Des antiquités volées, une inestimable assiette cassée « par accident », des termites qui rongent massivement les édifices… Rien ne va plus dans l’attraction touristique la plus populaire de Chine.

Au coeur de Pékin, la Cité Interdite, c’est tout un symbole : le symbole d’une histoire plurimillénaire, du raffinement de la culture chinoise, et du pouvoir.
Fondé en 1925, peu après l’expulsion du dernier empereur, le Musée du Palais qu’elle abrite est également la destination préférée des touristes en vadrouille dans l’Empire du milieu : cet été, le nombre de visiteurs quotidien a fréquemment excédé les 80 000.
Mais cette incroyable popularité n’a pas empêché la Cité Interdite d’être l’objet de vives critiques depuis quelques mois, mettant fortement en cause le management du Musée du Palais.
En mai, l’opinion publique avait déjà été choquée par le vol de neuf boîtes de bijoux au sein du musée par un homme qui, resté à l’intérieur après la fermeture, s’était ensuite échappé en sautant par dessus l’un des murs d’enceinte de la Cité, déjouant ainsi un imposant système de sécurité.
Selon les sources du jmagazine indépendant Caixin, qui a publié une enquête sur le sujet, l’homme a en fait bénéficié du fait que plusieurs caméras de surveillances étaient déficientes, et que les zones qu’elles ne couvraient plus n’étaient pas non plus surveillées par des gardiens.
Un club pour riches et de la casse dans la Cité Interdite
Quand l’homme fût arrêté, le 11 mai, la direction du musée s’est sans doute sentie soulagée. Mais cela n’était que le premier d’une série de scandales qui frappent depuis lors le mythique palais.
D’abord, suite à cette affaire, les responsables de la Cité voulu offrir une banderole aux policiers comme cela se fait parfois ici, pour les remercier d’avoir capturé le voleur. Mais une fâcheuse erreur de caractère a transformé la phrase « défendre la prospérité du pays » en « secouer la prospérité du pays« . Des photos de la banderole brandie par les officiels ont circulé, et l’administration a été la risée du web.
Quelques jours plus tard, le Palais faisait de nouveau la Une des journaux alors qu’une rumeur a commencé à circuler sur le Web : quelque par dans l’immense zone non-ouverte de la Cité Interdite qui n’est pas ouverte au public se cacherait un club pour riches où se dérouleraient des soirées privées. L’affaire a scandalisé beaucoup de Chinois.
Puis, en juillet, une assiette en porcelaine datant de la dynastie des Song et fabriquée grâce à une technique extrêmement rare a été accidentellement cassée en six morceaux.
Selon des experts en conservation culturelle, qui se sont beaucoup émus de l’affaire et de la façon dont la direction du musée à essayé de l’étouffer, il s’agit de l’accident le plus grave du genre depuis la fondation du musée. La valeur de cette assiette est estimée à 100 millions de yuans (10,9 millions d’euros), selon le Time Weekly.
Mais ce n’est pas tout : aujourd’hui, selon le Global Times, voici que les responsables du musée sont accusés d’avoir « égaré » une centaine de livres anciens d’une valeur inestimable, et d’avoir tenté d’étouffer à coup de gros sous des magouilles dans la vente des tickets d’entrée.
Les reliques sont-elles en sécurité dans la Cité Interdite?
Cependant, si les scandales se sont multipliés ces derniers temps, ce n’est pas la première fois que des affaires embarrassantes pour la direction se produisent : en 2005, les responsables avaient du expliquer la raison pour laquelle de l’eau gouttant d’un appareil de climatisation avait endommagé une peinture datant du 10e siècle. Elles avaient tout simplement prétexté d’un « erreur de design« …
Enfin, en 2006, des termites ont été découvertes dans la partie ouest du palais. S’en était suivie une opération visant à déloger les indésirables mangeuses de bois.
Mais selon Caixin, cela est loin d’avoir été efficace. Le magazine, qui dit craindre que la Cité n’en soit fortement endommagée, rapporte les résultats d’une récente enquête qui conclue que « la zone affectée par les termites était plus large que ce que nous avions pensé au début. Certains des piliers de bois ont été complètement creusés« .
La crédibilité de l’équipe en charge du Musée du Palais a donc largement souffert ces derniers mois, au point que se multiplient sur Internet les commentaires scandalisés, mettant en doute la capacité des autorités à protéger les reliques du passé.

« Peut-être qu’ils ont couvert d’autres erreurs similaires, qui sait?« , s’interroge ainsi un utilisateur de Weibo. « Les reliques préservées au Musée du Palais n’appartiennent pas qu’au musée, ils représentent trop de culture et d’histoire nationale« , ajoute un autre, dénommé Chufeng72.
« Quand je vois les minables portes de la Cité Interdite, je me dis que cela est une chance qu’il y ait certains objets chinois au Louvre et dans les musées anglais, conclut Qing Xin Ya Xuan. Bien qu’il ne nous appartiennent plus, au moins ils sont toujours là« .
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Aaahh sacrés Chinois! En même temps, lorsque l’on voit comment ils prennent soin de la Grande Muraille, comment ils refont à neuf certains ancien Hutong afin de faire croire aux touristes que c’est de l’ancien, et toute l’application qu’ils mettent dedans… Je me dis que les monuments historiques n’ont plus beaucoup d’années devant eux! Quel gâchis!
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
J’avais un jour traversé une ville de province avec une personne qui découvrait la Chine. Les bulldozers rasaient des quartiers entiers de maisons traditionnelles et les touristes se pressaient dans une espèce de nouveau centre commercial enchinoisé où des vendeurs moroses affublés d’espèces de robes de chambre soyeuses proposaient au gogo des pacotilles tout aussi enchinoisées. Mon compagnon m’avait dit:
» Je ne comprend pas pourquoi ils reconstruisent en moins bien ce qu’ils détruisent à côté… »
Revenons à la Cité Interdite.
Dans ces tristes affaires dont la Chine n’a d’ailleurs pas l’exclusivité (pillage des documents anciens dans l’ex-URSS ou chez nous scandale de la Bible ancienne de la BNF), l’appât du gain facile et rapide semble être le principal moteur.
Il faut reconnaitre que l’appât du gain est devenu une obsession chinoise. La morale traditionnelle a été mise à mal durant la période communiste pour être remplacée par la morale « prolétarienne » (servir le peuple), laquelle morale communiste fut à son tour mise à bas pour laisser place à un capitalisme mafieux corrompu et cynique. Magouilles, reventes clandestines d’objet…tout est bon pour arrondir son pécule. Comment résister aux pressions sociales qui poussent à afficher « pour la face » un luxe éhonté, comment résister à une occasion de détourner une somme significative quand on voit les dizaines de milliers de yuans qu’il faut mettre sur la table pour scolariser convenablement son enfant? Même un chinois qui admettra avec vous le dramatique vide moral qui affecte son pays sera bien forcé de survivre et de faire vivre sa famille. Bien sûr, expliquer n’est pas excuser, mais comment lui en vouloir?
Helun +1.
Effectivement, on ne peut pas vraiment en vouloir à l’individu. En revanche si on suit ta logique on doit reconaitre qu’il est évident que le système, lui, est défaillant et pose problème.