Un journal français a récemment reçu les félicitations du portail officiel chinois Tibet.cn, rarement flatteur à l’égard de la presse étrangère, rapporte China Digital Times.
Sa prouesse ? Avoir publié un article sur le Tibet qui abandonne la « mentalité de guerre froide » de l’Occident, qui fait « deux poids deux mesures » concernant l’actualité chinoise. Enfin une publication étrangère qui parle honnêtement de la question tibétaine, alors que les autres jouent de « reportages partiaux » pour s’en prendre à tout le pays.
Tibet.cn loue le travail de cet hebdomadaire français et traduit même une partie de l’article, intitulé « La clique du dalaï-lama veut saper l’unité de la Chine ! » :
« Au cours des nombreux reportages que nous avons effectués en profondeur dans la région, nous avons pu constater que les Tibétains aspiraient pour la plupart au calme et au développement. Des propositions politiques extrêmistes telles que celles réclamant « l’indépendance du Tibet » et un « haut degré d’autonomie » n’ont aucun ancrage social, la population ne souhaitant qu’une vie quotidienne sans soucis. Les revendications de la poignée de personnes qui s’immolent par le feu et de quelques extrémistes politiques ne correspondent pas du tout à la réalité du terrain ; elles ont été transplantées et « parachutées » de l’extérieur. » (Lire l’article en entier)
Problème, le journal français en question, c’est Courrier International, un hebdomadaire qui sélectionne, traduit et publie des articles venus de la terre entière pour mettre en valeur les différences de points de vue. Et l’article très remarqué par le portail officiel chinois a en fait été écrit par… un journal officiel chinois.
Ce sont les journalistes du Huanqiu Shibao, ou Global Times dans sa version anglophone, qui ont constaté le désir d’harmonie des Tibétains, et rapporté que « les troubles dans la province du Sichuan sont téléguidés par les Tibétains en exil, infâmes suppôts de l’Occident. »
Courrier international ne fait de son côté pas de mystère de l’orientation du média d’origine de l’article : « Journal de qualité à son lancement, il surfe maintenant volontiers sur la vague d’orgueil national qui a accompagné l’émergence de la Chine sur la scène internationale. »
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C’est sur qu’il ne faut pas s’attendre a ce qu un journal francais publie un article objectif sur la situation au Tibet. D’ailleurs, on remarque que la presse francaise est la pire de toute, elle qui s’est toujours trompee, prenant a chaque fois ses desirs droit de l’oumiste pour la realite, comme lors de ces eloges adacadabrantesques sur le « printemps arabe ».
Très très bon!! Ou comment s’envoyer des fleurs sans même le savoir!
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
Amusant, ce petit bouclage de l’information. C’est un phénomène en fait assez courant mais qui passe inaperçu quand les boucles sont plus longues. C’est ainsi que des mensonges finissent par passer pour des vérités car tout le monde les répète, de bonne foi le plus souvent. Si, dans la boucle, il y a quelques personnes qui font autorité sur le sujet et qui mentent en connaissance de cause (« ils savent ce qu’ils taisent et ils taisent ce qu’ils savent »), c’est gagné pour les appareils de propagande; on peut faire croire n’importe quoi. Han Suyin a parfaitement joué ce rôle à l’époque de Mao Zedong.
Voici quelques phrases que l’on retrouvait un peu partout sur la Chine ( et que l’on retrouve parfois encore):
– Le régime de Mao Zedong a unifié la Chine (c’est faux: Hongkong et Taiwan ont toujours été séparés de la République Populaire de Chine à l’époque de Mao. Taiwan l’est toujours)
– Le régime de Mao Zedong a mis fin aux famines qui ravageaient la Chine (c’est faux: la plus grande famine qui ait ravagé la Chine a eu lieu en 1961 – trente millions de morts)
– Les étrangers avaient apposé un panneau « interdit aux chinois et aux chiens » à l’entrée d’un parc de Shanghai (c’est faux, un tel panneau n’a jamais existé. Par contre, les communistes une fois au pouvoir interdisaient aux Chinois l’accès des zones réservées aux « amis étrangers »)…
Il est extraordinaire de voir comment ces mensonges sont toujours repris avec une entière bonne foi par de nombreuses personnes. Il m’a fallu d’ailleurs à moi-même de nombreuses années pour m’apercevoir que j’avais été entièrement berné par des mensonges de la propagande. Le seul moyen de contrer ce phénomène est de s’efforcer d’accéder aux documents originaux, ce que l’on empêche à toute force en Chine. Essayez donc d’obtenir dans une bibliothèque un ouvrage d’un homme politique des années trente (pas une réédition soigneusement caviardée et expurgée), mais l’original! Dans les musées, les photographies d’extraits de journaux du début du 20ème siècle sont soigneusement floutées etc…
Quant à la façon biaisée et malhonnête dont est présentée l’Histoire de la Chine, on pourrait bien sûr multiplier les exemples. La Chine n’est certes pas le seul pays dans lequel ces phénomènes existent mais ils y atteignent des sommets (pas autant qu’en Corée du Nord)
Revenons au Tibet. Je ne vois pas comment on peut écrire un article objectif puisqu’aucune enquête sérieuse n’est possible. La seule question politiquement cynique (mais c’est comme ça que les états, ces monstres froids, raisonnent) est la suivante: en tant qu’Européen, ai-je intérêt à ce que le Tibet soit chinois ou indépendant? Le gouvernement chinois défend ce qu’il pense être son intérêt et veut que le Tibet soit chinois. Il se préoccupe des droits de l’homme au Tibet comme le gouvernement français se préoccupait des droits de l’homme dans l’Empire Centrafricain de Bokassa. Les habillages larmoyants sur les droits de l’homme sont des leurres.
Helun : « Le gouvernement chinois défend ce qu’il pense être son intérêt et veut que le Tibet soit chinois. »
On peut aussi se poser la question de l’interet de la presence chinoise pour les Tibetains.
Cette presence est a double tranchant : absence de liberte politique mais progres economique et social.
Cette meme question peut se poser sur d’autres sujets comme l’independance de la Palestine. J’ai recemment lu un sondage qui, contrairement a l’idee recue en France, demontre que les Arabes israeliens preferent vivre en Israel plutot que dans une Palestine independante.