Le traitement de la maladie mentale reste un problème en Chine, comme le montrent deux études récentes, qui pointent le manque d’investissement public dans ce domaine, et dénoncent l’usage abusif de l’enfermement en hôpital psychiatrique pour éloigner les personnes gênantes.
La maladie mentale est depuis quelques temps largement débattue dans les médias chinois, peut être en partie à cause de la récente série d’attaques meurtrières dans des écoles, dont plusieurs auraient été perpétrées par des personnes atteintes de troubles psychologiques.
A l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, le Centre d’Observation des Psychoses et du Social et l’Institut pour l’Egalité et la Justice de Shenzhen ont apporté dimanche dernier de quoi nourrir le débat.
Dans un rapport publié conjointement, ils dresse un constat alarmant de la situation. Citant les chiffres du Centre Chinois pour la Prévention et le Contrôle des maladies, le rapport s’émeut du faible niveau d’investissement gouvernemental en la matière.
En Chine, seul 1% des financements médicaux vont aux traitements psychiatriques, contre 20% en moyenne à l’étranger, affirme le rapport, alors que 100 millions de Chinois souffriraient de maladie mentale, dont près 16 millions gravement.
Et ce cela pourrait être un estimation à la baisse : d’autres médias ont récemment avancé le chiffre de 173 millions, soit un peu plus de 10% de la population chinoise.
Selon Huang Xuetao, fondateur du Centre d’Observation des Psychoses et du Social, interrogé par le South China Morning Post, « ce financement limité alourdit le fardeau de la maladie mentale, qui représente 20% du total des maladies« .
Selon M.Huang, peu aidés, les hôpitaux psychiatriques doivent se financer de manière commerciale, ce qui entraîne des coûts élevés que beaucoup de patients (quand ils sont conscients de leur maladie) ne peuvent pas se permettre.
Le rapport affirme que 70% des malades mentaux ne peuvent pas recevoir de traitement en raison de leur manque d’argent.
Les enfermements forcés, un bon moyen de faire taire les fâcheux
En mai dernier, un article paru sur le portail Internet Sohu mettait en garde les autorités contre le problème de sécurité publique que représentent les malades mentaux, dont la moitié ne seraient pas au courant de leur maladie.
Mais plusieurs articles ont également mis l’accent sur les enfermements forcés dans les hôpitaux psychiatriques dont sont souvent victimes des personnes ne présentant aucune déficience.
Selon le China Daily, dans la situation actuelle, une personne peut être internée contre sa volonté sur simple demande de son conjoint ou d’un parent proche, ce qui entraîne de nombreux abus.
« Dans beaucoup de cas, ils ont été envoyés à l’hopital sur demande de leurs proches, avec qui ils avaient probablement eu des problèmes financiers« , estime Huang Xuetao.
Et le China Daily de citer le cas d’une jeune fille internée pendant 200 jours sur la volonté de sa mère, avant d’être sauvée par un groupe d’avocats et de journalistes. Car les patients eux-même sont privés du droit de faire contester leur internement une fois à l’hôpital.
Et ce que le quotidien officiel ne précise pas, c’est que les familles ne sont pas les seules à profiter des largeurs de la loi en la matière.
Les autorités recourent également régulièrement à ce moyen de faire taire les gêneurs, en particulier les « pétitionnaires », venus de leurs province à la capitale pour se plaindre de gouvernements locaux corrompus.
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
Envoyez cette page à un ami