Après la première exposition Picasso organisée à Hong Kong, au dernier trimestre 2010, la Galerie Edouard Malingue crée à nouveau l’événement avec une sélection de douze œuvres, estimées de 150000 euros à 3,2 millions d’euros.

ALC : Pourquoi avoir choisit ce thème pour cette exposition ?
Édouard Malingue : Nous avons ouvert notre galerie en septembre 2010 avec l’exposition Picasso qui a connu un accueil très enthousiaste du public. Pour cette deuxième exposition,l’idée est de montrer les artistes impressionnistes et modernes qui ont le plus marqué leur époque. L’exposition présente une œuvre de 1873 de Guillaumin « Quai de la Rapée » au tout début de l’impressionnisme, de Pissaro en 1881, il y a également des œuvres de Chagall, Picabia, Max Ernst, Magritte, Léger, Picasso et Jawlensky.
Quel est le point commun entre ces artistes ?
Tous pourraient être définis comme des artistes modernes qui ont changé notre façon de percevoir la réalité et d’appréhender le monde. Soit en introduisant des nouvelles techniques comme les impressionnistes et leur perception de la lumière, soit des nouveaux concepts comme Picabia ou Magritte qui jouaient avec nos idées préconçues.
C’est-à-dire ?
Magritte a peint un tableau très célèbre représentant une pipe qu’il a intitulé « Ceci n’est pas une pipe » ! Le tableau que nous présentons ici « La Génération Spontanée » est une référence au livre de science-fiction d’Aldous Huxley « Le Meilleur des Mondes » paru en 1930. Le tableau fait allusion au passage dans lequel l’auteur décrit comment les bébés seraient conçus dans des éprouvettes. Magritte a peint ce tableau en 1937 et représenté le profil de Max Ernst regardant un champ d’éprouvettes avec le ciel ombrageux et rougeoyant annonçant certainement la fin de l’humanité ou le début d’une ère nouvelle…
Quelle est la provenance de ces tableaux ?
Quasiment tous proviennent d’Europe, de collections de particuliers, ils sont tous en vente.
Avez – vous des « coups de cœur » particuliers parmi ces œuvres ?
Le tableau de Magritte que j’évoquais est une œuvre de musée. Il a fait partie de toutes les grandes rétrospectives de Magritte. Il y a aussi un dessin de Picabia : il s’agit d’une œuvre dadaïste de 1919 qui représente une machine à coudre avec une succession de lettres J-K-E-F-B-D-L-H. Si vous répétez chacune de ces lettres jjjjjjj,kkkkkk,eeeee… vous obtenez ce rythme lancinant. C’est une évocation de l’impact de la vie moderne sur notre quotidien. La personne qui manipule cette machine à coudre réalise un travail ennuyeux et c’est ce que voulait dénoncer Picabia à l’époque. Il voulait également bouleverser notre façon d’appréhender une œuvre d’art. Avec Picabia l’œuvre d’art devient conceptuelle.
Quelle clientèle ciblez-vous ?
En étant basés à Hong Kong, nous sommes amenés à rencontrer beaucoup de visiteurs d’Europe, d’Amérique et, bien entendu, d’Asie : Japon, Chine, Taiwan et Singapour. Lors de l’exposition Picasso, nous avons vendu quatre œuvres à des Européens de passage à Hong Kong. Le but est bien évidemment de vendre aux chinois du continent, mais en attendant qu’ils fassent leur travail de découverte, nous avons rencontré des collectionneurs occidentaux que nous ne connaissions pas !
Vous avez organisé la première exposition Picasso à Hong Kong, vous réunissez à nouveau des pièces uniques, est-ce une volonté de vous démarquer des nombreuses autres galeries Hongkongaises ?
C’est une chose que j’ai apprise de mon père qui a fondé sa galerie à Paris il y a plus de cinquante ans. Il s’est toujours concentré sur les artistes les plus connus et sur les œuvres de très grande qualité. C’est ce qui rend ce métier le plus fascinant et le plus passionnant. Lorsque vous avez affaire à un chef-d’œuvre et que vous mettez un peu de temps à le vendre vous êtes heureux de vivre avec. Pour les personnes de la région, qui sont très sensibles à l’aspect rentable d’une œuvre d’art, c’est l’investissement le plus sûr. Lorsque vous achetez une très belle œuvre de Picasso par exemple, elle prend de la valeur chaque année ! C’est une autre raison pour se concentrer sur ces artistes.
Votre galerie permet aussi à des visiteurs qui ne sont pas des collectionneurs de pouvoir admirer des chefs d’œuvres…
Oui, c’est la magie d’une galerie le libre accès. Lors de l’exposition Picasso nous avons organisé des conférences pour les étudiants qui sont venus très nombreux, les enfants des écoles sont venus admirer les œuvres. Le public a besoin d’être exposé aux œuvres d’art, on ne peut pas reprocher aux gens de ne pas connaître l’art s’ils ne peuvent jamais en voir. C’était aussi une des raisons de l’ouverture de cette galerie à Hong Kong. Cette nouvelle exposition est également une première. Nous allons essayer de la faire voyager à Pékin puis à Taiwan et Singapour pour faire notamment connaître notre galerie.
« De l’Impressionnisme à l’Art Moderne » jusqu’au 14 mai
Exposition ouverte du mardi au samedi de 11h à 19h (entrée libre)
Galerie Édouard Malingue – 1er étage, 8 Queen’s Road Central, Hong Kong.
www.edouardmalingue.com
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
-
Envoyez cette page à un ami