Entretien avec Franck Melloul, directeur Stratégie et Developpement de France24. Il évoque les perspectives d’avenir de la chaîne sur le continent, et explique son absence en Chine… pour le moment.

À l’issue de la Convention annuelle du CASBAA qui se tenait à Hong Kong du 31 octobre au 3 novembre, Franck Melloul, Directeur de la Stratégie, du Développement et des Affaires Publiques de l’Audiovisuel Extérieur de la France a fait le point du développement de France 24 en Asie et annoncé à ALC le lancement de la chaîne en Corée.
ALC : Un an après le lancement de France 24 en Français à Hong Kong, quel bilan pouvez vous faire ?
Franck MELLOUL : Depuis un an où nous sommes sur les deux principaux opérateurs Now TV et BB TV à Hong Kong nous avons eu plus de cinq mille abonnés. C’est un véritable succès. J’ai rencontré de nombreux ressortissants français pendant mon séjour à Hong Kong qui m’ont parlé en détail de la chaîne ! C’est très positif et même s’il y a toujours des choses à faire et à améliorer, c’est un véritable succès. Le résultat est au rendez -vous, c’est important pour nous.
Avez – vous séduit également des francophones et francophiles hongkongais ?
Notre stratégie du multilinguisme c’est justement de pouvoir à la fois privilégier la francophilie et en même temps préserver la francophonie. Sauf que pour préserver la francophonie, il faut qu’il y ait plus d’amour de France, plus de désir de France.
C’est bien d’avoir un message, c’est bien de développer un regard français sur l’actualité internationale mais pour que ce regard et ce message soient entendus, encore faut -il qu’il soit compris. D’où l’intérêt de parler l’anglais et l’arabe. En Asie, grâce à l’anglais, nous avons l’opportunité de toucher des leaders d’opinion d’autres nationalités que française et qui arrivent à comprendre le message que nous développons.
Quelle est la spécificité française dans le traitement de l’information ?
Après avoir réalisé beaucoup d’études sur les attentes des téléspectateurs qui consomment de l’information par rapport à une chaîne internationale, nous avons définis trois axes. Le premier c’est la diversité parce que lorsque nous traitons d’un sujet d’actualité, nous le traitons toujours à travers le prisme de la diversité ce qui n’est pas le cas de nos concurrents de CNN ou d’Al Jazeera qui eux ont un regard unique sur le monde.
Le deuxième axe, c’est le débat et la contradiction. C’est typiquement notre arrogance française ! Nous avons toujours le réflexe de dire l’inverse de ce qui arrive, de confronter nos idées ! Nous essayons à l’antenne d’avoir le pour et le contre, quel que soit le point de vue que nous mettons en avant, ce qui nous différencie également de nos principaux concurrents. Le troisième axe c’est la culture parce qu’en France nous considérons que la culture a autant contribué au développement des civilisations que l’économie.
Ainsi, si nous voulons mettre de l’économie en prime time nous mettrons aussi de la culture parce que notre aura sur la scène internationale nous donne une légitimité à nous exprimer sur notre propre culture mais aussi à porter un regard sur la culture des autres.
Les conflits internes que France 24 a connus il y a quelques mois ont -ils été un handicap pour la jeune chaîne ?
Ils auraient pu l’être mais cela n’a pas été le cas, j’en veux pour preuve les résultats qui ont été soulignés cette année notamment à travers les révolutions du monde arabe. Il ne suffisait pas de lancer une chaîne en arabe, il fallait aussi être au rendez-vous des événements.
Les résultats que nous avons eus en Tunisie, les retours que nous avons en Lybie, dans le monde arabe, montrent que nous avons été au rendez-vous de l’Histoire. Cela s’explique par deux raisons. D’abord parce qu’il fallait lancer une chaîne en arabe mais aussi parce que ceux qui font France 24 ressemblent un peu à ceux qui font la révolution dans le monde. C’est peut- être cet état d’esprit qui nous sauve !
France 24 la chaîne révolutionnaire ?!
France 24 est la chaîne de proximité. Il est bien évident que ce n’est pas seulement France 24, c’est aussi son nom car dans France 24 il y a France et nous avons pu mesurer à travers ces événements, qu’il y avait un désir de France et que tous ceux qui manifestaient prenait la France en exemple sur ses valeurs de démocratie et de liberté.
La chaîne est donc devenue populaire très rapidement ?
La cible stratégique de France 24 ce sont les leaders d’opinion. Le fait de parler plusieurs langues amène de la proximité. Les derniers événements nous ont montré que nous avions dépassé cette cible pour devenir un phénomène populaire dans deux zones stratégiques.
La première c’est l’Afrique Francophone où la chaîne, avec plus de quinze millions de téléspectateurs, est devenue un véritable phénomène. Il suffit de se promener dans la rue en Afrique Francophone pour constater que dans les bars et les pubs c’est France 24 que l’on regarde. La deuxième zone, c’est le Maghreb. Le lancement de la chaîne en arabe a permis un accès plus facile à une frange de la population de quinze ans et plus. Avant les événements nous comptions déjà près de cinq millions de téléspectateurs.
Nous sommes en train de mesurer l’impact des événements sur l’audience. En termes d’impact, il y a un exemple qui est criant : la télévision nationale tunisienne a demandé à France 24 d’être la première chaîne internationale à venir former ses journalistes au lendemain du « printemps arabe ».
Pour quelles raisons ?
Parce que France 24 a été perçue par ces journalistes comme la seule chaîne qui leur a montré les événements qu’ils étaient en train de vivre alors que leur chaîne ne leur montrait pas leur propre révolution. Il était donc important pour le président de la chaîne nationale Tunisienne d’avoir des journalistes de France 24 qui viennent former ses journalistes et donner le signal d’une ouverture sur le monde au lendemain de ce printemps arabe. C’est aussi un signe de notre succès.
Quels sont les rendez-vous les plus populaires de la grille ?
« Les Observateurs ». C’est une émission interactive qui fait participer les blogeurs qui postent leurs images, leur regard sur l’actualité internationale. Cette émission marche très fort parce qu’elle est moderne mais aussi parce que, que l’on soit en Chine, dans les territoires palestiniens, en Afrique, en Amérique, le fait de s’exprimer sur un média français donne une impression de liberté et cela donne toute sa dimension au regard français sur l’actualité internationale. C’est un véritable succès populaire parce que le téléspectateur vient contribuer à l’information sur la scène internationale.
Qu’en est- il de votre développement en Chine et en Asie ?
L’Asie est un continent important mais en même temps très complexe. Il ne nous est pas possible d’être partout. Techniquement nous le sommes par Asiasat mais pour des raisons politiques, il y a des pays où nous n’arrivons pas à avoir des licences de diffusion. Pour des raisons aussi réglementaires très rigides.
Vous évoquiez le cas de la Chine, cela fait cinq ans que nous sommes candidats à une licence de diffusion dans les hôtels et les résidences pour les expatriés, nous n’avons toujours pas eu de réponse positive de la part des autorités. Nous ne sommes donc pas diffusés en Chine. Dans des pays comme le Vietnam, pour obtenir une licence de diffusion il faut répondre à des critères très restrictifs comme le sous-titrage qui est impossible pour une chaîne d’information internationale en direct. Ce sont des pays complexes… Mais il y a d’autres pays !
Nous serons très prochainement à Macao et depuis aujourd’hui nous sommes diffusés en langue anglaise en Corée sur « CJ Hello Vision -TVing ». Avec l’Inde, Hong Kong, la Thailande et maintenant la Corée, nous touchons plus de treize millions de foyers, un peu plus de 15% de pénétration des foyers numériques sur toute la zone Asie. En un an et demi c’est prometteur, nous sommes sur la bonne voie.
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C’est très mauvais à regarder, et très arrogant visiblement : voila une chaine qui est au moins bien française !