’est du grand n’importe quoi.
Ma belle famille fait souvent comme il est cité dans l’article, ils reçoivent de beaux coffrets qu’ils offrent ensuite à la famille et aux amis, tout ceci dans un éternel recommencement puisque tout le monde fait pareil.
Les chinois et leur problème de face a toujours été un mystère pour moi.
Bonjour,
Mais il n`y a pas que les gâteaux de la Lune, il y aussi le vin, et même d`autres produits. Allez a Carrefour, vous verrez…. l`ampleur des dégâts.
Dans la mesure ou il y a le facteur culturel (la face) et dans la mesure ou les chinois ont de plus en plus les moyens de se payer ce genre de choses, sans prise de conscience écologique, ça sera un désastre (ça l`est déjà).
Enfin, c`était un point de vue français…
Ou comment une société entière est prise au piège dans un jeu et des pratiques qui font chier tout le monde, mais desquelles personne ne peut vraiment se soustraire… La face a tout de même quelque chose d’absurde, et de révoltant: DEVOIR dépenser la moitié de son salaire pour acheter une boite a son patron et au prof de son fils alors qu’a priori aucun des deux n’appréciera vraiment le cadeau, c’est quand même grave…
La face! Quel concept assez étrange quand même… Surtout que ‘la face’, je ne sais pas si tu l’as vraiment quand tu reçois une boite de Yuebing à 400 yuans pour ensuite à ton tour l’offrir à quelqu’un en lui faisant croire que c’était toi qui l’a acheté!
Depuis qu’ils se sont enrichis les chinois ne prennent pas conscience que les meilleures choses sont souvent les plus simples… Il faut toujours qu’il y ait du clinquant, un gros paquet avec plein de dorure partout, pour au final que l’article à l’intérieur soit tout aussi bon que celui que tu achètes 100 fois moins cher à côté et sans emballage nocif pour l’environnement (ou si peu).
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
Heureux qu’un article ait été écrit sur ce sujet, j’avais déjà évoqué ce point noir dans les commentaires de l’article qui parlait de « taxe » sur les yue bing (taxez plutôt les emballages, bande de loutres aveugles !).
Ce qui est triste, c’est que la Chine (au sens large, gouvernement + population dans son ensemble) n’en a rien à carrer de ce genre de pollution, parce que ça n’a aucun impact directement visible, contrairement aux pollutions des rivières et côtes maritimes et autres joyeusetés qu’on retrouve dans les quotidiens tous les 4 matins.
De manière générale, les gens se rendent compte que leur environnement se dégrade à vitesse grand V, mais paradoxalement s’en branlent complètement et ne transmettent rien à leur marmot qui aille dans le sens de l’environnement : tous les jours dans les villes chinoises on voit des gens balancer leurs déchets (bouteilles, emballages et sacs plastiques principalement) dès qu’ils n’en ont plus besoin et ce sans aucune hésitation, aucune étape genre « attends, je vais regarder si y’a pas une poubelle dans les 3 mètres alentour avant de balancer mon merdier par terre », rien du tout… Dès fois j’ai envie de mettre des tartes à des gamins qui balancent l’emballage de leur glace par terre, mais quand je vois leurs parents/g-parents qui s’en tapent tout autant, je me dis que c’est plutôt aux parents que je devrais donner des tartes…
Mais bref, tout cela rejoint ce que j’évoque en premier : les gens, à partir du moment où ils ne voient pas les conséquences, ils ont tendance à s’en branler, mais vraiment modèle géant. Tant que la montagne de saloperies est pas devant leur porte… Y’a mêmes des étudiants à qui j’ai fait la remarque qui m’ont répondu « mais il y a quelqu’un qui va ramasser mon merdier bientôt, pour le recycler ou le mettre à la poubelle » : c’est à ce moment-là que j’ai remarqué ce point commun qu’ont les Chinois et les Américains, de n’avoir aucune conscience écologique ne serait-ce que dans les gestes les plus banals.
Enfin, ce qui me désole encore plus c’est que ce genre de comportement de merde ne se retrouve pas uniquement dans les villes : pour ceux qui ont déjà mis les pieds au Tibet, les talus en bordure des routes sont littéralement remplis de déchets, les cannettes de redbull ayant la première place et de loin, il doit y en avoir une tous les 2 mètres. Ça colle super-bien avec le décor et l’esprit de la région, et on entre vachement mieux en communion avec la nature comme ça…
Voilà mon coup de gueule du jour. Alors certes on est loin d’être sans défauts en Europe dans ce domaine, mais ici c’est pire que ça : hormis cette fameuse « Face » qui permet de sauver les apparences à grand renforts de « lao nainai volontaires » qui passent dans les « xiao qu » pour ramasser les dégueulasseries des gens tous les 2 jours, il n’y a pas d’espoir de voir la situation s’améliorer un jour.
med, d’un point de vue écologie, le gamin qui jette son papier dans les rues d’une ville n’a pas plus d’impact que celui qui le met dans la poubelle. Surtout en Chine. Car le lendemain, le papier est au même endroit.
Dans les campagnes, le drame est total. Et pas besoin d’aller au Tibet. Les paysans et villageois ayant accédé à la consommation massive de biens non bio-dégradable depuis une vingtaine d’années sans que personne ne se soucie vraiment de la gestion des déchets. Et lorsqu’il y a ramassage de déchets, c’est pour les brûler (génération de dioxine et risque d’empoisonnement des cultures environnantes) ou pour les balancer sans tri dans un trou ou sur un bord de route (pollution par eaux de ruissèlement qui peuvent être graves s’il traine là-dedans quelques piles ou batteries high-tech par exemple).
Pour les yue bing, ben c’est comme les œufs de pâque ou les cadeaux de Noël. Il y en a qui aiment l’emballage et c’est pas écolo, c’est sûr…
Pour le coup du marmot, c’est le geste que je déplore, pas l’impact environnemental à proprement parler.
J’adhère. Le geste est d’autant plus déplorable que lorsqu’il aura l’occasion de se promener hors de la ville, il fera de même.
Je crois que sur ce plan, les expats ont une carte à jouer. Faire passer le message que jeter un détritus c’est manque de respect au pays… ça peut prendre… Petit à petit.
Oui mais il faut quand même faire attention a ne pas en devenir dépendent de cette tendance a se dire que finalement peu importe ou on le jette, le détritus se retrouve toujours au même endroit… Pour l’instant la main-d’œuvre est encore peu chère, jusqu’au jour ou il n’y aura plus assez de personne pour ramasser toutes les merdes de tout le monde parce que tout le monde aura pris cette mauvaise habitude de tout mettre par terre croyant que de toute manière il y aura toujours quelqu’un pour ramasser derrière…
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
Belle coïncidence, hier soir sur CCTV News, bref reportage sur le gigantesque problème des déchets à Pékin ! Ils n’ont presque plus de place pour les stocker…
Des images qui font froid dans le dos, des chiffres chocs (des millions de tonnes de merdier par an rien que pour Pékin !) des décharges à ciel ouvert à perte de vue, une carte qui montre les lieux de stockage (une belle couronne tout autour de la ville, au delà du 5eme periph’), et une analyse qui précise que le gouvernement va opté pour le brûlage des déchets, espérant aller jusqu’à 40% de la masse totale en 2015, faute de mieux…
Actuellement, tout cela est enfoui. Pour l’honneur, il y a bien quelques compagnies qui produisent une quantité relativement infime de fertilisant avec des déchets de cuisine, mais le tri est tellement compliqué que je ne m’aventurerai pas à mettre de ce fertilisant sur mes pieds de tomates.
En conclusion, il est précisé que tant que la population ne sera pas éduquée à trier un minimum le merdier qu’elle balance, la situation ne s’améliorera jamais. Une lueur d’espoir ?…
Le vrai problème de ces gâteaux, c’est qu’ils ne sont pas bons…
Bien dit ! Le seul mangeable que j’ai trouvé, c’en est un à la noix de coco.
Tout le reste, pour moi ça a le goût d’huile de friture…
Je déconseille particulièrement ceux au porc à la cannelle….
C’est probablement un des pires mélanges de goût qu’on puisse imaginer…
Alors là je rigole. Du coup vous en avez tous mangé ! ;-))
Il y en a des excellent, à 5 kuai pièce, dans les petites boutiques, toute l’année, et avec une seule couche d’emballage !
Hors du piège à gogo et des produits de frime, la vie simple et bonne est possible en Chine ! ;-))
Excellent = étouffe-chrétien quand même?
Les pâtisseries et autres gâteaux ne sont guère une spécialité chinoise, ou j’en ai raté un qui mérite que l’on se déplace?
Y’en a avec des bouts de fruits confits. Un peu trop sucré à mon goût mais tout à fait mangeables!
Côté gâteaux en général, j’ai aussi trouvé des trucs aux cacahuètes et d’autres aux noix qui se laissent bien manger aussi.
Se laisse manger = ne nous tue pas 🙂
Sinon, pour les amateurs de pâtisseries très occupés, je recommande le service en ligne MicaMika www.micamika.com
Livraison dans la journée possible et qualité au rendez-vous, le tout à un prix très raisonnable, cela change de DuoMei ou de BlackSwan (et ses prix de dingues).
La vente des boite est permanente … Pourtant sans belle et onéreuse boite pas de vente !!!
J’en ai fait l’expérience pour la vente de vins français !!!
Donc ce n’est pas qu’une question de polution, c’est avant tout un problème économique dans le culture chinoise !
Avant de parler de la Chine il serait bien de la vivre !!!
Quant aux gateaux de lune, 90% des chinois les détestes, un faible pourcentage en mange. Il faut savoir qu’une bonne part des gateaux de lune reçu en cadeau sont revendu de multiple fois… C’est cela aussi la Chine…