Depuis vendredi dernier, la province du Guangdong est le théâtre de violentes émeutes qui rassemblent des milliers de travailleurs migrants. C’est la dernière manifestation de la violence qui couve dans ce bassin industriel où les conditions de travail sont souvent déplorables.

Pour déclencher un incendie, il suffit parfois d’une étincelle, et c’est ce qui semble s’être passé vendredi dans la province de Canton, où de violentes émeutes se sont prolongées tout le week-end.
C’est un incident banal qui a entrainé des manifestations de plusieurs milliers de personnes. Tout à commencé dans la ville de Xintang par une altercation entre un couple de vendeurs de rue originaires du Sichuan, et des « chengguan » (sorte de policiers municipaux détestés par beaucoup de Chinois).
Désireux de déloger le couple, car la vente à la sauvette (bien que très répandue) est illégale, ils auraient violemment bousculé la femme, qui est enceinte, provoquant la colère de la foule alentour, et d’immenses manifestations qui se sont répétées chaque jour jusqu’à hier soir.
Selon le South China Morning Post, des voitures de police auraient été détruites et des bureaux du gouvernement local saccagés vendredi et samedi soir. Et hier, malgré une présence policière renforcée, plus de 1000 personnes sont ressorties dans la rue et ont laissé libre cours à leur rage, et derrière eux, de nombreux véhicules retournés. (Voir la vidéo)
Selon le site de Radio Free Asia, 25 personnes seraient à l’heure actuelle détenues par la police.
Un contexte violent
Or cette irruption de violence n’est pas isolée, et dans les usines, les nombreux conflits du travail dégénèrent souvent. Rien que la semaine dernière, toujours dans le Guangdong, plusieurs centaines de migrants avaient manifesté devant le gouvernement central de la ville de Chaozhou.
Ils s’étaient rassemblés pour exprimer leur indignation après qu’un ouvrier qui réclamait des salaires impayés ait été grièvement blessé au couteau par les dirigeants de l’entreprise.
Des centaines de policiers avaient été mobilisés pour calmer les manifestants, qui avaient également dans leur colère détruit plusieurs véhicules. Neufs personnes avaient été arrêtées.
Hier, à Xintang, des internautes ont affirmé que les autorités avaient déployé des véhicules militaires, bien que cette information n’ait pas pu être confirmée.
Dans les usines, rien de nouveau
Quoi qu’il en soit, les autorités doivent sortir les grands moyens pour calmer un malaise social profond chez les travailleurs migrants, qui s’était déjà exprimé il y a un an par une série de grèves et de manifestations.
« Le cas des deux vendeurs n’a été qu’une étincelle, explique Jeffrey Crothall, porte-parole de l’ONG China Labor Bulletin, basée à Hong Kong. Cela a servi à ces gens de prétexte pour exprimer leur frustration« .

Venus de campagnes pauvres pour travailler dans les bassins industriels du pays comme le Guangdong, les travailleurs migrants (mingongs, ou nongmingong) sont les laissés pour compte par excellence du « miracle chinois ».
Et même si l’année dernière, ils avaient réussi à obtenir des augmentations de salaire et, dans certains cas, une relative amélioration de leurs conditions de travail, leur situation reste peu enviable.
« Ils ont des horaires de travail très lourds et souffrent de discriminations, explique M. Crothall. Certes, grâce au manque de main d’oeuvre, les travailleurs ont gagné du pouvoir de négociation dans certains secteurs. Mais dans beaucoup d’endroits, ils sont encore très mal traités par leurs patrons, qui refusent souvent de les payer. Quant aux augmentations de salaires, de toutes façons leur effet a été largement amoindri par l’inflation« .
Rien de bien neuf, donc, dans l’usine du monde, mais il semble bien que le gouvernement ait de plus en plus de mal à contenir la colère de son peuple, malgré le fait que le budget alloué à la sécurité intérieure soit désormais supérieur à celui de la défense.
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la video n`est pas lisible
prise à la sauvette certainement mais on devine bien ce qui s’est passé, les autorités doivent avoir peur…. pourtant il faut que les conditions du travail changent rapidement pour tous, trop d’écart entre les ouvriers et les autres…. cela ne peut que peter un jour. Et il faudra payer plus cher les produits chinois, un vrai casse tête j’imagine… mais si nous n’avons plus d’outils industriels nous serons bien obligés de passer par eux, qui progressent tellement vite en qualité, peut être suis je naïve, mais j’espère que les conditions des chinois vont s’améliorer, que les revendeurs français et autres intermédiaires reverrontà la baisse leur marge insensée et que nous arriverons à des échanges plus justes pour tous… je rêve dites? mais quand on sait qu’un canapé, joli design belle qualité, début haut de gamme vaut 69 euros à l’achat en chine pour un pro, que la vendeuse ou caissière française est toujours au smic mais que lui ajoute simplement un zéro pour faire son prix de vente…. que le transport ne coûte que quelques euros/produit, la tva et frais de douane à hauteur du prix d’achat……
Brigitte, une fois de plus ce sont les méchants occidentaux qui trinquent, cependant il ne faut pas obliger les marges encore plus colossales que se font les usines chinoises qui travaillent à l’exportation et sur le marché locale c’est encore plus ! les différents coûts matières, salaires, transport, taux de change et les investissements des usines pour se moderniser font que les prix chinois augmentent quoiqu’il arrive. Il est prévu des augmentations (selon les provinces) des augmentations du salaire de base en Chine de 20 à 30% dans les 5 ans à venir (plan gouvernemental). Les ouvriers chinois n’ont jamais autant gagner d’argent (mais ils partaient de loin), ils ne veulent plus de conditions de travail difficiles (si ils ont le choix) et pour les plus jeunes, ils peuvent gagner plus avec les hong bao de la famille qu’à l’usine. La Chine pas cher c’est fini, et le problème c’est que les négos pour les 1er prix ont toujours lieu parce que les salaires n’augmentant pas en Europe et que le pouvoir d’achat diminue. Une grande partie des produits de la distribution française sont quasiment à marge 0 sinon PV trop cher et donc pas de ventes ! Donc je me suis égaré, mais la Chine pas chère c’est finie, les niveaux de salaires augmentent, les conditions dans les usines chinoises s’améliorent énormements (surtout celles qui travaillent à l’exportation, où c’est souvent mieux que les « pures » usines chinoises, le chemin est encore long mais il faut en finir avec les fantasmes sur la Chine et ces usines, ainsi qu’avec les méchants occidentaux qui s’en mettent plein les poches (les patrons chinois aussi et souvent beaucoup plus que nous).