Le Quotidien du Peuple s’inquiète des inégalités croissantes entre riches et pauvres en Chine. Et tire sur tout ce qui fait tâche: les « richards », les fonctionnaires d’Etat, les revenus dissimulés, les bas salaires, le manque d’assurance-vieillesse et d’assurance-maladie… Voici l’article dans son intégralité.
« Economic Information Daily » rapporte que ces dernières années en Chine, l’écart de revenu entre les diverses régions, entre ville et campagne, entre différents secteurs et entre catégories de gens a augmenté et s’est aggravé, que le déséquilibre de la structure de répartition provoque la centralisation de biens sociaux entre les mains d’une minorité de personnes, que la disparité de revenu a déjà dépassé la « ligne rouge » d’avertissement fixé par le coefficient de Gini et que les nombreux problèmes engendrés par cela sont devenus de plus en plus le centre de préoccupation des divers milieux de la société.
Les inégalités dans la redistribution sociale font que « les pauvres deviennent de plus en plus miséreux et malheureux et les riches de plus en plus fortunés et opulents ».
Vu du coefficient de Gini, qui est une mesure du degré d’inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée, l’écart entre riches et pauvres en Chine est en train d’atteindre la « ligne rouge » du degré de la tolérance et de l’endurance de la société. Chang Xiuze, professeur à l’Institut des études macroéconomiques de la Commission d’Etat pour le Développement et la Réforme, a indiqué que « Il y a déjà dix ans que le Coefficient de Gini a dépassé en Chine la ligne d’avertissement 0,4 universellement reconnue et continue à s’élever d’année en année. Ce qui montre que dans notre pays la disparité entre pauvres et riches a dépassé la limite du raisonnable et de la rationalité. »
Su Hainan, Directeur de l’Institut d’étude du salaire de travail du Ministère des Ressources humaines et de la Protection sociale et Président de la Commission spéciale de la rémunération de la Société chinoise du Travail, a déclaré qu’à l’heure actuelle en Chine, l’écart de revenu présente une tendance à l’aggravation générale et croisée. La différence de revenu entre population urbaine et rurale de notre pays a atteint 3,3 fois, alors que dans le monde c’est au maximum de deux fois environ. L’écart de salaire entre travailleurs de différents secteurs est également plus qu’évident et la différence entre salaire le plus élevé et salaire le plus bas est de près de quinze fois. La disparité de revenu entre différentes catégories de gens augmente rapidement et celle du revenu des hauts managers et des travailleurs du front des entreprises publiques cotées en bourse est de dix huit fois environ, tandis que la différence entre le revenu des hauts dirigeants d’entreprises publiques et le salaire moyen de la société atteint 128 fois.
Quant à Li Shi, Directeur du Centre d’études de la répartition de revenu et de la pauvreté de l’Ecole normale supérieure de Beijing, il a commencé à partir des années 80 du siècle dernier à participer successivement à quatre grandes et importantes enquêtes sur le revenu de la population chinoise. Il a dit que l’écart de revenu entre les 10% de gens les mieux payés et les 10% de gens les plus mal payés de 7,3 fois en 1988 s’est accru à 23 fois en 2007.
« Beaucoup de travail, mais bas salaire », c’est le sentiment commun de la grande majorité des salariés. Tang Jun, Secrétaire général du Centre d’études des politiques sociales de l’Académie des Sciences sociales de Chine, a dit : « Vu des données statistiques établies, on remarque que le revenu des gens pauvres et le revenu des gens riches ont également augmenté ces dernières années. Mais compte tenu de la différence de leurs dépenses en matière de consommation, pour un grand nombre de familles pauvres, elles dépensent surtout pour acheter les denrées alimentaires et les articles d’usage courant dont les prix augmentent souvent et sans cesse. Les inégalités dans la redistribution sont en train de présenter la dangereuse tendance aux deux extrémités qui font que les riches deviennent de plus en plus ‘fortunés et opulents’, alors que les pauvres deviennent de leur côté de plus en plus ‘miséreux et malheureux‘ ».
Les trois secteurs permettant la réalisation de gains et de profits exorbitants : l’immobilier, l’exploitation minière et la transaction boursière.
Les spécialistes concernés indiquent que ces dernières années, suite à la croissance rapide de l’économie chinoise, les trois importants facteur de la production, à savoir, la terre, les ressources et les capitaux, jouent un rôle grandissant dans le réajustement de la richesse et l’immobilier, l’exploitation minière et la transaction boursière sont devenus les trois secteurs les plus ‘lucratifs’ qui permettent que l’on réalisé facilement des gains et des profits exorbitants et c’est grâce à eux qu’une petite minorité de personnes ont pu atteindre rapidement le sommet de la richesse sociale.
D’après le palmarès établi par Forbes pour le classement 2009 des plus grandes fortunes chinoises, parmi les richards chinois qui occupent les quatre cent premières places, on compte 154 promoteurs immobiliers ; parmi ceux qui occupent les quarante premières places, on en compte dix neuf ; et parmi les super-richards qui sont aux dix premiers rangs, on en compte cinq. Ce qui signifie que l’immobilier est devenu en Chine le principal secteur de centralisation des plus grandes fortunes chinoises.
Un phénomène extravagant qui existe toujours en Chine : « le derrière décide l’opulence ».
Plusieurs spécialistes, dont Wei Jie, professeur à l’Université Qinghua, et Shi Ying, vice président de l’Académie des Sciences sociales de la Province du Shaanxi, indiquent que depuis de longues années en Chine, il existe, dans le domaine de la répartition de revenu, le phénomène extravagant et déraisonnable dit « le derrière décide l’opulence » : le haut revenu et le bas revenu ne dépendent pas de l’intelligence, ni de la capacité, ni de la compétence et encore moins de la diligence, de l’assiduité, de l’application et du sérieux dans le travail, ils dépendent en fait du « titre (rang) » ou bien du « secteur (domaine) ». Il suffit qu’on soit capable de s’ « introduire » dans les secteurs (domaines) monopolistes, tels que l’énergie électrique, la télécommunication, le pétrole, la finance, le tabac … etc., ou bien d’ « arracher » le titre (rang) de fonctionnaire d’Etat ou un poste dans un établissement institutionnel, ce sera alors comme si l’on s’est « emparé » du haut revenu, du mieux-être et d’une position sociale élevée.
Selon des statistiques établies par le Ministère des Ressources humaines et de la Protection sociale, actuellement en Chine, le salaire moyen des employés et des travailleurs de certains secteurs, dont l’énergie électrique, la télécommunication, la finance, l’assurance, ou le tabac, est deux à trois fois supérieur à celui des travailleurs d’autres secteurs, et si l’on ajoute le revenu hors salaire et les avantages du traitement du bien-être l’écart réel serait plus grand et plus énorme encore. Jusqu’à fin 2008, le niveau de la pension de retraite des fonctionnaires d’Etat est plus élevé de 2,1 fois par rapport à celui des entreprises, alors que la pension mensuelle des retraités d’établissements institutionnels est plus élevée de 1,8 fois par rapport à celle des retraités d’entreprises.
Toutes sortes de répartition de revenu.
L’ «argent noir » et le « revenu casuel (non déclaré) » font qu’il est apparu dans la société toutes sortes de « revenus dissimulés » et qu’il est pratiquement impossible de connaître les chiffres de base ainsi que l’état réel des biens sociaux. Wang Xiaolu, directeur adjoint de l’Institut d’études sur l’économie nationale de la Fondation chinoise de Réforme, a publié en 2007 un rapport d’études qui estime qu’à cette époque-là, il y a dans tout le pays des « revenus cachés » irréguliers sont le montant s’élève à au moins 4.000 milliards de yuans renminbi (RMB). Certains autres spécialistes pensent qu’actuellement en Chine, le salaire des travailleurs représente seulement le tiers de leur revenu global et que seulement le « revenu blanc » peut-être contrôlé et supervisé par l’Etat. Ce qui signifie qu’une grande quantité de revenus incontrôlables échappe à la limite de régulation de la fiscalité et circule en dehors du contrôle et de la supervision.
Compte tenu de la complexité des moyens de distribution de revenu et du manque d’un système de base pour l’enregistrement du revenu de la population, c’est pourquoi il existe en Chine toutes sortes de moyens permettant aux habitants d’être rémunérés. Une enquête menée ces derniers temps dans quinze provinces, régions autonomes et municipalités du pays et visant des savants, des spécialistes, des cadres de niveau inférieur et des gens du peuple montre que tout le monde accepte qu’on peut utiliser cinq couleurs (blanc, noir, gris, rouge du sang et jaune d’or) pour faire le résumé des divers et différents revenus qui existent actuellement en Chine en les appelant séparément revenu d’une telle couleur.
Pour parler plus concrètement et plus en détail, le « revenu blanc » désigne les revenus légaux, dont le salaire normal et le traitement de bien-être ; le « revenu noir » indique le revenu illégal obtenu par moyens illicites et contrevenant à la loi et aux règlements, dont la corruption, la malversation, la concussion, le détournement de fonds, le vol, l’escroquerie, la duperie ou le trafic de stupéfiants ; le « revenu gris » indique les revenus entre revenus légaux et revenus illégaux et qui sont actuellement très répandus en Chine ; le « revenu rouge du sang » désigne les revenus gagnés à la sueur du front, au sang versé et dus à des travaux dangereux et pénibles qui dépasse la limite de tolérance de l’être humain, dont travail clandestin dans de petites mines de charbon dans les fours à briques privées, … etc. ; le « revenu jaune d’or » indique les revenus réalisés au moyen de capitaux, dont l’or, les actions ou bien la transaction à terme.
La répartition et la distribution devant un « carrefour ».
« Bien que le degré de tolérance et d’endurance de la population envers les inégalités dans la redistribution sociale s’est élevé actuellement, mais si nous n’adoptons pas des moyens plus énergiques et plus efficaces pour empêcher et stopper l’aggravation de la disparité criante entre riches et pauvres, les conséquences seront inimaginables et désastreuses. », a indiqué Yang Yiyong, Directeur de l’Institut d’études du développement social de la Commission d’Etat pour le Développement et la Réforme, qui a ajouté que le PIB (Produit intérieur brut) par tête d’habitant est près d’atteindre l’année dernière en Chine 3.700 dollars US et que la transition de la croissance économique et la réorganisation de la structure sociale sont parvenues à une phase cruciale de développement.
La pratique des pays de l’Amérique latine démontre qu’à cette phase-là, il est surtout important de prévenir et d’empêcher l’apparition de la stagnation et du marasme, l’aggravation de la disparité entre riches et pauvres ainsi que les troubles sociaux qui sont des phénomènes susceptibles d’arrêter tout net la croissance économique.
Su Hainan, un spécialiste en la matière, pense que l’imperfection du système de répartition de revenu constitue la cause principale et directe des problèmes qui surgissent dans ce domaine-là. Dans la distribution primaire, il n’existe aucun rapport proportionnel de distribution qui peut établir rationnellement le rapport entre Etat, entreprises et individus, tandis que la rémunération du travail est relativement faible et que le mécanisme d’augmentation normal et régulier de la rémunération du travail n’est pas encore établi ; Dans la distribution secondaire, le pourcentage des dépenses, allouées par les finances aux différents échelons, pour la protection sociale et pour le transfert de paiements n’est pas encore déterminé sous forme de système, ce qui ne peut garantir la rationalité et l’équitabilité de la distribution secondaire ; La répartition tertiaire est d’une ampleur plus petite et il est nécessaire de perfectionner le système quant à la bienfaisance et à la donation, alors que la fonction de régulation est limitée.
L’irrationalité de la distribution primaire renforce en intensité la tendance au « capital fort, travail faible ». La première répartition « se rapproche » actuellement trop du capital, alors que le taux d’occupation de la rémunération du travailleur est relativement faible et bas dans son ensemble et que l’augmentation du salaire de travailleurs est toujours à la traîne de la croissance des profits et des bénéfices d’entreprises. Dans les pays développés, a fait remarquer Su Hainan, le salaire représente en général 50% environ du coût de fonctionnement et d’exploitation de l’entreprise, alors que chez nous, il n’atteint même pas 10%.
Pour ce qui est de la distribution secondaire, en raison de l’imperfection actuelle de notre système de protection sociale, le phénomène de la « régulation inverse » est même apparu dans le domaine de la répartition secondaire. Selon une révélation de la Fédération nationale des syndicats de Chine, parmi la population active urbaine, le taux d’adhésion à l’assurance-vieillesse et à l’assurance-maladie est respectivement seulement de 62% et de 60µ., tandis que pour les travailleurs migrants d’origine paysanne, ce taux est encore plus bas.
Des spécialistes concernés indiquent qu’il est important de veiller à ce que la « ligne rouge » de la disparité entre riches et pauvres ne soit pas franchie et qu’il est nécessaire de lancer le plus tôt possible la réforme du système de répartition de revenu. Il faut s’en maintenir aux principes suivants : règlement des problèmes en s’attaquant tant à leur racine qu’à leur manifestation superficielle, réorganisation intégrale, prise de mesures diverses en vue d’une solution définitive et coordination entre toutes les parties concernées, ce afin de pouvoir établir un programme de réforme systématique en tenant compte des causes approfondies, des causes réelles et des causes directes.
