Les compagnies aériennes chinoises ont renoué avec les bénéfices l’année dernière, selon leurs estimations préliminaires, mais pourraient encore affronter des turbulences en 2010.

Renfloués par l’Etat après une terrible année 2008, les principaux transporteurs ont bénéficié les mois suivants d’une hausse du trafic passagers et de la baisse des cours du pétrole. Grâce à cela, China Southern Airlines, Air China et China Eastern Airlines ont toutes les trois annoncé ces derniers jours que leurs comptes devraient être sortis du rouge. Leurs résultats financiers annuels sont attendus à partir de mars.
L’industrie aérienne chinoise dans son ensemble a engrangé 7,4 milliards de yuans (740 millions d’euros) de bénéfices en 2009, année qui a vu le nombre de passagers bondir de 19,7% pour atteindre 230 millions, a annoncé récemment l’Administration de l’Aviation Civile chinoise. « En 2009, l’industrie a volé contre le vent », a aussi souligné l’Administration.
Car selon l’association du transport aérien IATA, les pertes 2009 des compagnies mondiales s’élèvent à 11 milliards de dollars et l’industrie devrait rester déficitaire cette année – de quelque 5,6 milliards. L’année 2009 a ainsi été fatale à la première compagnie aérienne d’Asie en chiffre d’affaires, Japan Airlines, lourdement endettée après des années de tourmente. JAL a déposé son bilan le 19 janvier.
Dans ce contexte international sombre, les transporteurs aériens chinois ont plus que tiré leur épingle du jeu, bénéficiant de la rapide reprise de l’économie nationale, dont la croissance 2009 a atteint 8,7%, et du trafic intérieur. Mais Chen Huanyu, analyste du courtier Guotai Junan (Hong Kong), souligne aussi que leurs bons résultats sont en partie dûs à des bénéfices non opérationnels: de bons contrats de couverture sur le carburant et presque deux milliards de dollars d’aides gouvernementales déversées sur les trois grandes compagnies à partir de fin 2008. Les compagnies ont par ailleurs bénéficié de certaines exemptions financières qui n’auront plus cours cette année. « Leurs recettes vont connaître des hauts et des bas en 2010 et peut-être l’année suivante », prévoit Chen.
L’analyste est néanmoins « généralement optimiste » pour l’aviation chinoise grâce à des facteurs comme l’Exposition universelle de 2010 à Shanghai à laquelle sont attendus plus de 70 millions de visiteurs sur six mois, et « la poursuite de la reprise économique » sur laquelle les économistes tablent. « Les perspectives sont bonnes », conviennent dans une note les analystes de Credit Suisse. Reste que « le rythme de croissance du secteur devrait ralentir » car le retour à une forte croissance s’accompagne de craintes de bulles et d’inflation qui pourraient pousser les voyageurs chinois à la prudence. « Leur budget voyage va inévitablement en être affecté », selon Credit Suisse.
L’administration de l’aviation civile estime que le trafic passagers devrait croître d’environ 13% cette année et le fret de 12%. A terme, un concurrent pourrait émerger: le rail, avec les lignes à grande vitesse, en cours de développement, entre Pékin et Shanghai par exemple, ou tout juste inaugurées, comme la ligne très grande vitesse Wuhan-Canton. Mais Thomas Kwan, analyste aviation chez UBS, souligne que l’impact n’est pas pour tout de suite et pourrait être amorti par la croissance soutenue de « l’énorme » marché intérieur.
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