Managing partner du bureau de Pékin de Mazars, Christophe Texier analyse le marché de l’audit en Chine, et la place en son sein des sociétés étrangères.

Connexions : Comment le marché de l’audit est-il structuré en
Chine ?
Christophe Texier : Le marché est dominé par les Big 4. Suivent les entreprises de taille intermédiaire : firmes chinoises, affiliées à des
réseaux internationaux (BDO, RSM, etc.) ou membres indépendants (Shinewing, Daxin, etc.), et firmes internationales intégrées (comme Mazars).
Enfin, un très grand nombre de firmes chinoises de plus petites tailles servent essentiellement les besoins des sociétés chinoises.
C. : Quelle sont les évolutions actuelles du secteur ? Que peut- on attendre du 12ème plan quinquennal ?
C. T. : La forte croissance et l’internationalisation de l’économie entraînent une forte progression des besoins en audit et en conseil,
notamment dans le domaine des investissements transfrontaliers (fusions-acquisitions et introduction en bourse).
Les réformes visent d’une part à contrebalancer la domination des Big 4 en constituant des groupes chinois capables de rivaliser avec les firmes internationales, d’autre part à s’aligner progressivement sur les pratiques internationales en faisant converger les normes comptables vers les IFRS et en mettant en place une réglementation fiscale élaborée intégrant les concepts liés à la fiscalité transfrontalière.
Le XIIe plan quinquennal prévoit, sans fixer de calendrier, l’alignement des IFRS et des normes comptables applicables aux PME et l’extension de l’obligation d’audit à toutes les sociétés. La mise en place effective nécessitera encore quelques années.
C. : Les cabinets internationaux ont-ils leur place face à cette
évolution ?

C. T. : Même si les réformes comportent un volet protectionniste visant à faire émerger des firmes chinoises de qualité, la croissance de la demande devrait également profiter aux cabinets internationaux,
surtout dans le domaine des services spécialisés (fusions-acquisitions, introductions en bourse, gestion du risque, etc.) où les firmes étrangères ont une expertise reconnue, sur le plan technique (savoir- faire et meilleures pratiques) comme sur le plan de la communication (compétences interculturelles, approche intégrée des problématiques transfrontalières).
C. : Quels sont les principaux écarts culturels entre la France et la Chine en matière de comptabilité et d’audit financier ?
C. T. : En théorie, comptabilité et audit obéissent à des règles
similaires en Chine et en France. En pratique, les écarts culturels sont importants : les comptes préparés par les sociétés sont souvent peu fiables.
Des pratiques locales courantes rendent ces comptes souvent opaques : comptabilité de trésorerie et non d’engagement, dépréciations insuffisantes, absence de contrôle interne, primauté des relations personnelles, etc.
La comptabilité étant perçue comme un instrument du fisc, et non pas comme un outil de gestion, la prise de risque fiscal est quasi-systématique. Enfin, les diligences d’audit de certains cabinets locaux, notamment de petite taille, sont marquées par un certain manque de rigueur, un point de vue fiscal plutôt que comptable et une faible valeur ajoutée pour le client.
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