Signe que la lourde condamnation infligée au co-auteur de la Charte 08 ne fait pas l’unanimité au sein du Parti communiste chinois, quatre cadres à la retraite appellent dans une lettre à renverser le verdict et à le relâcher, au nom de l’état de droit et de la société harmonieuse

Quatre vieux cadres du PCC critiquent publiquement la condamnation de Liu Xiaobo. Dans une lettre ouverte adressée « aux dirigeants du Parti et du gouvernement», ils remettent en cause, au nom du respect de la Constitution chinoise, la lourde peine de 11 ans de prison ferme infligée au dissident Liu Xiaobo, le 25 décembre dernier, pour avoir appelé à des réformes politiques en prenant part à la rédaction de la Charte 08. Comme il arrive parfois, des vétérans du PCC, sans doute protégés par leur âge – ils ont tous entre 80 et 90 ans – ont fait entendre leurs voix. C’est Hu Jiwei, ancien numéro un du Quotidien du Peuple qui a rédigé cette lettre. Les trois autres signataires sont Li Pu, ancien dirigeant de l’agence Chine Nouvelle, Dai Huang, ancien grand reporter de la même agence, et He Fang, membre honoraire de l’Académie des Sciences Sociales de Chine.
Cette lettre n’appelle pas explicitement à la libération de Liu Xiaobo mais He Fang, interrogé par Associated Press ce dimanche, a confirmé néanmoins qu’il s’agissait de « renverser le verdict, d’établir que Liu n’est pas coupable et de le relâcher », précisant qu’ils entendaient aussi « sauvegarder la Constitution et les droits de liberté d’expression». Les rédacteurs de la lettre, reproduite par l’organisation Chinese Pen Center, ne mâchent pas leurs mots : «Si le juge viole la Constiution et ne connaît pas l’histoire du Parti… cela ternira l’image du pays et du Parti et il sera difficile de montrer que la Chine est un pays régi par la loi et une société harmonieuse».
Ces quatre vétérans communistes sont des personnalités respectées et connues pour leurs positions libérales. Hu Jiwei a notamment tenté en juin 1989 de convoquer une séance d’urgence de l’Assemblée Nationale Populaire pour empêcher l’imposition de la loi martiale à Pékin, dans le but d’éviter la répression sanglante qui s’est abattue le 3 juin sur les étudiants. Cette tentative lui avait alors coûté son poste à la tête du Quotidien officiel.
En vidéo: En Chine, le combat continue malgré la condamnation de Liu Xiaobo
