Chinoises et Chinois pourraient se mélanger dans les toilettes du Fujian, afin de remédier à la pénurie de petits coins réservés aux femmes.

Pourquoi la file d’attente est toujours plus longue pour les femmes que pour les hommes ? La question est fréquente chez celles qui sont surprises par une envie pressante dans un lieu public.
Les théories divergent : certains raisonnent par l’arithmétique, et dénoncent le temps passé sur les toilettes ou devant les miroirs par la gente féminine, d’autres s’appuient sur la biologie, et font valoir qu’a plus petite vessie, vidage plus régulier.
« Le prix de l’émancipation »
En Chine, l’explication est beaucoup plus simple : il n’y a pas suffisamment de toilettes publiques pour les femmes.
C’est en tout cas l’avis de Gan Duanrong, conseillère politique de la province du Fujian et chef de file de l’association des femmes de Quanzhou pour qui l’heure est venue d’instaurer la parité au petit coin. Devant l’assemblée politique locale, elle a déposé une motion pour ouvrir les latrines masculines au deux sexes dans toute la région, rapporte le China Daily.
Le manque de commodités publiques serait dû à l’évolution de la société chinoise, rapporte le quotidien officiel. « De plus en plus de femmes s’engagent dans des activités publiques », rendant « urgente » la question des sanitaires mis à leur disposition.
Gan Duanrong ajoute que l’inégalité d’accès aux lieux d’aisance n’avait pas encore posé problème, puisque jusqu’à présent, « les femmes avaient tendance à rester à la maison ». Les Chinoises payent donc aujourd’hui le prix de leur émancipation.
Révolution sanitaire
Depuis quelques années, la Chine redouble d’efforts pour améliorer ses commodités publiques ou en créer de nouvelles.
En 2007, Chongqing a réglé son problème de sanitaires de manière radicale en construisant les plus grandes latrines au monde. Avec 1000 toilettes rassemblées sur 4 étages dans un palais en porcelaine, la ville peut désormais se vanter d’être entrée dans le livre des records.
L’année suivante ce fut au tour de Pékin d’ouvrir son porte-monnaie pour que les millions de touristes attendus pour les Jeux Olympiques puissent uriner en toute sérénité. La rénovation des 3700 toilettes publiques de la capitale aura tout de même coûté plus de 30 millions d’euros.
Une mixité redoutée
Si la motion de Gan Duanrong œuvre pour la parité des sexes, certaines femmes de sa région ont cependant exprimé leur réticence sur internet.
« Il est difficile pour moi d’accepter des toilettes unisexes » confie Lu, une habitante du Fujian précisant que « la culture chinoise insiste sur le fait que les hommes et les femmes doivent être clairement séparés ».
Les oppositions au projet sont nombreuses, certaines parlant de malaise, d’autres évoquant les risques de voyeurisme de la part des nouveaux « co-latrinaires ».
Les inquiétudes sont aussi d’ordre technique, un fonctionnaire de l’administration sanitaire précisant que « les équipements sont différents ».
D’autres pourraient opiner que la pénurie de toilettes n’est pas un problème de genre. A Canton, par exemple, il y aurait 907 WC public pour 12 millions d’habitants, d’après l’agence de presse officielle Xinhua.
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Quanzhou est le seul endroit en Chine où je me souviens avoir dû donner un yuan à une dame pipi.