La situation des milliers de camions bloqués depuis vingt jours sur plus de 120 kilomètres d’une autoroute au nord de Pékin dans ce que l’on surnomme maintenant ‘l »embouteillage le plus long du monde », interroge les observateurs et les autorités, qui y cherchent des explications et des solutions.

Ces dernières semaines, la Chine a fait parler d’elle à l’étranger au travers d’une histoire parfaite pour les rubriques « insolites » des médias : un embouteillage monstre, d’ores et déjà doté par la presse du titre de « plus long du monde ».
Vers le milieu du mois d’août, les médias chinois ont commencé à parler d’un embouteillage s’étirant sur plus de 120 km sur la voie rapide G110, qui relie Pékin à la Mongolie Intérieure.
Des milliers de camions y étaient presque à l’arrêt depuis 10 jours. Quelques jours plus tard, l’histoire avait déjà fait le tour du monde. Et à peine la situation était-t-elle en train de se débloquer d’un coté qu’un deuxième embouteillage se formait déjà de l’autre, d’environ 100 km celui-là.
Et si hier, l’agence de presse Xinhua a annoncé que la situation allait « beaucoup mieux », plus de vingt jours après le début du ralentissement, des questions demeurent, et des embouteillages similaires sont attendus prochainement, car rien n’est réglé.
Le problème n’est d’ailleurs pas tout à fait nouveau : dès juin, un autre embouteillage avait duré près de vingt jours sur la même G110. Mais il avait été beaucoup moins médiatisé.
En cause, la voracité en charbon du pays
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’ampleur de l’embouteillage est liée en grande partie à la consommation massive de charbon de la Chine, qui a encore augmenté cet été au rythme de la croissance de l’industrie.
« La congestion est due notamment à l’augmentation de la demande de charbon en provenance de Mongolie Intérieure« , a expliqué Xu Shouzhen, président de l’Institut Mondial de Logistique et de Management de la Chaîne d’Approvisionnement au Global Times.
En effet, bien que la Chine importe de plus en plus de charbon de l’étranger (les importations chinoises de charbon ont enregistré un bond de 212% en 2009 par rapport à 2008, selon le Figaro), elle compte également largement sur sa production interne.
Or la Mongolie Intérieure est la première productrice de charbon du pays, devant le Shanxi, qu’elle avait dépassé l’année dernière après que les autorités y aient fermé des mines pour des raisons de sécurité.
Une énorme quantité de charbon doit donc descendre de la province jusqu’à Pékin. Problème : les infrastructures de transports sont hautement inadaptées.
Selon le South China Morning Post, seuls 40% de la production peut transiter par voie ferroviaire. Les 60% restants voyagent donc dans des camions, qui empruntent en masse la fameuse voie rapide G110.
Résultat : selon la police de Mongolie Intérieure, la quatre voie, qui est destinée à accueillir au maximum 20 000 véhicules, en compte en ce moment près de 70 000.
Et si la Chine a dépensé des milliards de yuans dans le développement de ses infrastructures routières, leur gestion est pour le moins chaotique.
Pas de solution à court terme
La construction du réseau autoroutier chinois, désormais le deuxième mondial derrière celui des Etats-Unis, a été faite indépendemment par chaque province, sans coordination, et avec l’argent de gouvernements locaux bien décidés à les rentabiliser, quitte à ralentir largement le traffic.
Résultat : dans beaucoup de provinces, les autoroutes et les voies rapides sont dotées de péages non pas tous les 40km, comme préconisé par Pékin, mais tous les 20km.
A certains endroits, les automobilistes sont en plus confrontés à des doubles péages, qu’ils trouvent parfois à la suite à sortie d’une province, puis à l’entrée d’une autre.
Les « stations de pesage » sont également légion. Destinées à peser les camions, ces stations sont fort rentables en raison des nombreux camions qui voyagent surchargés, et qui écopent d’une amende.
Quoi qu’il en soit, la situation sur la G110 semble désormais en train de s’améliorer.
Cependant, si une partie du problème a été réglé grâce à l’établissement d’une meilleure coopération provinciale, et au fléchage de circuits parallèles pour désengorger la G110, « il n’y a pas de solution à court terme pour cet embouteillage« , a avoué Xu Shouzhen au Global Times.
La congestion devrait donc perdurer, au moins jusqu’à l’ouverture d’une autre autoroute, entre Pékin et Zhangjiakou, qui doit, selon le ministère des transport, être complétée… en 2012!

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