La dégradation de la note des Etats-Unis par Standard & Poor’s a permis à Pékin de se placer en donneur de leçons, preuve d’une nouvelle configuration du rapport de forces entre les deux superpuissances.

Vendredi 5 août 2011, la terre a tremblé sous les pieds du géant américain. Ce jour là, l’agence de notation Standard & Poor’s (SP) a retiré aux États-Unis la prestigieuse note « AAA », abaissée d’un cran à « AA+ ».
En d’autres termes, l’agence américaine émet désormais des doutes quant à la capacité des Etats-Unis à rembourser leur dette, alors qu’elle leur accordait jusqu’ici toute sa confiance.
Cette décision a provoqué une onde de choc mondiale, car elle laisse pour la première fois entrevoir la possibilité d’un défaut de paiement de la première économie mondiale, ce qui aurait des répercussions considérables.
Surtout que, comme le rappelait récemment notre partenaire rue89, à s’en tenir à sa seule ampleur, la dette américaine a de quoi affoler 42 fois plus les marchés que la dette grecque:
•Etats-Unis : 14 000 milliards de dollars de dette (100% du PIB),
•Grèce : 330 milliards de dette (120% du PIB)
A noter que les décisions des agences de notation fonctionnent un peu à la manière de « prophéties auto-réalisatrices« , et la dégradation de la note américaine aura pour effet mécanique d’aggraver les difficultés financières du pays.
Ce coup de semonce ne pouvait pas laisser la Chine indifférente. L’Empire du milieu est en effet le principal créancier des États-Unis, avec plus de 1000 milliards de dollars de dette américaine dans ses coffres.

La baisse de solvabilité américaine est dangereuse pour Pékin : c’est un peu comme si on venait de leur annoncer qu’ils risquaient de ne jamais revoir leur argent.
A cela s’ajoute le risque d’affaiblissement du dollar. Là aussi, Pékin a des réserves de change monumentales, de l’ordre de 3000 milliards de dollars, qui pourraient valoir beaucoup moins si le billet vert chute.
La Chine, donneuse de leçons
Rien d’étonnant donc à ce que la Chine n’ait pas mâché ses mots.
« Les jours où l’oncle Sam, perclus de dette, pouvait facilement dilapider des quantités infinies d’emprunts de l’étranger semblent comptés« , a prévenu l’agence officielle Chine Nouvelle.
Selon elle, « afin de soigner sa dépendance aux dettes, les États-Unis doivent rétablir le principe de bon sens selon lequel il faut vivre selon ses moyens« .
Ou encore, pour le dire plus clairement: Pékin « a désormais tous les droits d’exiger des États-Unis qu’ils s’attaquent à leur problème structurel de dette« .
Cette leçon publique infligée aux États-Unis est un grand moment pour la Chine. Désormais deuxième économie mondiale, elle prend l’ascendant sur la superpuissance américaine, soulignant une fois de plus la nouvelle distribution des rapports de force mondiaux. Elle lui inflige un camouflet, auquel Washington n’est pas en mesure de répondre.
Pékin semble désormais en position de force, au moins psychologique, ce qui devrait lui servir, notamment dans la dispute sur la dévaluation du yuan. Cependant, il est difficile savoir si l’impact sera autre que symbolique.
Contrairement au Japon, deuxième créancier de l' »oncle Sam », à qui il a réaffirmé sa confiance, la Chine dit désormais vouloir diversifier ses investissements. Mais il paraît tout de même peu probable qu’elle se débarrasse de ses bons du Trésor américain, au risque de se mettre en position difficile pour ses exportations.
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