Le marché de l’emploi chinois devient de plus en plus exigeant, et les opportunités dorées se font de plus en plus rares. Seul solution pour les postulants étrangers : s’adapter.

« Je suis venu chercher une opportunité d’emploi en tant qu’ingénieur, mais la plupart des stands ne proposent que des jobs de professeur d’anglais », explique Morgan, espagnol expatrié en Chine depuis plus de 2 ans, « c’est décevant ».
Comme une centaine d’autres, il est venu participer à ce « Salon de l’emploi pour les étrangers », à Pékin. Dans les trois rangs de stands, montés dans la salle de réception d’un hôtel de luxe, la dominante est en effet aux écoles de langues. Ce marché là ne connait pas la crise : l’anglais ou le français (NDLR : surtout l’anglais…) sont de plus en plus étudiés en Chine, et dans ce domaine, les laowais ont toujours la priorité.
Reste que tout le monde ne se destine pas à l’enseignement, et que beaucoup partagent la déception de Morgan. Derrière les autres bureaux, peu d’entretien d’embauche, mais des hôtesses et managers d’agences d’emplois qui distribuent des formulaires d’inscription aux expatriés. Pas qu’il n’y ait plus de place pour eux, mais la pêche est moins miraculeuse qu’auparavant.
Plus de spécialisation
« Les offres, elles sont là, rassure Eric Liu, responsable chez ForeignHR, en montrant un mur remplis d’annonces. Le problème, c’est qu’elles partent vite, et exigent souvent un très fort degré de spécialisation.»
Des offres plus qualifiées ou plus spécialisées, c’est ce que nous confirme Isabelle Carlie, responsable de l’antenne emploi du CCIFC de Shenzhen. « Récemment, les offres d’emplois s’orientent en très grande majorité vers des qualifications à Bac+5 ou plus. C’est le modèle de développement des entreprises qui veut ça – les expatriés assurant les tâches de mis en place de la production, de formation et de supervision – mais aussi à cause du durcissement de la politique chinoise en matière de visas. »
Une politique de visas particulièrement stricte envers les français, qui, avec de moins en moins de passe-droits possibles, doivent justifier d’un diplôme et d’une expérience de 2 ans pour obtenir leur permis de travail.
Comme le répètent les autorités chinoises, ce durcissement n’est que la réciproque à la politique française en la matière, qui s’est elle même considérablement durcie ces derniers temps. Le retour de bâton est double : les Chinois francophones qui ne peuvent plus partir ou même rester en France postulent en Chine aux emplois qui furent brigués un temps par les seuls expatriés… avec souvent des prétentions salariales bien moindres.
Déplacement des demandes
Le phénomène est amplifié par la formation chinoise qui a évolué pour mieux répondre aux besoins des employeurs, rendant obsolète la limite entre « jobs d’expats » et « jobs de locaux ».
Autre évolution du marché, le déplacement de la demande. Parmi la vingtaine d’employeurs qui ont fait le déplacement dans ce salon de Pékin, sponsorisé par « l’Administration d’État des Experts Étrangers », beaucoup sont en effet des universités provinciales, des industriels de Tianjin ou du Shandong.
« La plupart des postulants sont installés là depuis longtemps, et cherchent un emploi dans la ville où ils ont leur vie. », explique M. Liu. D’où une forte concurrence à Shanghai, Pékin ou Canton, alors que des emplois sont à pourvoir à Chongqing, Zhongshan ou Fuzhou. Voire même dans des plus petites villes, dans lesquelles les expatriés rechignent à s’installer.
Offres abondantes, mais différentes
L’eldorado chinois a-t-il donc fait long feu ? « Le marché de l’emploi pour les étrangers n’a pas cesser de croitre », explique Ellen Schliebitz, qui dirige le stand d’eChinacities, un site qui recense des annonces d’emploi. « mais il a évolué. Les expatriés et les candidats à l’expatriation sont non seulement en compétition entre eux, mais avec des locaux qui ont parfois travaillé à l’étranger, ou ont été formés par des étrangers en Chine. »
Les entreprises occidentales, confiantes après quelques années de présence en Chine, hésitent en outre moins à se tourner vers les cadres chinois, pour des raisons de coûts et de flexibilité. Un déficit d’offres compensée, selon Mme Schliebitz, par les entreprises Chinoises qui n’hésitent pas non plus à s’offrir les service d’occidentaux pour leur expertise dans les marchés étrangers, et pour des questions d’image.
« Travailler pour une entreprise locale peut offrir des opportunités de carrière intéressantes à ceux qui sont là depuis quelques années et qui connaissent le fonctionnement du monde professionnel local », explique-t-on du côté du CCIFC, qui offre des ateliers formations adaptés à chaque région de Chine.
« Native english-speaker »
Mauvaise surprise pour les français : les annonces commencent souvent par la mention « native english-speaker ». « Juste une formule », rassure M. Liu, qui admet qu’un anglais chancelant sera une tare difficilement surmontable et la maitrise du Chinois une case intéressante dans un CV.
Chercheurs d’emplois, soignez donc votre langue, et faites attention où vous mettez les pieds quand il s’agit d’entreprises chinoises. Edith, une anglaise embauchée il y a 6 mois dans une compagnie pékinoise d’électronique a l’impression d’avoir « un rôle de faire-valoir et de correcteur ». Si elle est au salon aujourd’hui, c’est pour « trouver un job où l’on utilise ses compétence et où on lui confie plus de responsabilités ».
Après quelques pas dans les allées, entre des stands peu encourageants, Edith préfèrera aller discuter avec d’autres postulants en tailleurs ou costumes. Une stratégie qui peut s’avérer payante dans le pays du « guanxi » (réseau).
« Nous mettons en lien les postulants avec les employeurs, explique Isabelle Carlie, mais c’est le bouche-à-oreille entre nos membres qui aide le plus à décrocher des opportunités. ».
Social, bilingue, mobile et qualifié, voilà le minimum de qualités qu’exige désormais le marché chinois. « Et de la patience », rajoute M. Liu.
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et oui, ici comme ailleurs, il faut se démener pour avoir un poste…
mamounette
C’est pas très beau de le dire, mais honnêtement, parler chinois, c’est peu de gratifications professionnels pour l’investissement que c’est. J’en sais quelque chose…