Chloé Ascencio et Dominique Rey ont analysé le management à l’épreuve de la culture chinoise. Ils presentent leur livre ce vendredi à la librairie Le Phénix et répondent aux questions d’Aujourd’hui la Chine.

– Faut-il vraiment adapter les techniques de management à la Chine ?
OUI clairement car les difficultés sont importantes. C’est quotidiennement que les entreprises occidentales implantées en Chine se heurtent dans le management de leurs équipes – et dans leurs relations commerciales – à des difficultés dues spécifiquement au décalage culturel.
Certaines « Bonnes Pratiques » internationales y fonctionnent mal, d’autres pas du tout. Délégation, reporting, prise de parole en réunion, esprit d’initiative… : autant de difficultés constamment évoquées dans nos interventions de conseil avec des managers ou dirigeants expatriés.
Mais les comportements des Chinois apparaissent très rationnels dès lors qu’on repère les logiques de pensée et d’action sur lesquels ils reposent : importance de la relation personnelle, au détriment des règles et des contrats, tendance à dire oui plutôt qu’à s’opposer, absence de droit à l’erreur.
En démontant les pratiques courantes du management moderne – en fait occidental – nous montrons sur quels points elles achoppent face à ces logiques chinoises très différentes. Et comment les adapter, pour bénéficier dans les entreprises internationales implantées en Chine de cette efficacité chinoise dont on voit par ailleurs les réalisations impressionnantes.
– Est-ce qu’il existe un modèle chinois et en quoi peut-il intéresser les entreprises à l’étranger ?
Il existe en fait deux modèles chinois, qui sont à la source du développement industriel actuel. Ce sont deux modèles très différents, mais tous deux ancrés dans les logiques d’action de la Chine millénaire !
L’un d’entre eux est très impressionnant dans sa radicalité moderniste, avec des systèmes d’évaluation individuelle quotidienne, et même de mise en concurrence des salariés en interne : des modes de management qui dépassent toutes les expérimentations occidentales, et se rattachent à l’héritage des Légistes (法家fajia, l’Ecole de la Loi incarnée par Hanfeizi), les éternels adversaires de Confucius.
Des entreprises comme Huawei ou Haier illustrent ces innovations typiquement chinoises; elles se développent d’autant mieux qu’elles exercent un fort pouvoir d’attraction sur les balinghou. Eduquée et ambitieuse, cette nouvelle génération est rebutée par le modèle traditionnel chinois du « Management par les Hommes » (qu’on retrouve à Hong Kong, Taiwan et dans les diasporas chinoises) et son paternalisme souvent autoritaire et arbitraire.
Beaucoup de ces jeunes Chinois sont ainsi prêts à s’investir dans ces nouvelles organisations très processées, extrêmement contraignantes mais dont ils attendent reconnaissance de leurs talents et satisfaction de leur appétit de réussite.
Ce nouveau modèle chinois du « Management par les Règles » n’a pas fini de faire parler de lui, du fait de l’agressivité commerciale de ces nouveaux champions industriels et de leur implantation en cours en Europe et en France.
– Comment avez vous procédé pour écrire ce livre ?
Ce livre est issu d’une expérience de travail et de vie en Chine, à Shanghai puis Guangzhou, depuis 2003.
Il intègre notamment les résultats d’une enquête (analysée dans un ouvrage précédent « Manager en Chine » [Chloé Ascencio, l’Harmattan 2007]) réalisée auprès de dizaines de collaborateurs chinois d’entreprises occidentales donnant leur avis sur les points forts mais aussi les dysfonctionnements du management occidental, bien au-delà de la barrière de la langue.
Il reprend aussi l’expérience et les méthodes résultant de nos interventions de conseil et de formation en Management et en Communication interculturelle, auprès des entreprises françaises implantées en Chine.
Alors, notre projet et notre méthode pour « Etre Efficace en Chine »? – Donner les clés pour comprendre et décoder les comportements et la communication des Chinois. – Expliquer comment, sur ces bases, sont managées les entreprises chinoises, et notamment le modèle ultra-processé déjà évoqué. – Passer au crible les « Bonnes Pratiques » du management occidental, pour identifier celles qui sont inopérantes voire contre-productives en contexte chinois, et celles qui peuvent être adaptées. Pour finalement dessiner à l’intention des entreprises internationales implantées en Chine un management efficace jouant sur les véritables ressorts capables de mobiliser les équipes chinoises.
Chloé Ascenscio et Dominique Rey seront ce vendredi à la librairie Le Phénix à 18 heures.
72 boulevard de Sébastopol 75003 PARIS
Métro: Réaumur-Sébastopol (Ligne 4 ou 3)
Tél : (33) 1 42 72 70 31 Fax : (33) 1 42 72 26 69
Merci de confirmer votre participation
au 01 42 72 70 31 ou par e-mail
contact [at] librairielephenix [dot] fr

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