Des leçons de bienséance dès l’école primaire en Chine

Le ministère de l’Education a décrété que des cours d’étiquette seront dorénavant donnés tout le long du cycle scolaire. Les plus jeunes vont donc devoir apprendre, entre autres, comment s’asseoir, se mettre debout et marcher correctement, parler doucement, sourire, hocher de la tête et saluer adéquatement.

Au collège, ils devront passer maître dans l’étiquette de la communication : apprendre à converser avec une personne du sexe opposé, à se parler face-à-face ou au téléphone de manière polie et enfin être courtois et tolérant avec son prochain. Au lycée, il leur faudra apprendre à avoir de bons réflexes au quotidien, comme tenir ses distances lorsque l’on fait la queue ou lorsque l’on prend l’ascenseur.

Selon le ministère, « le but, c’est est de faire comprendre aux étudiants que la Chine est un pays avec une très longue histoire au niveau de la civilisation, de la culture, des cérémonies et des rituels ».

Les avis concernant cette réforme sont mitigés. Xin Tao, vice-président du contrôle de la qualité de l’éducation et professeur à l’Université normale de Pékin explique au journal anglophone Global Times que « cette campagne est très importante pour notre société, dès maintenant. C’est vrai que beaucoup de Chinois ne sont pas bien élevés ».

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Les étudiants, quant à eux, expriment leur désarroi : « j’ai déjà énormément d’examens tous les jours, je n’ai pas le temps d’être consciencieux pour l’apprentissage de l’étiquette » explique un garçon de 15 ans.

« Les étudiants ne sont pas intéressés par des cours aussi inintéressants, d’ailleurs les professeurs ne voient pas trop l’intérêt de les enseigner » renchérit Zhou Jing, professeur d’idéologie et politique au lycée No 80 de Pékin.

Une question d’avenir

Seulement voilà, il ne s’agit pas seulement de bonnes manières mais comme pour le reste des études, de pouvoir s’assurer un bel avenir. Car pour certains postes en Chine, si l’on veut obtenir une promotion, il faut prouver, par exemple, que l’on respecte sa famille.

Si l’on se réfère à Confucius, cela s’appelle la « piété filiale ». Et si pendant la Révolution Culturelle, on la méprisait, elle semble être ravivée par le Parti ces derniers temps.

Selon le Guardian, l’administration chinoise enquête auprès «  des parents, de l’épouse et de la belle-famille » pour décider d’une promotion de ces hauts fonctionnaires. Ceux-ci ont donc maintenant intérêt à bien se conduire avec leurs proches.

11 cadres auraient déjà perdu leurs chances de promotion: la dévotion au travail ne suffira donc plus, du moins officiellement.

Une mesure qui ne convainc pas tout le monde: un internaute particulièrement cynique souligne que « beaucoup de fonctionnaires corrompus adorent leurs familles, la preuve, c’est que lorsqu’ils détournent les fonds publics, c’est pour leurs parents ».

Et pour améliorer cette éducation, qui visiblement comportait, jusqu’à présent beaucoup de manquements, des médailles de piété seront attribuées aux plus vertueux.

Il serait également question de faire passer une loi qui permettrait aux personnes âgées de poursuivre leurs enfants en justice s’ils ne leurs rendent pas visite. C’est en effet une très bonne manière d’encourager les gens à être polis.

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