Doit-on se marier pour l’amour ou pour l’argent? C’est la question qu’ont voulu résoudre les législateurs en adoptant une nouvelle interprétation de la loi du mariage, créant un vif débat au sein de la société chinoise.

Peu de choses sont aussi importantes dans la vie des Chinois que de se marier. C’est peut-être pour cela que la nouvelle interprétation de la loi sur la mariage, entrée en application dimanche dernier, a provoqué tant de débats dans la presse, sur Internet, et dans les chaumières.
Et si cette nouvelle interprétation concerne 15 points du texte de loi, le débat s’est focalisé en particulier sur l’un des articles, selon lequel un bien immobilier acheté par des parents à leur enfant ne pourra pas être partagé avec le conjoint lors d’un divorce.
But de la manoeuvre : dissuader les personnes cherchant via le mariage à gravir l’échelle sociale en obtenant, lors du divorce, la moitié du prix du bien immobilier.
Selon un édito du China Daily, « cette interprétation devrait pousser les gens à réaliser qu’à partir de maintenant, il sera difficile pour quiconque de devenir riche via le mariage. Si cette explication judiciaire oblige les gens à considérer le mariage comme un lien d’amour, qu’il en soit ainsi« .

La loi vise également à s’adapter aux transformations brutales qu’a connu la société chinoise dans les dernières décennies : depuis quelques années, le taux de divorce explose littéralement. Selon des statistiques du ministère des Affaires civiles, 2,7 millions de couples ont divorcé l’année dernière, un chiffre en augmentation constante depuis sept ans.
Corriger les femmes vénales…
Traditionnellement, lors d’un mariage chinois, afin de garantir aux tourtereaux un peu de stabilité, les parents du marié mettent souvent toutes leurs économies dans l’achat d’un appartement, que les jeunes sont loin de pouvoir s’offrir eux même, étant donné l’explosion récente des prix de l’immobilier.
En compensation, les parents de la mariée achèteront une voiture, ou meubleront l’appartement. Ce sont eux qui donnent moins, car on considère traditionnellement que lorsqu’elle se fait passer la bague au doigt, leur fille quitte la famille pour celle du marié.
Mais les abus sont nombreux : « beaucoup de parents dépensent les économies d’une vie dans l’achat d’un appartement pour leur fils, et la femme divorce après seulement un an ou deux« , explique Yang Xiaolin, avocat spécialisé dans le divorce qui a participé à la rédaction de la nouvelle interprétation de la loi, au Global Times.
La nouvelle loi serait donc une façon de corriger une tendance sociale à privilégier l’intérêt à l’amour, et de protéger les hommes des femmes vénales.
… Et les autres!
Mais pour beaucoup, le texte est profondément injuste, et défavorise en fait toutes les femmes.
« En réalité ça ne découragera pas les femmes qui font cela par intérêt : elles n’auront qu’à exiger des beaux-parents qu’ils mettent l’appartement à leur nom à elle, ou aux deux noms, peste Fangfang, jeune étudiante pékinoise. En revanche cela va faciliter la vie des hommes qui trompent leur femme; en divorçant, ils n’auront plus rien à perdre. Et puis, cela tue au contraire l’amour : si les mariés ne sont même pas solidaire économiquement, comment construire une confiance mutuelle« ?
« Cela balaie le dernier obstacle contre le fait que les hommes soient infidèles, et cela va faire augmenter le taux de divorces, juge une internaute du nom de Ling Mei, sur un forum. Et puis, les femmes sont plus dévouées à leur famille. On ajouter un autre article à cette loi: celui a qui l’appartement appartient doit y faire le ménage ».
Dans un contexte d’inflation et de prix de l’immobilier extrêmement élevés dans les grandes villes, avoir un appartement revêt aujourd’hui une importance particulière, comme l’explique l’expert en droit de la famille Lu Mingsheng au South China Morning Post.
« La propriété est devenu le seul capital pour beaucoup de familles, alors que le filet de sécurité sociale est si faible; donc les gens qui ne sont pas propriétaires on l’impression de ne rien avoir du tout, explique-t-il. Ce sont des problèmes qui ne peuvent pas être résolus par la loi« .
« Quelle femme qui n’a pas encore d’appartement osera désormais donner naissance à un enfant?, s’inquiète une internaute. Après avoir accouché, si le mari la trompe, elle finira à la rue avec ses enfants! »
A lire aussi : Le divorce en Chine, une affaire d’argent?
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J’aime beaucoup le « si les mariés ne sont même pas solidaire économiquement, comment construire une confiance mutuelle »? ». Les chinois et l’argent, bien plus qu’une histoire d’amour hein??
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
Je trouve au contraire que cette phrase met bien la question économique à sa place : le niveau zéro de la solidarité et de la confiance. Donc toutes les autres valeur lui sont supérieures. (c’est écrit « même pas »‘, c’est ce « même » qui fait toute la différence de sens dans cette phrase).
Je ne la comprends pas comme toi Jean. Ou alors j’ai pas compris ton point de vue… Au choix! Mais pour moi cela veut dire que sans argent, il n’y a aucun solidarité ou confiance dans le couple, ce que je trouve quand même grave!! Et ce qui prouve pour moi qu’elle se mariera pour la thune et pas autre chose.
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
Tu peux renverser la phrase pour mieux l’interpréter : « comment construire une confiance mutuelle si les mariés ne sont même pas solidaire économiquement ? ». L’interprétation que tu donne est valable sans le « même » : « comment construire une confiance mutuelle si les mariés ne sont pas solidaire économiquement ? » Mais avec le « même », ça revient à dire que si on n’arrive même pas à une solidarité économique, quelle chance aurait-on d’arriver à une confiance mutuelle ».
En plus, cette phrase est une traduction…
Bref.
Bonsoir,
Il y a une question qui me taraude, conventions sociales mises a part, qu`est-ce qui empecherait la famille de la femme de donner par exemple 50% de la valeur de l`appart, et la famille de l`homme 50% ? Ensuite l`appart aux 2 noms.
Ou alors, c`est toujours l`homme qui achete la femme.
Sinon, je trouve cette loi pas mal finalement…
L`economie c`est la base de la confiance suivant la phrase ci-dessus ?
@Manubj: La mariée passe dans la famille du marie et on attend d’elle qu’elle s’occupe des beaux parents. Donc elle ne participe plus au support pratique et financier de sa propre famille.
Sur l’article lui-même:
Le mariage reste une institution quasi obligatoire pour les femmes en Chine. Ce n’est écrit nul part mais la pression familiale est énorme. Si elle ne se marie pas la femme restera à la charge de sa famille, impensable!
Que grand nombre de femmes chinoises considèrent leur beauté comme un capital à faire fructifier avant qu’il ne périme c’est un fait socialement accepté en chine. Et pour cause: la pression familiale pour l’ascension sociale est énorme aussi bien chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes. Ils doivent absolument utiliser tous leurs atouts. La beauté chez les femmes étant souvent considéré comme leur plus grand atout en chine. Cette société n’as pas encore fait sont deuil de l’image de l’homme comme « chef de famille » et seul source de revenue du ménage et accepte douloureusement l’idée de la femme indépendante.
Cette objectivisation de la femme est d’autant renforcé par un société très patriarcale ou tous le monde s’attend à ce qu’un homme qui réussi est au moins une maitresse (plusieurs c’est vraiment le signe du succès!).
C’est pourquoi Ling Mei est cité dans l’article disant « Cela balaie le dernier obstacle contre le fait que les hommes soient infidèles ». Dans une société qui valorise l’inégalité dans la famille et valorise en même temps d’entretenir une maitresse comme signe de succès et de virilité, cette loi va rendre le divorce moins douloureux pour les hommes qui prennent leur épouse pour une reproductrice familiale que l’on peut jeter quand la ligne familiale est assuré. Les vrais coureuses de dotes trouveront la parade simple d’avoir un bien immobilier achetez à leur nom avant le mariage.
Derrière cette loi on peut voire l’angoisse grandissante des classes moyennes pour leur retraite dans une société en pleine transformation. Cette loi vise à réassurer ces classes moyennes contre la dilapidation du capital familial, et donc de leur retraite, dans des mariages ou les femmes acceptent de moins en moins de jouer docilement le scripte « de la bonne mère ». Cette loi est une réponse populiste et trop partielle, qui au mieux n’aura pas d’effet sur le problème de fond et au pire va exacerber la situation.
Argent, argent, argent, argent… Le mariage c’est à chier en chine plus que n’importe où ailleurs! La famille du mec doit payer celle de la fille sinon pas de mariage, c’est juste de la prostitution!
Ben pourtant, les chinoises ne sont ni putes ni soumises.
C’est volontaire alors? Non je crois pas, c’est papa maman qui décide bien souvent.