Dans une Chine en pleine transformation, les femmes chinoises, qui ne veulent pas rester en retrait malgré les discrimination dont elles sont l’objet, ont accédé à de nombreux postes à responsabilité dans les secteurs économiques et politiques. Jouissant désormais d’un pouvoir d’achat conséquent, elles consomment de plus en plus. Et à la maison, elles tiennent les cordons de la bourse.

Depuis les réformes d’ouverture, la Chine a connu un véritable bouleversement de sa structure sociale. Et dans cette mutation, les femmes, qui n’ont pas oublié la phrase de Mao qui disait d’elles qu’elles étaient « la moitié du ciel », ne sont pas restées les bras croisés.
Et pour cause : selon le magazine Newsweek, les femmes chinoises seraient dotées d’une qualité importante : l’ambition. L’hebdomadaire cite les chiffres d’un sondage effectué sur la question par le Center for Work-Life Policy, un think-tank New-yorkais.
Le sondage montre que près des deux tiers des femmes chinoises diplômées de l’éducation supérieure se décrivent comme « très ambitieuses », contre seulement un tiers aux Etats-Unis.
75% d’entre elles espèrent obtenir un poste en entreprise, alors que seule une grosse moitié des américaines y aspirent.
Enfin, 77% des femmes chinoises travaillent, contre 69% aux Etats-Unis.
« Il y aujourd’hui une réelle tendance à l’indépendance des femmes chinoises, affirme Liu Bohong, chercheuse à la fédération des femmes.
Auparavant, elles vivaient dans la famille de leurs maris, dont elles étaient dépendantes financièrement. Mais maintenant, presque tout le monde travaille, et cela change très vite« .
Depuis la période maoïste, les femmes sont considérées comme l’égal des hommes sur le plan du travail, et bénéficient en amont d’un accès égal à l’éducation.
« La révolution de Mao a infligé d’énormes souffrances à travers la société. Mais elle a donné plus de pouvoir aux femmes« , commente Isobel Coleman, du Conseil des Relations Etrangères, un autre think-tank américain, dans Newsweek.
Les femmes présentes à tous les niveaux de la hiérarchie, sauf au top
Aujourd’hui, les femmes chinoises sont donc déterminées à gravir les échelons de la société, et quelques modèles leur montrent qu’elles peuvent réussir, en particulier dans le secteur privé, ou les femmes occupent plus de postes à responsabilité que dans la plupart des autres pays du monde.
C’est le cas, par exemple, de Zhang Xin, 44 ans, à la tête de l’important groupe immobilier Soho, qu’elle a créé en 1995 avec son mari.
D’une famille pauvre du Gansu, elle est passée par l’usine, avant de devenir l’une des 50 femmes les plus influentes du monde (classement du Financial Times 2009), l’une des 100 les plus puissantes pour Forbes Magazine (2008). Avec, evidemment, une fortune personnelle lui valant d’être classée parmi les plus riches de son pays.
Dans les bibliothèques chinoises, l’histoire de Mlle Du, qui gravit les échelons de la hiérarchie d’entreprise, a récemment passionné. Au point que L’ascension de Du Lala, le livre de fiction la relatant, est resté 141 semaines sur la liste des meilleures ventes de livres du pays.
Cependant, si les femmes sont très présentes dans les postes de cadres, il leur reste difficile d’accéder à des postes de direction, comme le rappelle Liu Bohong.
« Les femmes sont très bien placées dans la hiérarchie des TPME, comme les salons de coiffures ou les restaurants. Mais dans les grandes organisations, elles sont présentes à tous les niveaux, sauf au top. Les postes de directions leurs sont encore verrouillés la plupart du temps« .
Il n’en reste pas moins que 8 entreprises sur 10 ont des femmes occupant des postes de management, contre environ 5/10 dans l’Union Européenne et 2/3 aux Etats-Unis, selon l’entreprise de consulting Grant Thornton International.
De la même façon, 31% des cadres supérieurs chinois sont des femmes, contre 20% chez l’Oncle Sam.
Quant à la politique, si l’on déplore encore un manque flagrant de parité, le nombre de femmes siégeant à l’Assemblée Nationale Populaire reste supérieur en pourcentage (21%) à celui du congrès américain.
Les femmes aux commandes du porte monnaie familial
Du fait de leurs possibilité de grimper les échelons, les femmes chinoises sont de plus en plus indépendantes financièrement. Elles affirment leur nouveau pouvoir économique en dépensant sans compter dans les magasins des grandes villes, et en épargnant de moins en moins, comme le montre un autre sondage, publié par le magasine femmes de Chine.
Effectué sur un échantillon de plus de 1000 femmes de 10 grandes villes, le sondage montre que les femmes chinoises ont de moins en moins tendance à économiser. En 2006, elles avaient avaient épargné 55% de leurs revenus, contre seulement 24% en 2009. En tout, elles auraient dépensé en moyenne 21900 yuans en biens de consommation l’année passée.
« Ce sont incontestablement les femmes qui décident du volume de consommation, a expliqué Liu Zhonglu, l’organisateur du sondage, au China Post. Etant donné qu’elles jouent un rôle plus fort dans les finances familiales, elles peuvent dépenser plus pour améliorer leur vie« .
« Dans les couples, ce sont généralement les femmes qui gèrent les finances, et en particulier chez les jeunes« , confirme Lui Bohong.
La tendance semble donc être à l’amélioration de la condition des femmes de l’empire du milieu, qui profitent pleinement des possibilités du système capitaliste à la chinoise.
Mais cette réalité ne doit pas masquer les nombreuses discriminations dont elles sont encore victimes, en particulier dans les campagnes, où ces récentes transformations sociales n’ont pas eu lieu, et semblent même encore loin.
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