À 45 ans, Marc Fonbaustier vient de prendre ses fonctions de Consul Général de France à Hong Kong et Macau où vit la plus nombreuse communauté française d’Asie. Une première nomination en tant que chef de poste pour ce diplomate, qui s’est confié à Aujourd’hui la Chine.

Pourquoi avoir choisi Hong Kong pour votre premier poste de « numéro 1 » ?
On peut difficilement rêver d’un endroit plus intense, plus excitant. Il faut d’abord se représenter la masse des intérêts français ici et j’ai besoin personnellement de sentir qu’il y a des intérêts réels pour bien faire mon métier. Hong Kong représente le premier excédent commercial pour la France en Asie et nous continuons de progresser dans un système d’ensemble qui a tendance à se contracter. Par ailleurs, Hong Kong constitue un point d’observation fantastique à la frontière de l’Orient et de l’Occident, de la Chine continentale qui conserve ses spécificités et d’un système d’économie de marché. Point d’observation également de l’évolution des marchés de capitaux, de leurs mutations et de l’adaptation des métiers de la finance à la crise et aux nouvelles réglementations qui vont être mises en place. Enfin, après avoir été numéro 2 à Delhi dans une grande ambassade, le poste de Consul Général à Hong Kong est une étape significative, traditionnellement assimilé à un poste d’ambassadeur. A cet égard, comme mes prédécesseurs, j’ai été invité à la Conférence des ambassadeurs à Paris fin août.
Que ressent-on lorsque l’on assiste à la conférence des ambassadeurs pour la première fois ?
Il y a la dimension « rentrée scolaire » avec un mélange de fierté et d’appréhension. On se dit « là, j’entre dans une catégorie différente ». On mesure le seuil de solitude, de sens de responsabilité qui à mon avis, lorsque l’on est un peu lucide et conscient doit arriver à quelqu’un qui va accéder à ce type de fonction. En fait je dirais fierté, modestie et désir de bien faire.
Quelle est votre feuille de route, quelles – sont à travers vous les ambitions politiques et économiques de la France ici ?
Je suis pour ce qui concerne la politique générale de la France en Chine sous l’autorité de l’Ambassadeur de France à Pékin. Je m’attache donc à suivre la ligne générale qui est la politique de la France en Chine. Ensuite, il y a une déclinaison spécifique, qui tient à ce que, depuis leur rétrocession, Hong Kong et Macau sont des régions administratives à statut spécial. J’ai d’ailleurs une accréditation et un contact privilégié avec les autorités hongkongaises et macanaises, auprès desquelles je représente l’Etat. Pour le reste, je vais m’efforcer, avec mon équipe, d’accompagner le plus possible ce que j’appelle le rayonnement français.
Plus précisément ?
Cela veut dire faire avancer nos « parts de marché » dans tous les secteurs possibles, cela veut dire aussi renforcer tout ce qui peut constituer la toile de fond, les points de repère français à Hong Kong et Macau. C’est pour cela qu’il faut de l’action culturelle, de la francophonie, de la coopération scientifique et universitaire, ce que j’appelle des programmes structurants, qui vont être la base lourde facilitant les échanges commerciaux, financiers, économiques et qui, évidemment seront la toile de fond de l’amitié politique avec les autorités locales. Je suis un peu coordonnateur, animateur et chef d’orchestre, avec une partition très riche et, je l’espère, pas trop de cacophonie ou de fausses notes !
Vos fonctions consulaires vous laissent-elles un peu de temps libre ?
Il m’arrive parfois d’avoir une vraie vie et de passer du Gouvernement « officiel » au gouvernement « intime » en la personne de mon épouse Gabriella. Nous avons trois enfants de 6, 4 et 2 ans. C’est une dimension de moi – même, de ma vie qui enrichit beaucoup, compense ou équilibre la fonction plus politique et publique du consul général ! C’est une chance, un choix et si je trouve qu’être papa n’est pas le métier le plus simple, j’espère que j’y réussis avec le temps dont je dispose. J’estime que l’ on a le droit d’être un homme heureux en même temps qu’un consul général comblé par la mission qu’on lui confie !
Avez- vous des passions en dehors de votre famille et de la diplomatie ?
Je suis bourguignon d’origine et c’est peut –être parce que je viens de cette région que j’ai un ADN assez vineux ! J’aime beaucoup le vin et je suis d’autant plus heureux qu’ici il s’en vend beaucoup ! J’ai une autre passion un peu plus difficile à pratiquer c’est la pêche. Je suis pêcheur dans tous les sens du terme mais je suis d’abord pêcheur à la ligne (rires) ! J’aime aussi beaucoup lire et j’ai une passion particulière, peut être par nostalgie, pour le cinéma français et des films fétiches des années 70,80,90.
Un film en particulier ?
J’aime beaucoup Le Cercle Rouge de Jean Pierre Melville qui pour moi est un très grand film. Il y a quelque chose dans ce film d’assez étonnant dans la rencontre des personnages qui n’étaient pas forcément destinés à se connaître. Et puis il y a la figure d’André Bourvil qui me touche beaucoup. Ce grand acteur comique qui a fait rire beaucoup de monde ne fait plus rire du tout dans ce film. Il a quelque chose de profondément grave qu’impressionne.
Un message particulier que vous souhaiteriez adresser aux Français de Hong Kong et d’ailleurs ?
Pour ceux qui sont ici je leur dis « continuez et soyez fiers de ce que vous faites » ! La communauté française ici est brillante, active, ambitieuse malgré la crise, très révélatrice du dynamisme de notre nation aujourd’hui. Pour ceux qui voudraient venir s’installer, j’ai envie de leur dire « rejoignez une success story » !