Le nouveau Connexions, le magazine de la CCIFC, est sorti et est consacré à l’éducation et à la formation en Chine. Dans le cadre de notre partenariat, nous publions deux articles de ce dossier.

Ce dossier de Connexions aborde plusieurs sujets, de la coopération universitaire franco-chinoise au marché de l’emploi, en passant par la culture du premiers ( aux concours).
Nous avons choisi de vous présenter deux articles sur les liens entre la France et la Chine dans ce domaine.
APPRENDRE LE FRANçAIS, POUR QUOI FAIRE ?
Fu Rong est directeur du département de français à l’Université des Langues
Etrangères de Pékin (Beiwai) depuis 6 ans. Il explique à Connexions les grandes
évolutions qu’il a pu percevoir dans l’enseignement de la langue de Molière en
Chine.
Connexions : Pourriez-vous nous présenter votre cursus personnel par rapport à la langue française et le programme d’enseignement que vous proposez aujourd’hui à Beiwai ?
Fu Rong : J’ai commencé à étudier le français à Chongqing à l’Université des Langues Etrangères du Sichuan avant de partir en France suivre un double cursus en didactique des langues et en droit communautaire entre 1995 et 2000. A mon retour, j’ai commencé à enseigner à Beiwai et je suis devenu directeur du département de français il y a six ans. Ce département a été créé en 1950 et il regroupe aujourd’hui 26 professeurs qui encadrent environ 300 étudiants venus des quatres coins du pays à travers le très sélectif concours national du Gaokao. Nos étudiants suivent un cursus de quatre ans en deux temps avec un focus sur l’apprentissage de la langue les deux premières années puis des modules supplémentaires ensuite tels que l’histoire de France ou le français commercial. Une fois diplômés, les étudiants s’orientent en majorité vers des emplois dans les ministères, dans le journalisme et les entreprises
sino-étrangères.
C : Quels sont les grandes évolutions dont vous avez été témoin depuis que vous dirigez ce département de français ?
F.R : Depuis quelques années, nos diplômés ont tendance à poursuivre leurs études à l’étranger, en France ou dans des pays francophones, que ce soit en L’Université des Langues Etrangères de Pékin. Les débouchés des études de français se sont considérablement élargis ces dernières années pour les étudiants chinois littérature, en sciences politiques ou encore dans le commerce. Nous avons également privilégié l’ouverture sur le monde à travers des partenariats avec des institutions en France, en Belgique et au Québec.
Auparavant les étudiants chinois venaient chez nous avec une passion pour la langue et la littérature en lien avec la très grande attractivité de la culture française. Aujourd’hui cela reste vrai mais s’ajoutent également de nouveaux intérêts. Dans un monde globalisé, la maîtrise de l’anglais s’est généralisée et ce n’est plus un atout en terme de recherche d’emploi. Connaître le français permet de se distinguer du lot en Chine et d’obtenir de meilleurs postes comme le confirme une récente étude statistique sur le sujet. Il y a aussi l’attrait pour les établissements prestigieux d’enseignements en France comme Sciences Po ou les grandes écoles de commerce où la maîtrise du français est un plus évident pour être admis.
Enfin, le développement des relations Chine-Afrique offre aussi des opportunités intéressantes et d’une manière générale, les débouchés se sont considérablement élargis pour ceux qui maîtrisent le français en Chine.
C : Pour suivre ces nouvelles tendances, quelles sont les adaptations que vous avez mises en place au niveau de votre enseignement ?
F.R : Avec l’ouverture de la Chine, notre objectif initial d’introduction des cultures étrangères en Chine s’est doublé d’une nouvelle mission à savoir présenter la Chine à l’étranger. Or pour cela il faut d’abord que nos étudiants connaissent leur propre culture ! Nous avons donc proposé un tronc commun en chinois à tous les étudiants de langue sur la culture de notre pays. Nous avons également adopté des méthodes pédagogiques plus innovantes qui cherchent à développer la curiosité et l’autonomie de nos étudiants. Nous espérons enfin que les réformes en cours de l’enseignement supérieur en Chine nous apporteront également une autonomie plus large au sein des universités, en particulier en termes de choix pédagogiques et de développement des partenariats avec l’étranger.
Propos recueillis par Nicolas Sridi
LE CLASSEMENT DE SHANGHAI, UN AUTRE REGARD SUR LE SYSTEME EDUCATIF FRANçAIS
Depuis 2003, l’Université Jiao Tong de Shanghai publie son classement annuel mondial des universités, connu sous le nom de « Classement de Shanghai » ou « Academic Ranking of World universities ».
Au départ conçu pour déterminer les critères contribuant à faire d’une université un établissement de rang mondial, le classement de Shanghai est devenu, et ce malgré sa vocation première de comparer les universités chinoises avec les universités mondiales, une référence pour les étudiants et un objet de compétition entre les grands établissements rêvant d’y figurer ou d’y maintenir leur rang. Dans ce palmarès aussi attendu que controversé, 500 institutions sont classées selon 6 critères, tels que le nombre de prix Nobel, de médailles Fields ou de publications dans les revues scientifiques américaines Nature ou Science.
Depuis 2003, les universités anglo-saxones dominent le classement de manière écrasante – les établissements américains raflent 26 des 30 premières places – tandis que la France peine à se faire une place. Cambridge et Oxford restent les 2 seuls établissements non américains classés parmi les 10 premiers.
En 2010, seules 3 universités françaises figurent parmi les 100 premières du classement 2010 : l’université Paris-XI (qui passe de la 43ème à la 45ème place) et la prestigieuse Ecole Normale Supérieure (qui perd une place de la 70ème à la 71ème place). L’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI) gagne une place, au 39ème rang. 22 universités françaises figurent parmi les 500 établissements du classement contre 23 l’année dernière. La France se situe donc au 6ème rang, ex aequo avec l’Italie et la Chine.
Les voix contre
Controversé, le palmarès est accusé par ses détracteurs d’utiliser des critères de classement inadaptés au système éducatif français. Les principales critiques lui reprochent de favoriser les universités anglo-saxonnes : selon les critères de classement, la langue de publication des articles prise en compte dans les revues scientifiques est l’anglais, ce qui défavorise les travaux publiés dans d’autres langues. Par ailleurs, il ne prend pas en considération les universités spécialisées en sciences sociales, excluant des domaines de recherches dans lesquelles certaines universités excellent…
De surcroît, en France, la séparation nette entre institutions de recherche (CNRS, INSERM….) et universités ainsi que le morcellement entre universités et grandes écoles spécialisées, contribue à rendre les établissements français moins compétitifs au yeux de ce classement où seule la recherche menée par les universités compte et où le critère de taille des institutions joue dans la pondération des performances. Ceci explique par exemple pourquoi l’Ecole Polytechnique, n’arrive qu’autour de la 200ème place…
Les aspects positifs
Aussi controversé soit-il, le classement de Shanghai a néanmoins le mérite de questionner un système éducatif français plus que jamais confronté à l’internationalisation de l’enseignement supérieur et désormais contraint de renforcer son attractivité pour attirer les meilleurs étudiants mondiaux. Ainsi, le manque de moyens des universités françaises est souvent désigné comme la première cause des faibles performances de la France dans les classements internationaux. Le système français très élitiste des grandes écoles soustrait à l’université l’élite des étudiants, qui avec leur diplôme à forte valeur ajoutée sur le marché du travail ne s’adonneront que pour très peu à la recherche. La remise en question de la compétitivité internationale des universités françaises contraint le gouvernement à imaginer des solutions pour faire rendre plus visible les établissements d’excellence.
Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a ainsi récemment déclaré vouloir faire émerger, d’ici 2011, 10 universités d’excellence qui recevront chacune une dotation allant jusqu’à 1 milliard d’euros. La création des regroupements entre universités au sein des pôles de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) devrait à terme permettre une signature unique des publications de recherche et de diplômes uniques de doctorat permettant aux universités françaises une meilleure visibilité internationale. Naissance d’un classement européen.
La France n’est pas la seule à remettre en question le classement de Shanghai. Afin d’entrer dans le débat des classements des universités et de donner aux établissements européens la chance d’être considérés selon d’autres critères que le classement chinois (qui ne couvre que la recherche) ou anglo-saxons (comme le Times Higher Education basé sur le « peer review » ou évaluation par les pairs), la Commission européenne a récemment décidé de créer son propre ranking : UMultirank.
Ce projet, qui devrait coûter 1 million d’euros, s’appliquera à tous les établissements européens. Un classement multidimensionnel établira une cartographie par discipline des établissements et aura pour principale vocation d’aider les étudiants dans leur choix d’inscription. Selon Robin Van Ijperen, responsable du projet de classement européen des universités à la commission européenne, interviewé par le journal Les Echos, les établissements d’enseignement supérieur doivent pouvoir savoir quels sont leurs points forts, qui sont leurs concurrents, et pouvoir repérer quelles universités pourraient devenir leur partenaire d’échanges éducatifs.
Flore Coppin
Pour lire le dossier complet : http://www.connexions.ccifc.org/
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