La marine chinoise a débuté une session d’exercices militaires au large de Qingdao. Officiellement de l’ordre de la « routine », ils interviennent juste avant la dernière série de manœuvres militaires annuelles conjointes des États-Unis et de la Corée du sud, qui ont profondément irrité Pékin et son allié, la Corée du Nord.

« Il s’agit d’un entraînement de routine annuel, impliquant notamment des tirs d’artillerie« , concluait lundi la dépêche de l’agence Xinhua, reprenant sobrement un communiqué du ministère de la Défense nationale.
Des exercices à tirs réels, qui, selon l’agence gouvernementale, ont commencé hier et se tiendront au large de la ville côtière Qingdao jusqu’au 4 septembre.
Officiellement, donc, rien a signaler. Sauf qu’en y regardant de plus près, la manœuvre apparaît plutôt comme une défiance vis-à-vis des États-Unis et de la Corée du Sud.
Les deux ont récemment tenu des exercices militaires conjoints, dont une partie dans la mer jaune, auxquels la Chine s’est opposée. Une dernière session est d’ailleurs prévue pour quelques jours à partir du 5 septembre.
Cette session d’exercice, appelée « Ulji Freedom Guardian », a lieu annuellement. Mais cette année, elle a été précédée par une première, destinée à faire une démonstration de puissance à la Corée du Nord.
Pyongyang est en effet tenu responsable par une enquête internationale du naufrage d’une corvette sud-coréenne en mars, qui avait coûté la vie à 46 marins.
Et si la Chine n’avait pas apprécié l’intervention des Etats-Unis dans le secteur, la Corée du Nord, qui dément toute responsabilité dans le naufrage, s’était étranglée de colère.
« Le cas du naufrage du Cheonan a été la première phase d’une série de provocation anti-corée du nord basée sur des fabrications et des campagnes de sallissure, alors que les maneuvres de guerre (…) représentent une phase d’action en pratique dont le but est une invasion militaire en bonne et due forme« , avait déclaré un porte parole de l’Armée du Peuple de Corée du Nord dans un communiqué à l’agence officielle, menaçant « les traîtres du Sud » d’un « contrecoup impitoyable« .
Or, la Chine et la Corée du Nord se sont récemment mises d’accord sur un renforcement de leur coopération militaire, à l’occasion de la visite de Zhang Youxia, commandant en chef de l’Armée Populaire de Libération, à Pyongyang.
« Dans le futur, la Corée du Nord consolidera et développera les échanges avec la Chine dans tous les domaines, et fera de plus en plus d’efforts pour renforcer la coopération amicale entre nos deux armées« , a déclaré le N°2 du royaume ermite à M. Zhang, selon Xinhua.
Avec ces exercices militaires, il s’agit pour la Chine d’affirmer la présence de sa marine (qui est déjà la n°2 mondiale derrière l’US Navy) dans la région.
Et au delà d’un simple enjeu de face, la Chine a au moins deux objectifs au large de sa côte est.
D’une part, les revendications territoriales, fondées sur les « intérêts vitaux » du pays, et concernant en particulier les îlots de la mer de Chine méridionale, très prisés pour leurs ressources naturelles. Ces îlots sont depuis longtemps l’objet d’une dispute avec les pays voisins, dans laquelle se sont récemment immiscés les Etats-Unis.
Afin d’assurer un peu plus sa suprématie, la Chine avait, la semaine dernière, planté son drapeau national au fond de ces eaux contestées, à l’aide d’un petit sous-marin.
D’autre part, il s’agit plus que jamais de défendre les routes maritimes qui lui permettent d’assouvir une grande partie de son gigantesque appétit en matières premières.
On ne connaît pas exactement l’étendue des forces armées chinoises, mais sa marine serait composée de 6 sous-marins nucléaires d’attaques, 60 sous-marins classiques et 300 avions de combat en mer.
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