Quelque jours seulement après la nomination de Liu Xiaobo comme prix Nobel de la paix (une information que la censure a consciencieusement « harmonisée »), 23 anciens hauts dignitaires du Parti ont publié une lettre ouverte appelant à respecter la liberté de la presse.

A peine remis du mauvais coup que lui avait fait le comité Nobel en nommant prix Nobel de la paix 2010 le dissident Liu Xiaobo, le Parti Communiste reçoit un autre coup de boutoir, cette fois de provenance interne.
Un groupe de 23 anciens officiels hauts placés vient en effet de publier sur Internet une lettre ouverte au comité permanent de l’Assemblée Nationale Populaire, qui critique vivement les pratiques totalitaires du PCC. (Voir la transcription en anglais)
Dans ce texte virulent, les vétérans du Parti, parmi lesquels Li Rui, l’ancien secrétaire de Mao Zedong, et Hu Jiwei, ancien directeur du très officiel Quotidien du Peuple, qualifient le manque de liberté d’expression de « scandale dans l’histoire mondiale de la démocratie« .
S’appuyant sur l’article 35 de la constitution de 1982 qui déclare que « les citoyens de la République Populaire de Chine jouissent de la liberté d’expression, de publication, de réunion, d’association et de manifestation« , ils appellent à l’abolition d’une censure qu’ils jugent anticonstitutionnelle.
Ces empêcheurs de censurer en rond rappellent ensuite les mots propres du président Hu Jintao et du Premier ministre Wen, qui ont tout deux appelés à leurs heures à une démocratisation du pays.
En 2003, le président avait déclaré que « la suppression des restrictions sur la presse et son ouverture aux positions de l’opinion publique est une idée prédominante, et une demande de la société; elle est naturelle, et devrait être résolue par un processus législatif« .
Wen Jiabao a quant à lui multiplié les appels en ce sens ces derniers temps. Le dernier en date, où le Premier ministre s’était montré très clair en qualifiant d' »irrésistible » l' »envie » et le « besoin » de démocratie du peuple dans une interview à CNN, avait été censuré en Chine. De même, aucune des précédentes sorties de Wen Jiabao sur la necessité de réformer politiquement la Chine n’avait été rapportée par l’agence de presse officielle.
Les papys du PCC font de la résistance
« De quel droit le Département Central de la Propagande se place t-il devant le Comité Central du Parti lui même, et devant le conseil d’Etat?« , interrogent les auteurs du texte. « Non seulement les citoyens ordinaires, mais également les plus hauts placés du Parti Communiste n’ont pas la liberté d’expression« .
Selon ce texte, la liberté d’expression s’est dégradée depuis 30 ans. Témoin, un article de Li Rui qui avait été publié en 1981, mais qui a été récemment retiré d’un livre.
Ce n’est pas la première fois que les papys du Parti jouent ainsi les trouble-fête. En janvier dernier, quatre d’entre eux avaient critiqué publiquement dans une autre lettre ouverte la condamnation de Liu Xiaobo à 11 ans de prison, qui venait d’être prononcée.
Mais cette fois, la lettre semble prendre un peu plus d’ampleur : les revendications, plus larges, sont clairement exprimées, et si elle comporte 23 auteurs, elle a déjà recueilli plus de 500 signatures, soit plus que la fameuse Charte 08. Selon le South China Morning Post, tous les signataires ont signé de leur vrai nom, et 90% sont des membres du Parti.
Et pour Dai Qing, auteur et activiste interrogé par le quotidien hongkongais, « même si il n’y a que 0,001% de chances que la pétition entraîne des changements, alors elle doit être faite« .
Comme le suggère l’auteur, il en effet peu probable que cette pétition ait un véritable effet. Sa version chinoise est d’ailleurs d’ores et déjà innaccessible de Chine continentale sans un logiciel de contournement de la grande muraille du Web. Mais après le prix Nobel de Liu Xiaobo, c’est une épine de plus dans le pied des tenants de la ligne dure du Parti. Peut être finiront-ils un jour par boiter.
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Bonsoir,
c`est un test.
efface ton test avant la bascule 🙂
un test too
Une bonne nouvelle dans l’Empire du Milieu : l’appel de quelques anciens apparatchiks du Parti communiste en faveur de la fin de la censure. Cette revendication que le régime a tôt fait de censurer sur le réseau web chinois, est une pierre supplémentaire à l’édifice de la liberté d’expression, aux côtés des autres opposants au régime de Pékin.
Dans ces pays où la liberté d’expression est une coquille vide, l’action de la société civile pèse d’un poids considérable sur l’évolution des consciences. Progressivement, elle vise, non pas à semer le trouble à l’ordre établi, mais à susciter la réflexion, la remise en question, la confiance dans l’affirmation de ses convictions, dans l’éveil de la conscience politique et dans la revendication progressive de ses droits.
Car comme le rappellent les vieux dirigeants en question, le pouvoir baffoue les principes mêmes qu’énonce la Constitution. Souhaitons que là-bas, certains citoyens lambda auront accès à cette lettre et qu’ils pourront la diffuser au plus grand nombre. Encourageons de toutes nos forces ce combat qui est aussi le nôtre : celui de la liberté qui n’a ni nationalité, ni couleur de peau, ni religion, ni communauté, ni plus encore de frontière.