Le réseau social vient de supprimer le compte d’un activiste, pour une raison pour le moins surprenante.

Michael Anti est très connu. Ce journaliste chinois est réputé pour ses écrits réclamant plus de liberté en Chine, il a de nombreux abonnés Twitters, et il a même été distingué par les universités de Cambridge et de Harvard. Jing Zhao, lui n’est pas célèbre, même s’il s’agit bien de la même personne : Anti est le nom de plume de Jing.
Et pourtant, Facebook a décrété que Michael Anti n’avait pas le droit d’avoir un compte à ce nom : le réseau social américain a décidé, purement et simplement, de supprimer le compte Facebook du journaliste, le coupant de ses 1100 contacts. Raison invoquée : on ne peut ouvrir de compte Facebook sous un pseudo.

Facebook pour chiens
Incroyable, quand, au même moment, on apprenait que Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, venait juste d’ouvrir un compte pour son chien Beast. Explications de la société de Palo Alto : Beast n’a pas de compte, mais une page, ce qui est totalement différent dans l’univers du réseau social.
A première vue, cela pourrait donc être une raison valable, mais on découvre vite des incohérences dans les arguments de Facebook. Il suffit de naviguer sur le site pour y découvrir des comptes (et, donc, pas des pages) répondant aux doux noms de « Cupcake Ninja », « Sexy Galexy » ou bien encore, « Patate Junior »… Sans vouloir faire de mauvais esprit, on peut parier que les grands ordonnateurs de Facebook ne sont pas allés vérifier l’identité des titulaires du compte auprès d’un officier de l’état-civil.
Internet et censure
La suppression du compte de Michael Anti a plutôt des relents de censure. Le journaliste dérange Pékin, et Facebook n’a pas forcément envie de se mettre à dos les autorités chinoises, surtout en ces périodes de tensions sur fond de manifestations du jasmin. Le réseau social est toujours censuré en Chine, ce qui le prive de plusieurs centaines de millions de membres potentiels. Une situation délicate, à laquelle le groupe espère sans doute trouver une solution. Mark Zuckerberg se trouvait d’ailleurs récemment en Chine, ce qui pourrait laisser penser qu’il prépare une version « politiquement correcte » du site pour la Chine.
En attendant, après les affaires Yahoo et Google, Facebook et Michael Anti relancent le débat sur le comportement que doivent adopter les géants d’Internet face aux exigences des autorités chinoises. En 2005, Microsoft avait choisi d’effacer purement et simplement le blog d’un opposant chinois. Son nom : Michael Anti.
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Mon chat est un dissident, mais il n’a pas de pseudo : il a le droit d’avoir un compte ?
Michael Anti à l’instant sur Twitter
In a nation people need VPN to access page of Zuckerberg’s dog, it’s insane to force them to show ID cards on Facebook.
En fait, Facebook fonctionne comme l’Internet intérieur de la Chine. la notion d' »hébergeur » n’a pas cours. Les administrateurs se croient responsables du contenu et sont donc obligés de supprimer tout ce qui menace l’harmonie, que ce soit une femme qui allaite en montrant trop de ses seins (Facebook) ou une discussion sur un livre qui a attiré trop de commentateurs (Chine). Comme il faut un prétexte, on invoque un règlement. En Chine, la cyberpolice est d’une grande honnêteté intellectuelle: la pornographie est interdite, et aussi les informations qui pourraient troubler l’harmonie sociale, c’est expliqué sur le site cyberpolice.cn. Les dirigeants de Facebook sont bien plus hypocrites, mais progressent dans la direction de leurs confrères chinois.
La seule obligation à laquelle un hébergeur en Chine est soumis, c’est la suppression immédiate de tout contenu dont la cyberpolice demande la disparition. C’est ainsi que les blogs de Microsoft Live sont autorisés (de temps en temps on voit le même écran que sur 123 ou hi.baidu « ce contenu non légal ne peut pas être affiché »), mais pas Blogspot (Google) qui a refusé. Les plateformes de blog extérieures (wordpress, livejournal canalblog, etc.) sont autorisées ou interdites plus ou moins au hasard. Facebook n’aura même pas besoin de changer son organisation pour être admis en Chine; la fonction de censeur existe déja; ils ajouteront une ligne directe avec le bureau de la sécurité des réseaux de l’information du ministère de la paix publique 公安部网络安全保卫局.
Reprise: Ca me donne envie de rappeler le comportement de certains profs de l’enseignement secondaire public en France. Mécontents qu’un élève parle d’eux sur Skyblog, et sachant que faire supprimer un contenu est compliqué et cher (la loi sur le numérique le prévoit, mais plutôt pour le droit d’auteur), ils faisaient exclure l’élève du lycée tant qu’il n’avait pas supprimé son texte lui-même. Tout le monde est pareil.