Malgré les efforts de la municipalité, la capitale chinoise arrive en tête d’un classement mondial des villes où la circulation est la plus pénible.

Tous les habitants de Pékin le savent : à certaines heures de la journée, mieux vaut partir très en avance si l’on veut être sûr d’arriver à l’heure à son rendez-vous. Dans l’immense capitale, les heures où l’on peut circuler sans se retrouver bloqué dans les embouteillages sont rares et inconstantes.
Désormais, c’est officiel : ce sont les Pékinois qui souffrent le plus au monde de la circulation, selon les résultats de la première étude de cette envergure sur le sujet.
Récemment publiée par IBM, l’étude s’appuie sur un sondage effectué auprès de 8192 automobilistes dans 20 villes de six continents, et s’attache à évaluer l’impact des transports sur différents aspects de la vie des citadins tel que la santé, la vie sociale ou la productivité.
C’est donc Pékin qui arrive en tête du classement, à égalité avec Mexico, et suivie par Johannesburg, Moscou et New Delhi. La capitale chinoise obtient 99 points sur un maximum de 100 à l’ IBM Commuter Pain Index, créé pour l’occasion par la société.
A titre de comparaison, Los Angeles, la moins bien placée de toutes les villes des Etats-Unis, ne totalise que 25 points, soit presque 5 fois moins que Pékin.
Dans les divers thèmes de l’étude, la capitale chinoise obtient un nombre inquiétant de records. Si au niveau mondial, 57% des citadins interrogés estiment que le trafic routier a eu un impact négatif sur leur santé, ils sont 95% à en dire autant à Pékin.
De même, 84% des Pékinois estiment que la mauvaise qualité des transports urbains affecte leur performance au travail ou à l’école, alors qu’au niveau mondial, le pourcentage est de 29%.
A la question « dans les trois dernières années, vous est-il arrivé de rentrer chez vous au lieu de finir votre trajet en raison de la mauvaise circulation ? », ils sont 69% à répondre oui à Pékin, contre 31% au niveau mondial. Sur ce point, c’est Berlin qui obtient le score le plus faible, avec seulement 15% de réponses positives.
Par ailleurs, selon une étude de l’Académie des Sciences de Chine citée par le China Daily, les utilisateurs de véhicules personnels passent en moyenne 52 minutes par jour dans leur voiture, soit plus que dans tout autre ville chinoise.
Un défi insurmontable?
Pour autant, Pékin n’est pas la plus mal placée partout. Alors que seuls 5% des personnes interrogées estiment que la circulation dans leur ville s’est améliorée ces trois dernières années, les Pékinois sont 16% à le penser.
Ce pourcentage est le résultat d’une politique volontariste des autorités locales, parfaitement conscientes du problème bien que relativement impuissantes devant son ampleur.
Ainsi, selon la société d’investissement et d’infrastructures de Pékin, la municipalité prévoit d’investir plus de 331,2 milliards de yuan (près de 39 milliards d’euros) d’ici 2015 dans son métro afin de doubler la taille actuelle du réseau. Les infrastructures de transport devraient quant à elles bénéficier d’un investissement de 80 milliards de yuan (9,4 milliards d’euros) rien qu’en 2010.
Mais outre les investissements financiers, les autorités de la capitale se sont essayées à d’autres mesures pour désengorger le trafic. A l’approche des J.O, un système de circulation alternée avait été mis en place. D’abord provisoire, il avait finalement été maintenu.
Plus étonnant, en avril dernier, le gouvernement local a expérimenté une mesure visant à réduire les embouteillages en heure de pointe en demandant à tous les fonctionnaires de décaler d’une demi-heure leurs horaires de travail. Mais cette mesure, qui avait été très critiquée sur les forums, ne semble pas avoir eu d’effet notable.
Le gouvernement tente donc de soulager les habitants de Pékin, mais le défi semble insurmontable. Car avec l’augmentation générale du niveau de vie, le nombre de Pékinois pouvant acquérir un véhicule personnel augmente de jour en jour. A Pékin, 2000 nouveaux véhicules entrent en circulation quotidiennement et le nombre de voitures enregistrées a augmenté de 23,8% dans les seuls quatre premiers mois de 2010, selon le bureau municipal des services fiscaux.
Les Pékinois devront donc prendre leur mal en patience, et continuer à préférer le métro à la route pour être certain d’arriver à l’heure. Mais là encore, rien n’est garanti : dans certaines stations situées au sein de quartiers résidentiels, le nombre de passagers est si supérieur à la capacité des rames qu’il faut parfois faire la queue pendant trente minutes pour pouvoir embarquer!
