Après Paris, New York et Singapour, le Festival des Métiers Hermès s’installe à Hong Kong jusqu’au 5 octobre. Un hymne à l’amour de « la belle ouvrage » interprété par huit artisans de la célèbre maison de la rue du Faubourg Saint Honoré.

« C’est une exposition complètement vivante où l’on a la chance d’être face à des personnes qui réalisent des choses merveilleuses. Ce type de témoignage montre la dimension culturelle, artistique, d’une marque comme Hermès qui est inscrite dans l’histoire française et qui maintient en vie des savoirs faire qui n’existeraient plus autrement. C’est une belle leçon d’humanité d’entendre ces artisans parler de la beauté de leurs métiers mais aussi de l’engagement du cœur, de l’amour qu’ils mettent à réaliser leur ouvrage. À Hong Kong il est rare d’entendre, hélas, un banquier ou un dirigeant de société parler avec le cœur de son métier… » confie Gilles Bonnevialle, Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle à Hong Kong à l’issue de l’inauguration du « Festival des Métiers » et de la projection du court métrage de Frédéric Laffont et Isabelle Dupuy–Chavanat « Les Mains d’Hermès ».
Au pays du matérialisme où le « bling bling » est roi, la corrélation entre produit de luxe et langage du cœur se limitant le plus souvent à la valeur marchande dudit produit pour séduire et épater l’être cher, l’authenticité et la sincérité qui se dégagent de l’atelier itinérant dénotent dans l’environnement local du luxe. « L’artisanat c’est la colonne vertébrale de notre maison. Présenter l’artisanat n’a rien de marketing ni d’exceptionnel ! Notre objectif est de montrer notre savoir faire, de mettre en valeur des artisans contemporains passionnés par leur métier, de partager avec les visiteurs les très beaux métiers de la main dont on ne parle pas ou peu à Hong Kong » souligne Elsa Rameau, Directrice Générale d’Hermès à Hong Kong.
Si Hermès avait déjà eu l’occasion de montrer ce savoir faire à Hong Kong en recréant notamment un atelier de sellier lors du spectacle « Battuta » de Zingaro en mars 2008 ou lors de démonstrations ponctuelles de maroquiniers dans les boutiques, la réunion de huit métiers dans un espace ouvert au public est une première pour la marque.
La participation au festival est aussi une première pour certains artisans. Sylvie Gremelet a ainsi quitté son atelier de Nontron en Dordogne pour montrer le montage minutieux des cravates « Je réalise cinq cravates par heure, normalement il faudrait que j’en fasse sept mais je suis arrivée chez Hermès il y a seulement un an » explique-t-elle.
Première sortie de l’hexagone également pour Jean Pierre Paillot, artisan gantier entré en apprentissage à l’âge de quatorze ans et dont l’atelier de Saint Junien dans la Haute Vienne a été racheté il y a dix ans par Hermès. Mémoire vivante de l’histoire de la ganterie française, Le quinquagénaire n’a de cesse de partager les spécificités de son métier avec les visiteurs : « C’est une fierté de montrer notre savoir faire français, les gens sont sympas, ils s’intéressent et comprennent les exigences de notre métier pour arriver à fabriquer un produit parfait, que ce soit dans la qualité des peaux utilisées ou dans la maîtrise des techniques de fabrication ».
Fille et petite fille de couturières, couturière à Paris depuis dix huit ans, Nadia Chabale anime l’atelier de la chemise sur mesure, un défi à Hong Kong où les boutiques de tailleurs sont légion ! « Ce qui fait la différence c’est le travail à la main des boutonnières, des broderies, des finitions. Des tailleurs hongkongais sont venus me voir, ils étaient très surpris de découvrir que nous n’avions pas de machines pour toutes ces taches et qu’il nous fallait une journée pour réaliser une chemise sur mesure». Le temps nécessaire à la réalisation d’un produit est une révélation pour les visiteurs : « Lorsque j’explique aux gens qu’il faut deux ans de travail entre le moment où l’on réalise le dessin d’un carré et celui où il est vendu en boutique, ils trouvent que finalement le produit n’est pas si cher que ça. Le carré Cosmographie Apache d’Antoine Tzapoff qui vient de sortir en boutique nous a demandé deux mille heures de travail » témoigne Nadine Rabilloud, dessinatrice graveuse. Depuis trente -trois ans, cette lyonnaise décompose les couleurs de chaque dessin original du fameux carré pour réaliser les différents cadres nécessaires à l’impression sur soie. « Mon papa était imprimeur sur étoffe, maman tissait et moi je suis entre les deux, je grave ! L’artiste met ses couleurs les unes sur les autres, nous nous faisons le contraire, on décompose dans nos têtes. On pense en couleurs mais on dessine en noir ! » ajoute –t-elle. « Nous aimons beaucoup la marque et nous nous demandions comment étaient imprimés les carrés. C’est merveilleux d’avoir pu voir l’impression d’un carré, de comprendre toutes les étapes, nous sommes très impressionnées d’avoir rencontré ces artisans, nous ignorions l’existence de toutes ces personnes avant » déclare Daphné Chow, jeune diplômée de l’École des Roches, stagiaire à l’Hôtel Intercontinental de Hong Kong. « C’est vraiment de la très grande classe, c’est l’image unique du raffinement français. Maintenant lorsque nous porterons un carré, un vêtement où que nous entrerons dans une boutique, nous penserons toujours à ces artisans extraordinaires et garderons leur gentillesse et la passion pour leur métier dans nos coeurs » ajoute émue sa mère Jane résumant le sentiment unanime des premiers visiteurs. Le Festival des Métiers quittera Hong Kong le 5 octobre au soir à destination de Taïpei pour une nouvelle histoire de passions partagées.
« Festival des Métiers » jusqu’au 5 octobre. Entrée libre
1/F Metal Zone- Centre commercial « Elements »
1 Austin Road West- Tsimshatsui- Kowloon
Métro : Station Kowloon
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